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Un homme à la rue, dans un quartier populaire de Caracas. Un homme à la rue, dans un quartier populaire de Caracas. 

Venezuela: une population épuisée par les pénuries

Le quotidien des Vénézuéliens est devenu insoutenable, dans un pays dévasté par une crise économique, politique et sanitaire majeure. L’Église, proche des habitants, apparaît comme le seul repère, témoigne le père Rangel, curé de la paroisse de Salvador à Caracas, qui lance un appel à l’aide.

Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican

Le Pape François a fait part, ce mardi 19 janvier 2021, de sa proximité aux évêques, aux prêtres diocésains et religieux du Venezuela, les encourageant à servir, avec amour, les populations les plus vulnérables. Le Saint-Père s’exprimait dans un message-vidéo diffusé à l’occasion d’une rencontre virtuelle, qui s’achève ce mercredi, promue par la Conférence épiscopale du Venezuela sur le thème “Nos prêtres dans la pandémie: leur expérience et leur exercice ministériel durant cette période”.

Les Vénézuéliens subissent depuis plusieurs années une crise multiforme: politique, économique et sociale, et la pandémie de Covid-19 accentue davantage leur souffrance. L’inflation est galopante, elle a franchi le cap des 4 000%, et les pénuries sont de plus en plus nombreuses notamment en termes de nourriture et de médicaments, comme en témoigne le père Balmiro Rangel, curé de la paroisse de Salvador à Caracas et prêtre de la communauté française de la capitale.

 

Un commerce parallèle

 «Nous n’avons pas de moyens pour combattre la pandémie et personne ne parle de cette situation», déplore-il, soulignant que «tous les médicaments manquent dans le pays», non seulement ceux qui pourraient soulager les malades de coronavirus, mais aussi ceux permettant de traiter de nombreuses pathologies. «Les seuls médicaments disponibles sont au même prix qu’en Europe et sont donc réservés à une minorité».

La situation est tout aussi dramatique au niveau alimentaire, observe le père Rangel. «Les magasins sont fermés et, dans le même temps, certains commerces proposent des produits européens en dollars ou en euro». Ils ne sont donc destinés qu’à une infime partie de la population vénézuélienne que sont «les nouveaux riches». «Nous voyons dans la rue des personnes qui mangent dans les ordures», et il faut parfois se faire violence pour retenir ses larmes, confie le père Rangel, avec beaucoup d’émotion.

L’Église mobilisée pour soutenir une population privée d’avenir

Pour faire face à «ce désastre», l’Église s’est organisée afin de fournir quelques médicaments et de la nourriture aux personnes les plus fragiles. La Caritas est très présente, et «dans les paroisses, un accueil est assuré et des aliments chauds sont proposés». Aujourd’hui, «l’Église catholique est l’unique institution qui tente d’améliorer le sort des Vénézuéliens», affirme le prêtre en charge de la communauté française de Caracas. Dans le marasme politique et économique actuel, elle est aussi «la seule qui soit crédible», et fait figure de «repère» pour la population.

«Il y a toute une génération qui n’a pas connu d’autre situation», et manque cruellement de perspectives, relève le père Rangel. «Les jeunes ne voient pas l’intérêt d’étudier, d’aller à l’université si c’est pour finir vendeur dans la rue ou au marché», indique-t-il, confiant avoir rencontré un médecin chauffeur de bus. «Ne nous laissez pas perdre l’espérance», lance le père Rangel, le regard tourné vers la communauté internationale.

Entretien avec le père Rangel, curé de la paroisse de Salvador à Caracas

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20 janvier 2021, 12:09