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Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les Relations avec les États et les organisations internationales. Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les Relations avec les États et les organisations internationales.  

Mgr Gallagher: la diplomatie vaticane n'est pas l'action de fonctionnaires

Lors d’un congrès organisé à Rome par l’association de droit pontifical Carità Politica, le secrétaire du Saint-Siège pour les Relations avec les États et les organisations internationales a souligné la valeur de la culture de la rencontre dans l’action des diplomates du Saint-Siège. Pour la promouvoir, ils doivent être «d'infatigables artisans de paix», a recommandé Mgr Gallagher.

Beatrice Guarrera – Cité du Vatican

Développer une «culture de la rencontre», puisque la diplomatie porte en elle l'effort de la rencontre: la conférence, organisée le 19 juin au palais San Callisto de Rome, -propriété extraterritoriale du Saint-Siège située dans le Trastevere-, par l'association internationale pontificale Carità politica, est partie de cette exigence fondamentale. La diplomatie est en effet un «véhicule de dialogue, de coopération et de réconciliation» en lieu et place des revendications et des oppositions fratricides. Elle est en mesure de remplacer l'usage de la force, selon Carità politica.

Il en a été question lors de cette conférence intitulée «La diplomatie du Saint-Siège et la culture de la rencontre», coordonnée par Alfredo Luciani, président de Carità politica, à laquelle ont participé Mgr Paul Richard Gallagher, mais aussi Mahmoud Talaat, ambassadeur d’Égypte près le Saint-Siège, et Marcus Bergmann, ambassadeur d'Autriche près le Saint-Siège. Carità politica, fondée il y a 30 ans comme mouvement de laïcs, organise régulièrement des colloques et séminaires sur la diplomatie vaticane.

La diplomatie pontificale nourrie par la Bible

«La culture de la rencontre sous-tend la vocation missionnaire que les représentants pontificaux, avec leurs collaborateurs, vivent dans leur ministère dans les différents pays du monde», a affirmé Mgr Gallagher, mettant en exergue quelques épisodes bibliques à partir desquels il est possible de réfléchir à la diplomatie pontificale: de la rencontre entre Abraham et le prêtre Melchisédech (Genèse, 14,17-20) -exemple éloquent de l'amitié entre les peuples depuis l'Antiquité- à celle entre le prophète Élisée et Naaman, le chef de l'armée du roi d'Aram (2 Rois, 5) et entre Darius, roi des Perses, et le prophète Daniel, jeté dans la fosse aux lions pour avoir transgressé le décret interdisant d'adresser des supplications à une divinité autre que le monarque perse lui-même (Daniel, 6).

 

Les évangiles relatent eux plusieurs rencontres avec des étrangers, dont Jésus est le protagoniste: la guérison du serviteur du centurion romain (Matthieu, 8.5-13) et de la fille d'une femme syro-phénicienne dans la région de Tyr et Sidon (Marc, 7.24-30), la parabole du bon Samaritain (Luc, 10.25-37), l'entretien au puits avec une Samaritaine (Jean, 4.1-42) et le dialogue avec Ponce Pilate (Jean, 18.33-40).

Les diplomates du Saint-Siège sont des pasteurs

Les rencontres de Jésus ont toujours un caractère personnel, a précisé Mgr Gallagher, poursuivant: «Il doit en être de même pour les rencontres des diplomates du Saint-Siège qui ne sont pas des fonctionnaires mais des pasteurs et qui, en tant qu'archevêques et prêtres, parlent au cœur des personnes qu'ils reçoivent». Le livre biblique qui exprime le mieux la culture de la rencontre est le livre des Actes des Apôtres, où l'on trouve le récit de la Pentecôte, «sur lequel se fonde la certitude chrétienne que les êtres humains peuvent se comprendre et s'unir» dans une communauté fraternelle et solidaire.

La culture de la rencontre se retrouve également dans les écrits pauliniens et dans le livre de l'Apocalypse, qui raconte la rencontre ultime de l'humanité avec le divin et nous rappelle l'importance du témoignage. «Pour promouvoir la culture de la rencontre, en effet, le diplomate du Saint-Siège doit aussi être un authentique témoin de l'Évangile, un infatigable artisan de paix et un apôtre passionné de la réconciliation», a ajouté le diplomate britannique.

Carità politica créé un pôle des religions

Cette conférence a été l'occasion de lancer, en vue du Jubilé de 2025, la constitution d’un «pôle des religions» à Rome, «outil pour grandir vers une foi de plus en plus mûre et consciente». À l'origine de cette initiative de l’association, il y a la prise de conscience de l'importance du dialogue entre les cultures et entre les religions, mais aussi la présence croissante à Rome de membres des grandes religions du monde, dans une ville appelée «à être le point de départ de la culture de la rencontre».

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21 juin 2023, 09:12