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Le cardinal Wilton Gregory lors de la cérémonie du Consistoire, samedi 28 novembre 2020 Le cardinal Wilton Gregory lors de la cérémonie du Consistoire, samedi 28 novembre 2020 

Le cardinal Gregory inspiré par «la créativité et par le zèle» de ses fidèles

L’archevêque de Washington a fait ce samedi son entrée au Sacré-Collège. Le Pape François lui a remis sa barrette pourpre. Qu’est-ce que cela va changer dans son quotidien, d’où puise-t-il la force de conduire son diocèse, touché par le scandale McCarrick? Le cardinal Wilton Gregogy nous répond.

Entretien réalisé par sœur Bernadette Reis – Cité du Vatican

Son entrée au collège cardinalice donne une nouvelle visibilité au premier Afro-Américain créé cardinal ce samedi par le Pape François. Il est revanche bien connu aux Etats-Unis où il est évêque depuis près de quarante ans.

Enfant de l’Illinois, né en 1947 à Chicago dans une famille protestante, converti très jeune au catholicisme, il se sent appelé à devenir prêtre. Il est ordonné à 26 ans pour l'archidiocèse de Chicago dont il sera l’évêque auxiliaire pendant près de dix ans, avant d’être nommé évêque de Belleville en 1994. De 2001 à 2004, à la tête de la conférence épiscopale américaine, il fera la choix de la fermeté face aux scandales liés aux abus sur mineur. On le connait pour son engagement en faveur d’une tolérance zéro et de son attention portée aux victimes.

Il quitte l’Illinois en 2004, nommé par saint Jean-Paul II dans le diocèse d’Atlanta. Il a rejoint les fidèles de Washington l’an dernier. Il a donc été créé cardinal par le Pape François ce samedi, devenant l'un des neuf nouveaux cardinaux électeurs du collège des cardinaux.

Vous êtes désormais membre du collège cardinalice. Vous aurez la responsabilité de conseiller le Pape et éventuellement de participer à un conclave. Qu’est-ce que cela va changer à votre ministère d’archevêque à Washington ?

Il me semble que mon ministère à Washington ne sera pas directement touché. J'espère que mon appartenance au collège des cardinaux renforcera l'affection et la dévotion des habitants de l'archidiocèse de Washington pour le Pape François et son ministère pétrinien. Mais concernant les activités quotidiennes de ma vie en tant qu'archevêque de Washington, je n'envisage pas de les changer à ce point. Je continuerai à visiter les paroisses, à avoir des réunions, à travailler au centre pastoral de l'archidiocèse, à avoir des conversations avec tous les organes consultatifs de l'archidiocèse. Ainsi, tout en étant membre du collège cardinalice, je serai l'archevêque de Washington, engagé dans mon service pastoral.

Le rapport McCarrick a été publié peu après votre nomination par le éape au collège des cardinaux, ce qui constitue un acte de confiance de sa part puisque, malheureusement, McCarrick était votre prédécesseur. Dans votre déclaration, après avoir lu le rapport, vous avez dit que chaque prêtre, lors de son ordination, «a promis à notre Père céleste qu'il ferait toujours passer son précieux peuple en premier». Pouvez-vous nous dire comment vous envisagez de conduire l'archidiocèse de Washington et votre propre engagement, compte-tenu de cette définition que vous donné du prêtre ?

Vous savez, dans cette réponse à la publication du rapport McCarrick, je voulais rappeler au peuple, à mes prêtres et surtout à moi-même, que la relation qui m'a été confiée avec le troupeau des fidèles doit être ma première responsabilité en tant que prêtre, en tant que ministre ordonné. Je dois les protéger, les soigner, les rendre plus forts et les exhorter à continuer à vivre et à pratiquer leur foi. Je dois les inviter à s’engager de manière pérenne dans des actions de charité ou sociales, ce que fait depuis longtemps et merveilleusement bien l'archidiocèse de Washington. Cette déclaration était donc une promesse, mais c'est aussi un rappel pour moi. Je n'écrivais pas seulement sur les prêtres en général. J'écrivais aussi sur le prêtre qu'est Wilton Gregory.

Vers qui vous tournez-vous pour trouver l’inspiration afin d’accomplir votre ministère comme pasteur et responsable de l’Église catholique ?

Eh bien, j’ai un directeur spirituel que je devrais voir encore plus souvent, mais il est évident que ces dernières semaines n'ont pas été un "temps ordinaire" pour moi. Je me tourne aussi vers mes frères prêtres et évêques. J'ai été très inspiré par le niveau de dévotion, la bonté et le zèle authentiques de nos prêtres et diacres. J’ai découvert des hommes d'une grande intégrité et d'un grand dévouement à la mission de l'Église. Ils m'inspirent, vous savez, surtout pendant ces mois où nous avons été enfermés et vivons avec les restrictions dues à la pandémie de Covid-19. Les prêtres, les diacres et les religieux de l'archidiocèse qui partagent avec moi le soin pastoral de notre peuple, m'ont inspiré par leur créativité. Ils ont essayé des choses, ils ont poussé leur peuple à s’engager. Parfois, ils ont reconnu que… Enfin vous savez, cette période est très éprouvante pour eux. Aucun d'entre nous, évêques, prêtres, diacres, n'a jamais eu à être ministre dans de telles circonstances auparavant. Nous n'avons pas de guide pour nous dire comment procéder. Mais les prêtres et les diacres, les religieuses, les ministres laïcs, les gens du Centre pastoral ont fait preuve d'une grande créativité pour essayer de remplir au mieux leurs responsabilités envers l'église locale dans les circonstances que nous vivons tous.

D’ordinaire, lorsque quelqu'un répond à cette question, il parle de ses héros, et ce que j'entends, c'est que vos héros sont les membres mêmes du peuple de Dieu que vous servez?

C'est tout à fait exact. Ce sont les gens qui m'animent, qui me donnent le "coup de pouce" qui me fait me lever le matin et m'occuper de mon travail avec beaucoup d'enthousiasme, de zèle et d'espoir.

 

 

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28 novembre 2020, 16:04