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A Rafah, les Palestiniens font la file pour recevoir de la nourriture, le 17 janvier 2024. A Rafah, les Palestiniens font la file pour recevoir de la nourriture, le 17 janvier 2024.  

A Gaza, 70% des morts sont des femmes et des enfants selon l'OMS

Près de 100 jours après le début de la guerre Israël – Hamas, les agences internationales d'aide humanitaire des Nations unies ont lancé nouvel un appel en faveur d'un meilleur accès à Gaza afin d'apporter à la population la nourriture et les médicaments dont elle a désespérément besoin. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les femmes et les enfants constituent la majorité des victimes des bombardements israéliens.

Thaddeus Jones – Cité du Vatican

Selon les agences des Nations unies, les 335 000 enfants de la bande de Gaza âgés de moins de 5 ans sont les plus exposés au risque de malnutrition mortelle, étant donné la destruction généralisée des infrastructures et l'incapacité actuelle de cultivation de fruits ou légumes, ce qui crée une dépendance totale à l'égard de l'aide extérieure.

Lundi 15 janvier, les agences de l'ONU ont réitéré leur appel à «un cessez-le-feu humanitaire afin de permettre le déploiement d'une opération humanitaire massive et multi-agences d'une importance vitale».

Tarik Jašarević, porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) revient sur besoins urgents à Gaza.

Quelle est la situation humanitaire à Gaza actuellement?

La situation est catastrophique pour la population de Gaza. En ce qui concerne les services de santé, nous constatons qu'ils sont de moins en moins nombreux, alors que de plus en plus de personnes en ont besoin. Alors que les bombardements se poursuivent, il y a de plus en plus de blessés et de morts. Le nombre de personnes tuées a déjà dépassé les 24 000 et 70 % d'entre elles sont des femmes et des enfants. Cela représente donc plus de 1 % de la population de Gaza.

Les blessés devraient être soignés dans un hôpital, mais seuls 15 des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent partiellement, et nombre d'entre eux se débattent avec une fraction seulement du personnel de santé dont ils disposaient auparavant. Ils ont besoin de carburant, d'électricité, d'eau potable, de fournitures médicales, sans oublier que de nombreux civils sont hébergés dans les hôpitaux et qu'ils ont également besoin de nourriture. Lorsque nous nous rendons dans ces hôpitaux, nos collègues nous décrivent des situations vraiment tragiques, avec des personnes sans nourriture, des personnes à terre qui ne peuvent pas être soignées.

Un cimetière détruit à Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza.
Un cimetière détruit à Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza.

Il ne s'agit là que de blessés. Mais en plus de cela, il y a 50 000 femmes enceintes à Gaza, et plus de 300 000 personnes atteintes de maladies chroniques, des personnes qui ont besoin de dialyse pour une insuffisance rénale, des personnes atteintes de cancer, de diabète, d'hypertension, et d'autres maladies. Ces personnes ne peuvent pas accéder aux services de santé dont elles ont besoin parce que ces services ne sont pas disponibles. Et pour couronner le tout, on assiste déjà à la propagation de maladies, les habitants étant repoussés dans des zones de plus en plus exiguës de la bande de Gaza. 90 % des habitants de Gaza ont dû quitter leur maison. Et maintenant, ils se retrouvent dans des endroits de plus en plus petits, avec un manque d'accès à l'assainissement, aux toilettes, à l'eau potable, et dans le froid.

“La situation est vraiment désastreuse et nous luttons pour préserver la fonctionnalité des systèmes de santé”

Des virus respiratoires circulent également. Des diarrhées sont signalées en raison du manque d'eau potable tout comme des maladies de peau en raison du manque d'eau propre. La situation est vraiment désastreuse et nous luttons pour préserver la fonctionnalité des systèmes de santé parce que nous ne disposons pas d'un accès suffisant. Ce dont nous avons besoin, c'est vraiment d'un accès dans l’enclave palestinienne. Nous avons besoin de plus de fournitures. Nous avons besoin de plus de points d'entrée à Gaza. Nous avons besoin de plus de sécurité pour voyager à l'intérieur de Gaza. Nous avons besoin de garanties de sécurité. Nous avons besoin de moins de restrictions sur ce qui peut entrer et sur le mouvement des travailleurs humanitaires.

C'est d'ailleurs ce que vous avez demandé dans l'appel que vous avez lancé dans votre communiqué de presse commun du lundi 15 janvier....

Oui, c'est exactement ce que nous disions, c'est-à-dire qu'avec l'accès actuel, nous courons au-devant d'un scénario catastrophique de famine, d'un cocktail mortel de faim et de maladie à Gaza. Nous devons donc trouver des moyens d'atteindre la population de Gaza. Mais finalement, même avec cela, la seule vraie solution est un cessez-le-feu immédiat, car tant que les bombes continueront à pleuvoir sur Gaza, il y aura des blessés et d'autres morts.

Quel est le degré d'urgence des mesures à prendre pour sauver des vies?

Il faut que cela se fasse immédiatement. Des gens meurent tous les jours, des enfants et des femmes sont tués à Gaza. Cela doit cesser. Il faut trouver une solution politique. Tout le monde devrait exercer une pression suffisante pour essayer d'arrêter de perdre des vies innocentes à Gaza et trouver une solution pour parvenir à un cessez-le-feu et à cet espace humanitaire dont nous et d'autres avons besoin pour assurer la fonctionnalité des services de santé à Gaza.

Voyez-vous des signes indiquant que votre message est entendu, même si les médias mettent souvent l'accent sur les solutions à moyen et à long terme, et non sur l'urgence immédiate?

En tant qu'humanitaires, nous faisons ce que nous pouvons et nous essayons de soutenir ceux qui sont dans le besoin et essayer de décrire ce que nous voyons. C'est ce que nous faisons depuis le début, lorsque nous demandons la libération immédiate des otages pris en Israël. Ensuite, la situation humanitaire à Gaza est devenue un sujet sur lequel nous devions nous concentrer et nous devons vraiment être du côté de ceux qui souffrent et c'est clairement la population de Gaza en ce moment.

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17 janvier 2024, 12:29