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2023.04.24 Mgr Paul Richard Gallagher à Vaduz, lors de la conférence "Diplomatie et Evangile" 2023.04.24 Mgr Paul Richard Gallagher à Vaduz, lors de la conférence "Diplomatie et Evangile" 

Diplomatie et réconciliation pour mettre fin à la guerre

En visite au Liechtenstein, Mgr Gallagher a illustré, lors de la conférence "Diplomatie et Évangile" lundi 24 avril, l'action du Saint-Siège dans la médiation des conflits: une diplomatie de la réconciliation par opposition à la diplomatie des revendications partisanes. Le Secrétaire pour les relations avec les États et les organisations internationales invite la communauté internationale à retrouver "l'esprit d'Helsinki".

Antonella Palermo – Cité du Vatican

Nous sommes tous assoiffés de paix et cette paix ne peut être atteinte que si nous marchons sur les chemins de la réconciliation. C'est ce qu'a déclaré Mgr Paul Richard Gallagher, Secrétaire pour les relations avec les États et les organisations internationales, dans son discours prononcé au Liechtenstein, lundi 24 avril, lors de la conférence "Diplomatie et Evangile", à l'hôtel de ville de la capitale Vaduz. 

La menace de la guerre en Europe, rien n'est acquis

Dans sa vaste contribution, Mgr Gallagher parle d'une diplomatie pontificale inspirée par l'Évangile et donc toujours en faveur de la paix et de la dignité humaine, avec la miséricorde comme fil rouge. Les préoccupations liées à la guerre en Ukraine sont inévitablement rappelées à plusieurs reprises dans ses propos: «Maintenant que l'Europe ressent plus que jamais la menace qui pèse sur la paix, blessée par la tragique guerre d'agression de la Russie contre la terre ukrainienne martyrisée, rien ne peut plus être considéré comme acquis», observe le prélat. Il se réfère à l'enseignement constant de l'Évangile qui éduque comme nul autre, à l'art d'aller vers la paix, de «sortir», pour ainsi dire, les personnes, les nations, les peuples de la spirale de la guerre, de la rancœur et de la haine, pour les amener sur le chemin du dialogue et de la recherche du bien commun.

L'espoir d'une médiation de paix entre la Russie et l'Ukraine n'est toujours pas présent

Le représentant du Vatican insiste sur le fait que «la diplomatie pontificale n'a pas d'intérêts de pouvoir: ni politiques, ni économiques, ni idéologiques». Car, précise-t-il, il ne s'agit pas d'une diplomatie comme celle des États, qui se préoccupe de ses propres intérêts; elle se soucie, au contraire, de promouvoir le bien commun. Le Saint-Siège peut donc représenter «avec une plus grande liberté à chacun les raisons des autres et dénoncer à chacun les risques qu'une vision autoréférentielle peut entraîner pour tous». En vertu de cela, d'ailleurs, dans la situation d'urgence de la pandémie ou du conflit en Ukraine, le Pape François est considéré plus que jamais par les grands de ce monde comme une autorité morale et un point de référence notable, au point qu'ils invoquent son intervention et sa médiation: en fait, ils reconnaissent sa vocation de pontife, comme un pont, pour franchir des barrières autrement infranchissables. Malheureusement, observe Mgr Gallagher, malgré tous les efforts du Saint-Père et du Saint-Siège, aucune lueur d'espoir utile n'est encore apparue pour faciliter une médiation de paix entre la Russie et l'Ukraine. 

La diplomatie pontificale et le respect des droits de l'homme

Face à une typologie variée de guerres (guerres directes – comme celle de l'Ukraine –, guerres par procuration, guerres civiles, guerres hybrides, guerres seulement gelées et reportées, qui deviennent bientôt des conflits transnationaux), Mgr Gallagher précise les raisons de ce qui apparaît comme des échecs de l'activité diplomatique. Parfois, explique-t-il, la situation géopolitique est tellement différenciée et polarisée, remplie de l'éclatement de tous les liens, que tout réajustement devient extrêmement difficile. N'oublions pas que ce sont souvent les flux d'argent et d'armes qui entretiennent et alimentent les conflits. Comment est-il possible, demande-t-il, d'appeler à un comportement correct si les parties en conflit continuent d'être approvisionnées en armes? À cet égard, «le Saint-Siège soutient une diplomatie qui doit redécouvrir son rôle de porteuse de solidarité entre les personnes et les peuples comme alternative aux armes, à la violence et à la terreur. Une diplomatie qui devient porteuse de dialogue, de coopération et de réconciliation, qui se substituent aux revendications mutuelles, aux oppositions fratricides, à l'idée de percevoir l'autre comme un ennemi ou de le rejeter totalement».

Revenir aux fondamentaux de la Déclaration universelle d'il y a 75 ans

Le défi, dit le prélat, est toujours de contribuer à une meilleure compréhension mutuelle entre ceux qui risquent de se présenter comme deux pôles opposés. Et, ajoute-t-il, l'université est un lieu privilégié pour développer une culture de la paix. À quelques mois du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme (10 décembre), Mgr Gallagher rappelle que l'Église est à l'avant-garde des efforts déployés non seulement pour le respect des droits de l'homme «politiques et civils», mais aussi des droits «économiques, sociaux et culturels» qui sont simultanément affirmés dans la Déclaration universelle susmentionnée. Dans un monde où les violations des droits de l'homme sont souvent persistantes et graves, l'Église appelle à la reconnaissance de l'interdépendance des peuples comme condition préalable à un esprit de fraternité. S'il était pleinement réalisé, le patrimoine des droits de l'homme, que la communauté internationale a solennellement proclamé il y a 75 ans comme fondement d'un ordre nouveau au lendemain des horreurs de la guerre, pourrait également être un point de référence pour la communauté internationale d'aujourd'hui. 

L'ONU doit être réformée et plus représentative

Au lieu de cela, Mgr Gallagher souligne que la crise de la guerre en Ukraine a marqué «une crise profonde du système multilatéral et des grandes organisations, en particulier des Nations Unies». Et il espère: «Comme il est nécessaire de réformer le fonctionnement de cette organisation, d'une manière plus représentative, qui prenne en compte les besoins de tous les peuples! Pour cela, exhorte-t-il, nous avons besoin du soutien de toute la communauté internationale et de la récupération de "l'esprit d'Helsinki"».

Au nom de la miséricorde, mettez fin à la guerre en Ukraine

Le Secrétaire pour les relations avec les États n'omet pas de mentionner également le risque pour l'Europe de «devenir de plus en plus un corps – peut-être même apparemment bien organisé et très fonctionnel – mais sans âme; ce qui est en profond contraste avec la véritable identité de l'Europe, qui est riche d'histoire, de tradition et d'humanité». Il s'agit du respect de la dignité des personnes. Enfin, Mgr Gallagher insiste sur le fait que la responsabilité politique doit être vécue «sous le signe de la miséricorde, comme une forme élevée de charité». À cet égard, il souligne que «nous ne pouvons pas nous résigner à ce que la guerre en Ukraine se poursuive longtemps avec des conséquences tragiques et inimaginables». Pour le prélat, «même si, pour le moment, il ne semble pas y avoir d'ouverture pour d'éventuelles négociations, nous ne devons jamais perdre espoir et, en particulier les croyants en Christ, nous devons maintenir vivant l'idéal de paix et la confiance en Dieu pour que cette guerre prenne fin, même si ce n'est pas la fin imaginée par le président Zelensky ou le président Poutine. Nous voulons tous une paix juste, mais une paix doit venir, et pour cela, si nécessaire, nous devons aussi commencer à "penser l'impensable"». Et d’ajouter que le souhait est celui «d'une paix concrète, muable et évolutive, pour qu'elle soit le maillon d'un nouveau processus vertueux entre les parties en conflit et non une simple répartition des gagnants et des perdants».

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25 avril 2023, 09:32