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Bahreïn: François appelle à agir en faveur du «droit à la vie» et de la paix

Peu après son arrivée à Bahreïn, le Pape François s’est exprimé devant les autorités – dont le roi -, les représentants de la société civile et le corps diplomatique. Venu comme «pèlerin de paix», le Saint-Père a dressé un panorama des points forts et des défis de ce petit État du Golfe, qui résonnent avec l’actualité mondiale.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

C’est depuis la résidence du roi du Bahreïn Hamad Al Khalifa, le Sakhir Royal Palace, que le Pape François a prononcé le premier des six discours de son 39e voyage apostolique.

Premier Souverain pontife à visiter le Bahreïn, il a filé la métaphore de l’«arbre de vie», un acacia «emblème de vitalité» qui caractérise le pays.

Distribuer «l’eau de la fraternité»

Les racines de cet arbre, a expliqué le Pape, signifient l’attachement du Royaume du Bahreïn à son passé. Le pays du Golfe est devenu un «carrefour d’enrichissement mutuel entre les peuples», un «lieu de rencontre entre des populations différentes», une «originale mosaïque de vie», a salué le Saint-Père.  

L’État insulaire témoigne d’une «variété ethnique et culturelle, dans la coexistence pacifique et dans le traditionnel sens de l’accueil de la population. Une diversité non uniformisée, mais inclusive», a aussi reconnu François.

Un témoignage important à l’heure «où le repli exclusif sur soi-même et sur ses propres intérêts empêche de saisir l’importance indispensable de l’ensemble. En revanche, les nombreux groupes nationaux, ethniques et religieux qui coexistent ici témoignent que l’on peut et doit cohabiter dans notre monde», a expliqué le Pape, dénonçant ensuite «des populismes, des extrémismes et des impérialismes qui mettent en danger la sécurité de tous» à grande échelle.

Le Saint-Père a lancé un appel pour que «dans les déserts arides de la coexistence humaine» soit distribuée «l’eau de la fraternité: ne laissons pas s’évaporer la possibilité de la rencontre entre les civilisations, les religions et les cultures, ne permettons pas que les racines de l’humain se dessèchent! Travaillons ensemble, travaillons pour tout, pour l’espérance!», a-t-il demandé.


Protéger aussi «ceux qui sont punis»

François, venu à Bahreïn «comme semeur de paix, pour vivre des jours de rencontre», s’est réjoui que «ces jours marquent une étape précieuse sur le chemin d’amitié qui s’est intensifié ces dernières années avec différents chefs religieux islamiques: un chemin fraternel qui, sous le regard du Ciel, veut favoriser la paix sur la Terre».

Le Pape, qui participera à un Forum de dialogue entre l’Orient et l’Occident pour la coexistence humaine pacifique, a encouragé ses hôtes «afin que la liberté religieuse soit totale et non limitée à la liberté de culte ; afin que l’égale dignité et l’égalité des chances soient concrètement reconnues à chaque groupe et à chaque personne ; afin qu’il n’y ait pas de discrimination et que les droits humains fondamentaux ne soient pas violés, mais promus». Et François d’insister sur le «droit à la vie» et «la nécessité de toujours le garantir, même envers ceux qui sont punis, dont l'existence ne peut être éliminée». Une référence implicite à la peine de mort toujours en vigueur dans ce pays moyen-oriental.

Garantir des conditions de travail respectueuses

Le Successeur de Pierre a ensuite évoqué le taux d’immigration élevé du Bahreïn, où «environ la moitié de la population résidente est étrangère et travaille d’une manière visible pour le développement d’un pays dans lequel, bien qu’ayant quitté sa patrie, elle se sent chez elle», a-t-il estimé.

Mais le Pape a également rappelé «l’urgence de la crise mondiale du travail», faite de «manque de travail» et de «trop de travail déshumanisant : cela comporte non seulement de graves risques d’instabilité sociale, mais représente aussi une atteinte à la dignité humaine», a-t-il averti. Quand ce «n’est plus l’homme qui, de fin sacrée et inviolable du travail, est au centre, il est réduit à un moyen pour produire de l’argent. Que soient donc partout garanties des conditions de travail sûres et dignes de l’homme», a imploré François.

Bahreïn peut être un «phare dans la promotion dans toute la région des droits et des conditions équitables et meilleures pour les travailleurs, les femmes et les jeunes, en garantissant en même temps respect et attention à ceux qui se sentent les plus en marge de la société, comme les émigrés et les détenus», a-t-il souhaité. Le «développement vrai, humain, intégral se mesure avant tout à l’attention qui leur est portée».


Encouragements au peuple yéménite

François a enfin parlé de deux défis auxquels fait penser l’arbre de vie. D’une part celui de la protection de l’environnement – «Que la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27), qui aura lieu en Égypte dans quelques jours, soit une avancée dans ce sens !», a déclaré le Saint-Père.

D’autre part, la protection de la vie. Le Successeur de Pierre s’est à cet égard désolé de «la réalité monstrueuse et insensée de la guerre, qui sème partout la destruction et arrache l’espérance». «Dans la guerre surgit le pire côté de l’homme : égoïsme, violence et mensonge. Oui, parce que la guerre, toute guerre, représente aussi la mort de la vérité». François a appelé à rejeter «la logique des armes», «en transformant les dépenses militaires massives en investissements pour lutter contre la faim, le manque de soins de santé et d’éducation».

Il a eu une pensée «spéciale et sincère» pour le Yémen, «martyrisé par une guerre oubliée qui, comme toute guerre, ne conduit à aucune victoire, mais seulement à de cuisantes défaites pour tous. Je porte dans la prière surtout les civils, les enfants, les personnes âgées, les malades et j’implore : faisons taire les armes (…), engageons-nous partout et vraiment pour la paix !», a insisté le Pape.

Devant le roi du Bahreïn, la famille royale et les autorités du pays, il a redit être venu «en croyant, en chrétien, en homme et pèlerin de paix, car aujourd’hui comme jamais nous sommes appelés, partout, à nous engager sérieusement pour la paix».

Et la Déclaration du Royaume de Bahreïn est une référence en la matière, a-t-il conclu, puisqu’elle reconnaît «que la foi religieuse est ‘une bénédiction pour tout le genre humain’, le fondement ‘pour la paix dans le monde’».  

Après cette première rencontre, il est prévu que le Pape rejoigne la ‘Résidence papale’, à 500 mètres du Palais royal, dans le complexe d’Al-Sakhir, où il dînera en privé à 19h10 (17h10 heure de Rome).


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03 novembre 2022, 16:31