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Le Pape aux Congolais: le consumérisme est ferment de violence

En ce premier dimanche de l’Avent, le Pape a présidé une messe en rite zaïrois pour fêter avec la communauté catholique congolaise d’Italie ses 25 ans de présence dans la péninsule européenne. Ce fut un grand moment de joie, avec des youyous et des chants en tshiluba dans la basilique Saint-Pierre. Les violences en cours dans l’est de la RDC n’ont cependant pas été omises. Le Pape a dénoncé le consumérisme qui anesthésie les coeurs.

Marie Duhamel - Cité du Vatican

Le Pape et les 1 500 Congolais présents dans la basilique vaticane ont prié pour la paix «gravement menacée» en particulier dans les territoires de Beni et de Minembwe. Des conflits y font rage, «alimentés même de l’extérieur, dit François, dans le silence complice de beaucoup».

En ce 1er décembre, fête de la bienheureuse Marie-Clémentine Anuarite Nengapeta, le Pape a demandé l’intercession de cette vierge et martyre congolaise qui pardonna à son bourreau à l’heure de sa mort, pour qu’«au nom de Dieu-Amour et avec l'aide des populations voisines, l’on renonce aux armes, pour un avenir qui ne soit plus les uns contre les autres, mais les uns avec les autres, et que l’on se convertisse pour passer d'une économie au service de la guerre à une économie au service de la paix».

Dans son homélie, le Pape a invité les Congolais à ouvrir leurs cœurs au Seigneur qui vient, comme le rappelle le temps de l’Avent qui commence ce dimanche. Sa venue est la «racine de notre espérance, la certitude que parmi les tribulations du monde vient à nous la consolation de Dieu», a rappelé François qui demande également que chacun ouvre son cœur à ses frères et sœurs, car «la prière et la charité ne sont pas du temps perdu, mais les plus grands trésors».

Vive dénonciation du consumérisme

Ce matin, le Pape a mis en garde contre ceux qui réduisent leur vie à leurs propres besoins, se contentant d’«une vie plate, horizontale, sans élan». Dans cette homélie, François dénonce avec force le consumérisme, «un virus qui affecte la foi à sa racine,  faisant croire que la vie ne dépend que des biens possédés, oubliant Dieu qui vient et son prochain. Le frère qui tape à la porte dérange». Le Pape rappelle que dans l’Évangile, lorsque Jésus signale les dangers de la foi, il ne se soucie ni des puissants ennemis, ni des hostilités et des persécutions: « tout cela est et sera, mais cela n'affaiblit pas la foi. Le vrai danger, par contre, c'est ce qui anesthésie le cœur: c’est dépendre de la consommation, se laisser alourdir et dissiper le cœur par les besoins (cf. Lc 21, 34)».

Le Pape souligne combien aujourd’hui les maisons se remplissent d’objets, mais se vident d’enfants. Il se désole de cet «hiver démographique», signe selon lui de vies où les biens prédominent sur l’envie de faire le bien. Alors, «on vit de choses et on ne sait plus pourquoi». Le Pape met en garde contre une spirale dangereuse: «quand on vit pour les choses, les choses ne suffisent jamais, la cupidité grandit et les autres deviennent des obstacles dans la course et ainsi on finit par se sentir menacé, toujours insatisfait et en colère. On élève le niveau de haine.»

Le consumérisme et la cupidité alimentent la violence, et «alors que le monde est plein d'armes qui causent des morts, nous ne réalisons pas que nous continuons à armer le cœur de colère.» Le Pape souhaite que la venue du Seigneur réveille les fidèles et désarme leurs cœurs.

En ce premier dimanche de l’Avent, «Dieu vient et il illuminera même les ténèbres les plus épaisses, affirme François, mais aujourd’hui c’est à nous d’être vigilants». Le Pape demande aux fidèles d'être des «sentinelles»: vaincre la tentation qui consiste à penser «que le sens de la vie est d'accumuler, le sens de la vie n’est pas d’accumuler, et nous devons démasquer la méprise selon laquelle on est heureux si on a beaucoup de choses, résister aux lumières éblouissantes de la consommation, qui brilleront partout ce mois-ci».

Violences dans l'est de la RDC

D'origine ougandaise, les Forces démocratiques alliés (ADF) sont accusées d'avoir tué dans la région de Beni plus de 100 personnes depuis le 5 novembre, et plus de 1.000 depuis 2014. Ce samedi à Beni, deux personnes ont été lynchées par la foule qui les accusait d'être des membres de ce groupe armé. L'armée congolaise affirme qu'il s'agit d'un sergent et de son épouse. La population s'en prend aux militaires congolais ou de la Monusco. Lundi dernier, des émeutes ont visé les casques bleus, accusés de ne rien faire face aux massacres. C'est dans ce contexte explosif, que le secrétaire général adjoint des Nations unies, Jean-Pierre Lacroix, a fait une visite-éclair dans la ville de Beni hier.

Messe présidée par le Pape pour la communauté congolaise d'Italie

 

 

 

 

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01 décembre 2019, 11:30