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Le Pape François salue Margaret Karram (au centre) et Maria Voce (à droite), lors de l'audience avec les Focolari, le 6 février 2021 au Vatican. Le Pape François salue Margaret Karram (au centre) et Maria Voce (à droite), lors de l'audience avec les Focolari, le 6 février 2021 au Vatican.  

Le Pape François rencontre le mouvement des Focolari

Le Saint-Père a rencontré ce samedi 6 février les participants à l’assemblée générale des Focolari, qui vient d’élire sa nouvelle présidente, Margaret Karram. Il a offert à ce mouvement ecclésial fondé en 1943 quelques points de réflexion pour une croissance harmonieuse, à envisager sans autoréférentialité et dans un esprit synodal.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Dans la vaste salle Paul VI, 150 membres du mouvement des Focolari étaient présents en fin de matinée pour rencontrer le Saint-Père, dont la présidente sortante Maria Voce, et la nouvelle présidente élue pour six ans dimanche dernier, Margaret Karram. Toutes deux ont prononcé quelques mots destinés au Souverain Pontife avant que celui-ci ne prenne à son tour la parole. Il faut «porter dans le cœur la Terre Sainte, toujours» a déclaré François en s’adressant à Margaret Karram, native d’Haïfa, en Israël.

Avancer avec créativité

Le Pape a ensuite articulé son discours en trois points: «l’après-fondatrice; l’importance des crises; vivre la spiritualité avec cohérence et réalisme».

Douze ans après la mort de leur fondatrice, la servante de Dieu Chiara Lubich, le mouvement des Focolari doit faire face au défi de la baisse du nombre de ses effectifs, et à celui de maintenir vivant le charisme initial. Cela demande «une fidélité dynamique, capable d’interpréter les signes et les besoins des temps», a souligné le Pape. «Chaque charisme est créatif, ce n’est pas une statue de musée». Quelques ingrédients sont indispensables pour vivre ce passage: «créativité, sagesse, sensibilité envers tous et fidélité à  l’Église». «Votre spiritualité, caractérisée par le dialogue et l’ouverture aux différents contextes culturels, sociaux et religieux, peut certainement favoriser ce processus», a ajouté François.

Ne pas «se regarder dans le miroir»

Les Focolari ont été mis en garde contre toute forme d’autoréférentialité, «qui ne vient jamais d’un bon esprit». «C’est toujours un péché, c’est une tentation de se regarder dans le miroir», a lancé François. Il faut éviter ce repli sur soi «qui porte à défendre toujours l’institution au détriment des personnes, et qui peut porter aussi à justifier ou à couvrir des formes d’abus». «Avec tant de douleur nous l’avons vécu, nous l’avons découvert ces derniers années», a reconnu le Successeur de Pierre.

Le Saint-Père a alors exhorté à affronter avec «vérité les problèmes, en suivant toujours les indications de l’Église, qui est une Mère, et en répondant aux exigences de la justice et de la charité». «L’autocélébration ne rend pas un bon service au charisme», a-t-il rappelé, invitant les Focolari à vivre leur idéal dans un esprit marial, «avec foi, humilité et courage».


Conseils pour traverser la crise

Dans un second temps, le Pape François a souligné que chaque crise est «une opportunité pour grandir, (…), un appel à une nouvelle maturité». «Les crises sont une bénédiction, (…) y compris dans la vie des institutions». Il s’agit d’y répondre «sans se décourager devant la  complexité humaine et ses contradictions», et en faisant preuve de résilience. Le Souverain Pontife a bien fait la distinction entre les «crises communautaires et organisationnelles» que doivent résoudre d’une manière constructive des personnes endossant une responsabilité, et les «crises spirituelles des personnes», auxquelles doivent faire face prudemment «ceux qui n’ont pas de charge de gouvernement». Rappelant donc la distinction entre for externe et for interne, le Pape a estimé qu’il s’agit d’une «bonne règle de l’Église depuis toujours», qui vaut en général pour tout chemin spirituel. La confusion entre deux niveaux, celui du gouvernement et celui de  la conscience, «donne lieu à des abus de pouvoir et aux autres abus dont nous avons été témoins, lorsqu’a été découverte la marmite de ces graves problèmes», a-t-il ajouté.

Le sourire et la main tendue

Le Saint-Père a enfin invité ses hôtes à vivre leur spiritualité, fondée sur l’unité, «avec cohérence et réalisme», tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du mouvement des Focolari.

À l’extérieur, cela consiste à faire le choix de la fraternité, en dépassant toutes les barrières qui séparent les hommes. «N’oubliez pas que (…) la proximité a été le langage le plus authentique de Dieu», a insisté François. À l’intérieur, cela revient à s’engager sur le chemin de la synodalité, pour que tous les membres «soit corresponsables et participants» du même charisme. Il s’agit de «mettre au service des autres ses propres dons, ses propres opinions, dans la vérité et la liberté».

En conclusion de son discours, le Souverain Pontife a invité les membres des Focolari, qui sont actuellement plus de deux millions dans 12 pays, a continuer de suivre l’exemple de leur fondatrice Chiara Lubich, «à l’écoute d’abandon du Christ en croix», et par «un joyeux témoignage», en gardant toujours le sourire. Et le Pape de conclure par cette petite histoire qu’on lui avait un jour racontée: «Il y a quatre choses que Dieu ne pas connaître (…). Ce que pensent les jésuites, combien d’argent ont les salésiens, combien y a-t-il de congrégations de sœurs, et de quoi sourient les membres des Focolari».  

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06 février 2021, 14:57