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Dans les débris de l'église de Saint-Jean, vandalisée, dans le quartier de Jaranwala à Faisalabad, jeudi 17 août. Dans les débris de l'église de Saint-Jean, vandalisée, dans le quartier de Jaranwala à Faisalabad, jeudi 17 août.   (AFP or licensors)

Nouvelle vague de violence contre les chrétiens au Pakistan

Plusieurs églises ont été incendiées par une foule déchaînée dans l'est du Pakistan mercredi 15 août, après qu'une famille chrétienne a été accusée de blasphème, ont indiqué la police et des services de secours. Le lendemain, le quartier chrétien de Jaranwala a été placé sous surveillance policière.

Avec agences

La police pakistanaise a été déployée jeudi 16 août dans le quartier chrétien de Jaranwala, déserté par ses habitants lors de l'assaut mené la veille par des musulmans à la suite d'allégations de blasphème, rapporte l’AFP.

Des centaines de personnes de confession musulmane ont déferlé mercredi 15 août dans les rues de ce quartier chrétien situé en banlieue de la ville industrielle de Faisalabad, dans l'Etat du Pendjab à l'est du Pakistan. Au moins quatre églises ont été incendiées, un cimetière chrétien vandalisé et sept maisons attaquées, selon la police. La fureur a explosé lorsqu'un groupe de fanatiques religieux a accusé une famille d'avoir blasphémé contre le texte sacré de l'islam.

Un porte-parole du gouvernement du Pendjab a indiqué dans un communiqué que plus de 120 personnes ont été arrêtées et que la police était aussi à la recherche de la famille accusée de blasphème. Le gouvernement provincial a également annoncé l'ouverture d'une enquête sur les violences.

La réaction de Paul Bhatti

Paul Bhatti, médecin, de 2011 à 2014 ministre de l'harmonie et des minorités au Pakistan et frère de Shahbaz Bhatti - homme politique catholique pakistanais assassiné en 2011 – qualifie dans une interview à Vatican News–Radio Vatican cette violence d'«inacceptable».

Vers l'église de Saint-Jean, vandalisée, dans le quartier de Jaranwala à Faisalabad.
Vers l'église de Saint-Jean, vandalisée, dans le quartier de Jaranwala à Faisalabad.

«Nous sommes vraiment très en colère et très, très affligés de ce qui s'est passé au Pakistan», déclare l’ancien ministre. «Dans le passé, nous avons essayé d'abroger la loi sur le blasphème. Mais pour moi, ce n'est pas une priorité. La priorité, c'est avant tout que les étudiants musulmans ne se fassent pas justice eux-mêmes. S'ils le font, ils doivent être punis.» La deuxième priorité selon Paul Bhatti «est la promotion du dialogue interreligieux. Jusqu'à présent, rien n'a été fait. Mais nous voulons essayer de nous engager sur la voie du dialogue interreligieux.»

Les minorités religieuses ciblées

La Commission indépendante des droits de l'homme au Pakistan a plusieurs fois souligné que les lois sur le blasphème étaient utilisées comme des armes pour cibler les minorités religieuses et régler des vendettas personnelles, et que ces incidents violents étaient en augmentation constante depuis plusieurs années.

Les chrétiens, qui représentent environ 2% de la population, occupent l'un des échelons les plus bas de la société pakistanaise et sont fréquemment la cible d'allégations de blasphème fallacieuses et infondées.

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17 août 2023, 16:58