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Le cardinal Béchara Raï, patriarche d'Antioche des maronites (archives) Le cardinal Béchara Raï, patriarche d'Antioche des maronites (archives) 

Le cardinal Raï défend le système institutionnel libanais

Alors que le pays du Cèdre se débat avec une crise politico-économique et que plusieurs voix s’élèvent pour remettre en cause la pertinence du système confessionnel libanais, le patriarche d’Antioche des Maronites affirme lui que ce modèle politique est à un patrimoine à protéger.

C’est de manière indirecte et implicite que le cardinal Béchara Raï a choisi de répondre aux déclarations incendiaires du mufti jaafarite Ahmad Kabalan ; il y a quelques jours, ce dernier avait provoqué un tollé en affirmant qu’un changement du système politique libanais était nécessaire pour sortir de la crise qui mine le pays depuis des mois.

«Nous remarquons que certains réclament un changement de système, alors que ce qu'il faut est un changement de comportement et un arrêt des violations de ce système par d'autres qui agissent en parallèle», a rétorqué le patriarche maronite lors de la messe de Pentecôte ce dimanche. «Il faut respecter la Constitution dans ses textes et son esprit et mettre un terme aux allégeances qui lui font du tort», a soutenu le cardinal Raï qui appelle à préserver la beauté de la formule du vivre-ensemble et de l’allégeance à la nation. «C'est alors que le Liban redeviendra un pays exemplaire dans cet Orient. Ne faisons pas assumer au système les conséquences de nos pratiques et de nos erreurs, ni celles de nos violations de la Constitution, du Pacte national, de la formule (libanaise) et des lois. Ne lui faisons surtout pas assumer le prix de nos allégeances aux étrangers», a-t-il asséné.

Pour Ahmad Kabalan, le système politique confessionnel qui régit le pays depuis sa fondation «a prouvé son échec» ; le cheikh a également critiqué les accords de Taëf de 1989 (destinés à mettre fin à la guerre civile initiée en 1975) ainsi que le Pacte national de 1943, alléguant même que le Liban avait été créé «pour servir le colonialisme».

Sans jamais nommer le représentant chiite, le cardinal Raï a pour sa part affirmé que le Liban représentait un «modèle politique qui respecte toutes les communautés de foi, sans imposer une religion d'Etat ou un livre religieux déterminé comme source des lois. Il s'agit d'un modèle singulier, qui doit être protégé de ceux qui, sous prétexte de vouloir en corriger les défauts, visent en réalité à annihiler sa féconde anormalité», a ajouté avec conviction le patriarche.

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01 juin 2020, 15:55