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Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la Communication du Saint-Siège, président de la Commission d'information du Synode, à la Salle de presse du Saint-Siège, le 5 octobre 2023. Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la Communication du Saint-Siège, président de la Commission d'information du Synode, à la Salle de presse du Saint-Siège, le 5 octobre 2023. 

Synode: l'Église «en pause» pour relever le défi de s'arrêter et s'écouter

La première conférence de presse du président de la Commission pour l'information du Synode, Paolo Ruffini, a eu lieu au lendemain de l’ouverture du synode, jeudi 5 octobre au Vatican. Les 35 cercles mineurs ont démarré dans un climat empreint «de liberté et de partage serein», estime le préfet du dicastère pour la Communication.

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

Les grandes lignes de cette première phase des travaux du Synode (les premiers Cercles mineurs commencent aujourd'hui) ont été données mercredi 4 octobre par le Pape dans son discours à la première Congrégation générale: priorité à l'écoute, «jeûne de la parole publique», connaissance mutuelle, discernement, respect de la confidentialité.

Ainsi, l'Église catholique universelle, pendant ces quatre semaines d'assemblée au Vatican, se met en «pause». Pour le préfet du dicastère pour la Communication, Paolo Ruffini, président de la Commission pour l'information (dont les membres seront élus le 9 octobre), la nouveauté est précisément celle-ci: «La suspension du temps... Un silence qui est assourdissant à sa manière parce qu'il est totalement différent de la routine de la parole habituée au stéréotype de la répartie».

 

Un moment de silence

«La façon dont une institution aussi grande que l'Église s'accorde un moment de silence dans la foi, la communion et la prière est une nouvelle à part entière», a déclaré le préfet italien depuis la Salle de presse du Saint-Siège, poursuivant: «Cela peut également aider le monde sur d'autres fronts: la guerre, la crise climatique... S'arrêter, s'écouter les uns les autres. C'est un défi qui mérite d'être raconté».

Le travail des journalistes

S’adressant ensuite aux journalistes couvrant le Synode, Paolo Ruffini a rappelé l’importance dans leur travail de «faire comprendre que la priorité est l'écoute». «Nous sommes ici pour essayer de vous aider dans ce travail», a-t-il déclaré, annonçant que des conférences de presse avec les membres du synode seraient organisées à la fin de chaque module de l'assemblée.

Un journaliste a ensuite demandé des précisions sur la recommandation du Pape à éviter les paroles «publiques» et sur le règlement (distribué à toutes les personnes présentes dans la salle) qui, comme à chaque Synode, invite les participants "à la discrétion et à la confidentialité" de leurs interventions et de celles des autres, en interdisant tout enregistrement audio et vidéo. «Quand ce jeûne s'arrêtera, aurons-nous un peu de nourriture à la fin de ces trois semaines?», questionne le journaliste.

Pas un synode décisionnel

«En tant que journalistes, il est normal que nous essayions d'imaginer la fin, de n'importe quoi: cela peut être soit le match de football, soit une élection politique, a déclaré Paolo Ruffini, mais nous ne pouvons pas donner de réponse quant à ce que sera la fin parce que nous n'en sommes vraiment qu'au début». Comme l'a toujours dit le Pape François, le synode est un processus, d'autant plus celui sur la synodalité qui se poursuivra jusqu'en 2024.

«Essayons d'avancer pas à pas», a exhorté le président de la Commission pour l'information, essayant de faire comprendre que c'est la méthodologie même du Synode qui exige un cheminement pas à pas: «Ce n'est pas un Synode décisionnel, nous sommes au milieu, donc vous ne pouvez pas demander à cette Assemblée de préfigurer la fin de la prochaine Assemblée. Et même le rapport final qui sera élaboré à la fin des travaux, fin octobre, restituera des convergences et des divergences, mais il ne représentera pas un point d'arrivée». «Il s'agira donc davantage d'un Instrumentum Laboris que du document final des synodes précédents», a souligné Paolo Ruffini.

Le travail des Cercles mineurs

Avec Sheila Pires, secrétaire de la Commission pour l'information et la communication de la Conférence épiscopale d'Afrique du Sud, il a expliqué -à l'aide de diapositives- comment les 35 cercles mineurs, réunis en sections linguistiques respectives, ont été et seront techniquement menés à bien. Pour l'instant, l'accent est mis sur la section A de l'Instrumentum laboris, concernant "les signes caractéristiques d'une Église synodale" et "la conversation dans l'Esprit". Il s'agit encore d'une phase initiale du Synode, de sorte que les questions plus délicates ou épineuses énumérées dans le même document de travail et mentionnées par le Pape lui-même, à commencer par le sacerdoce des femmes, n'ont pas été incluses dans les discussions de cette première journée des Cercles.

Dans les 4 minutes imparties à chaque participant, il s'agissait d'abord de se présenter, puis de partager le chemin parcouru par sa propre Église dans la première phase du parcours synodal (le parcours consultatif), «comment il a commencé, comment il a évolué, les difficultés rencontrées, la relation entre l'Église locale et l'Église universelle». On élisait ensuite un «rapporteur», une personne qui recueillait les différentes expériences et les demandes pour les présenter à l'assemblée, après discussion au sein du cercle. Le rapport rédigé par cette personnalité, élue à la majorité, «dira les convergences, les divergences, les idées qui ont surgi».

Liberté et partage

Par ailleurs, «tout le monde peut prendre la parole en Congrégation générale et envoyer son texte au Secrétariat du Synode», a expliqué le préfet, soulignant qu'"il y a beaucoup de liberté", que le climat est celui d'un "partage serein" et que chacun vit une profonde "expérience spirituelle". Une expérience avant tout de «communion»: «L'important n'est pas ce que dit tel ou tel participant, mais ce que l'Église décide dans son esprit de communion. C'est un processus complexe mais qui permet à chacun de faire valoir son point de vue».

L'étape du discernement

Le Synode est aussi «un corps», a souligné Paolo Ruffini. Et s'il y a des personnes qui se sentent éloignées de lui, comme certaines femmes aux États-Unis qui s'opposent à certaines prises de position du Pape ou d'autres femmes invitées au Synode (le sujet a été abordé lors d'une question-débat par un journaliste américain), il est important de rappeler que nous sommes dans une phase de «discernement»: «Le Synode est un chemin qui a commencé et dont nous sommes plus ou moins à mi-parcours, un parcours, qui reviendra ensuite dans des lieux individuels, dans les pays, les continents et qui reviendra une nouvelle fois à Rome», a déclaré le préfet, ajoutant: «Ou bien nous croyons qu'ils sont là pour cela, ou bien nous n'accordons aucune valeur à l'assemblée qui est appelée à discerner dans son interna corporis».

«Les cercles mineurs, a poursuivi Paolo Ruffini, procèdent au discernement commun avec la participation active de chaque membre, afin de pouvoir ensuite offrir à l'assemblée tous les points de convergence et de divergence, les tensions qui ont émergé et les questions qui restent ouvertes, les idées et les propositions de mesures concrètes à prendre en relation avec les questions abordées. Il ne s'agit donc pas d'une discussion sur les opinions de chaque membre: ce n'est pas un oui ou un non, mais c'est toute l'Église qui écoute et discerne.»

Synode: le briefing du 5 octobre en vidéo

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05 octobre 2023, 16:30