Synode: une attention spéciale aux femmes, aux pauvres et à l'Ukraine

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

18 rapports et 22 interventions individuelles

Hier après-midi, a expliqué Paolo Ruffini, la réunion s'est poursuivie en cercles mineurs qui, dans la soirée, ont «conclu la première partie de leur discussion». La session de ce matin, à laquelle le Pape François était présent, a été divisée en deux parties: la première avec 18 rapports présentés par les "rapporteurs" des différents groupes ; la seconde avec 22 interventions individuelles. Le temps alloué à chacune d'entre elles dans cette phase était de trois minutes, «un peu plus comprimé que dans les modules suivants où la durée de chaque intervention sera de quatre minutes». Un temps de silence et de prière a été respecté après quatre interventions.

Deux discours du Pape remis aux membres du synode

Cet après-midi, les travaux se poursuivent avec la troisième congrégation générale. Chaque membre recevra, souligne Paolo Ruffini, un livre publié par LEV (en italien, mais avec des traductions en anglais et en espagnol), qui rassemble deux discours préfacés par François: l'un du Pape et l'autre du cardinal Bergoglio, sur les thèmes de la sainteté et de la corruption.

Sheila Pires: diversité et volonté de cheminer ensemble

Les différents cercles se retrouvent dans une ambiance «très synodale», a poursuivi Sheila Pires, secrétaire de la Commission pour l'information du synode. «Les gens commencent à se connaître... Nous sommes vraiment en train de marcher ensemble» dans une atmosphère de «joie» même si, bien sûr, «les tensions ne manquent pas». L'aspect le plus intéressant, souligne la jeune Sud-Africaine, est le fait que des personnes de différents continents se retrouvent dans chaque groupe: «Par exemple, dans mon groupe, il y a des gens d'Asie, d'Afrique, d'Amérique du Nord et d'Europe. Il y a de la diversité, il y a un esprit fraternel, il y a un désir de marcher ensemble». 

Inclusion et liens d'amitié

Sheila Pires a également énuméré quelques-uns des thèmes qui ont émergé au cours des deux dernières sessions, soulignant en particulier la réflexion sur «l'Église en tant que famille qui accueille tout le monde», «l'un des thèmes récurrents». Ensuite, l'œcuménisme et le dialogue interreligieux, ainsi que la reconnaissance des jeunes et l'importance de la participation des femmes ont été mentionnés. À cet égard, la Congrégation a été ouverte ce matin par une religieuse, «nous essayons d'être aussi inclusifs que possible», a souligné la jeune femme. Tout fait partie de ce «processus» dans lequel «la priorité est l'écoute», comme l'a dit le Pape à l'ouverture des travaux. Écouter, mais aussi «apprendre à écouter», tels sont les principes directeurs de ces premiers jours du Synode sur la synodalité, entrecoupés de divers moments de prière, des pauses qui aident à la réflexion et au discernement, a affirmé Sheila Pires.

Il s’agit aussi de renforcer les «liens d'amitié», a rappelé Paolo Ruffini. «Des amitiés naissent dans les cercles, nous nous sommes rencontrés et nous nous sommes consacrés à essayer de comprendre ce dont l'Église a besoin». Comme cela a été dit, poursuit le préfet, il y a «certainement des difficultés, et il y en a toujours, mais beaucoup de barrières tomberont parce que le point de référence sera la chair du Christ souffrant».

Profusion de thèmes

Plus en détails encore, le président de la Commission pour l'information du Synode a expliqué que dans un cercle, l'accent a été mis sur «une révision des structures de l'Église, sur le Code de droit canon, la taille de la Curie et, à nouveau, la formation». L'accent est également mis sur la relation Est-Ouest. Saint Jean-Paul II et sa phrase historique sur le fait que l'Église doit respirer avec «deux poumons» a été citée. En ce qui concerne le phénomène des migrations, la nécessité d'accompagner les migrants et le service de l'évêque en tant que pasteur, «fondamental dans cet accompagnement», ont été réitérés. Quant au rôle des femmes, l'importance de promouvoir la figure féminine dans l'Église et sa participation active dans les différents processus a été une fois de plus soulignée. La même préoccupation a été adressée aux jeunes et aux pauvres, pour lesquels il a été demandé de surmonter certaines «lenteurs».

Réparer l'Église

Parmi les différents discours, une citation du crucifix de Saint-Damien, dont une copie se trouve dans l'atrium de la salle Paul VI, a été prononcée. «Le thème de la réparation de l'Église est apparu. Réparer, c'est dire: me voici, je suis au service. Celui qui se met au service répare l'Église, sert le diagnostic et le pronostic et lit les signes des temps avec un cœur pur», a rapporté Paolo Ruffini.

Il a également été souligné «l'importance de nous dépouiller de tout ce qui ne ressemble pas au Christ, en tant qu'Église et en tant que croyants» et de tout ce qui «n'est pas conforme à l'Évangile». Parmi les points critiques, il a été souligné le risque d'une «accumulation de pouvoir au lieu de la nécessité de vivre le service». Les membres du Synode ont reconnu que «la synodalité fait partie de l'ADN de l'Église» et l'ensemble de l'assemblée a adressé une pensée «à ceux qui n'ont pas pu participer au Synode, soit parce qu'ils ont été persécutés, soit à cause de graves crises dans le monde».

Pensées à l'Ukraine

En salle Paul VI, les membres de l’Assemblée ont eu une pensée particulière pour «l'Église qui souffre» en Ukraine. Des applaudissements ont suivi une intervention en ce sens, et ce fut une façon de «se sentir en communion» avec «le peuple en guerre et avec les chrétiens ukrainiens» qui souffrent continuellement. 

A l’occasion d’anniversaires – tout autre sujet – des salves d'applaudissements ont à nouveau retenti dans la salle, elles furent dédiées à sœur Letizia Salazar, qui fête aujourd'hui son anniversaire, et à l'archevêque Charles Scicluna, à l'occasion de l'anniversaire de son ordination épiscopale. Des gestes, là aussi, qui conforte le climat de «familiarité» qui est en train de se créer dans l'assemblée.

L'interview du cardinal Müller

Plusieurs questions ont été posées au préfet au cours du point presse, notamment sur la participation du cardinal Gherard Ludwig Müller, préfet émérite du dicastère pour la Doctrine de la Foi, à une émission de télévision américaine hier pour parler des travaux synodaux. Selon certains journalistes, l'interview était en contradiction avec l'instruction du Pape aux membres du synode d'observer un «jeûne de la parole publique» au cours de ces semaines. Quelqu'un a également demandé si des «punitions» étaient prévues. Paolo Ruffini a répondu sur le ton de la boutade: «Par qui, par moi ?», puis a expliqué qu'il y a «un discernement dans le silence. Il n'y a pas de gendarme qui vous punit... C'est une assemblée de frères et de sœurs qui se sont donné un temps de suspension. Il y a un discernement personnel demandé par le Pape aux membres et aussi à vous pour expliquer ce dont nous parlons». Ce discernement est laissé à chacun, a-t-il conclu.