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Le patriarche orthodoxe de Jérusalem et l'archevêque anglican de Jérusalem auprès du saint chrême, le 3 mars 2023. Le patriarche orthodoxe de Jérusalem et l'archevêque anglican de Jérusalem auprès du saint chrême, le 3 mars 2023.  Les dossiers de Radio Vatican

Charles III, un sacre anglican aux accents œcuméniques

Samedi 6 mai sous la voûte gothique de l'abbaye de Westminster, Charles III sera consacré roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ainsi que de quatorze autres États souverains. Un sacre aux accents particulièrement œcuméniques, car le cardinal Nichols, primat catholique d'Angleterre, devrait bénir le nouveau roi en même temps que d’autres responsables protestants et orthodoxes.

Delphine Allaire - Cité du Vatican 

Le Pape François sera représenté par le cardinal Pietro Parolin. Le secrétaire d’État du Saint-Siège ne sera pas l’unique haut représentant catholique puisque l’archevêque de Westminster, le cardinal Vincent Nichols, va aussi participer à la cérémonie à l’intérieur de la cathédrale, de même que le nouveau nonce apostolique en Grande-Bretagne, Mgr Miguel Maury Buendia.

Geste œcuménique d’ampleur, le Pape François a offert début avril deux fragments de la Sainte Croix à l’Église anglicane qui a demandé qu’ils soient enchâssés dans la croix d’argent utilisée pendant le sacre.

Le nouveau roi du Royaume-Uni verra aussi ses mains, sa tête et sa poitrine couvertes du saint chrême par l'archevêque de Canterbury, Justin Welby. Cette huile contient les mêmes ingrédients que celle utilisée lors du couronnement d'Elizabeth II en 1953, avait annoncé le palais de Buckingham début mars.

 

Lors d’une cérémonie spéciale, l’huile a été solennellement bénie le 3 mars dernier en l’église du Saint-Sépulcre dans la Vieille ville Jérusalem par le patriarche grec orthodoxe Théophile III et l'archevêque anglican de Jérusalem, Hosam Naoum.

Ainsi jamais couronnement n’aura fait la part belle à autant de confessions dans l’histoire du Royaume-Uni. L'abbé Christopher Jamison, président de la congrégation bénédictine d’Angleterre, décrypte la dimension œcuménique du sacre. 

Entretien avec p. Christopher Jamison, abbé-général de la congrégation bénédictine anglaise

Comment se manifestera la dimension œcuménique dans ce sacre?

Avant la liturgie, il y aura une procession avec les drapeaux des autres pays du Commonwealth, portés par des représentants de différentes religions et emmenée par notre Premier ministre hindou, Rishi Sunak. C’est une affirmation importante dès le commencement de la cérémonie. À son terme, il y aura une bénédiction partagée par les représentants des autres Églises, et pour la première fois une bénédiction par le cardinal Nichols, archevêque de Westminster. Une première depuis le XVIe siècle. La cérémonie est en soi même anglicane, mais elle est encadrée par ces deux dimensions œcuméniques.

Quels seront les éléments catholiques lors de ce couronnement?

Ce qui est frappant est l’onction au centre de la cérémonie. L’onction du roi par l’archevêque de Canterbury avec l’huile consacrée venue du Mont des Oliviers à Jérusalem, là où est enterrée la grand-mère du roi Charles, la princesse Alice de Grèce. C’est l’unique liturgie anglicane officielle qui contient le saint-chrême. La cérémonie du couronnement n’a jamais changé depuis le Moyen-Âge, même après la Réforme. L’onction est le centre de cette liturgie, mais nous ne la verrons pas, elle restera cachée de la vue publique. C’est un moment si sacré que l’on ne peut pas le voir; un moment aussi intéressant car il est très catholique.  

Quelle est la nature des liens entre le roi Charles et les Églises orthodoxe et catholique?

Charles entretient des relations très étroites avec l’Église orthodoxe en partie grâce à sa grand-mère et à son père. Le prince Philip était d’origine orthodoxe, converti à l’anglicanisme avant de se marier avec la princesse Elizabeth. Il a démontré son soutien et son intérêt profond aux chrétiens persécutés du Moyen-Orient. Charles a de bonnes relations avec l’Église catholique. Plus jeune, il disait au cardinal de Westminster, je suis amoureux de beaucoup de filles catholiques, que va-t-on faire? Il n’avait pas le droit de se marier avec une catholique. C’est toujours le cas. Charles est aussi venu à la canonisation de John Henry Newman, le 13 octobre 2019, en la basilique Saint-Pierre de Rome.

Pourquoi ce sacre en particulier est lié à l’inclusion de toutes les religions, dans quelle mesure l’aspect interreligieux est-il important dans le Royaume-Uni actuel?

Il y a un problème de présentation. C’est une liturgie anglicane au cœur et on ne change pas cela.  À la fois, nous reconnaissons que le Royaume-Uni moderne est différent de l’histoire lorsque tout le monde était au moins chrétien, et presque tous, anglican. Nous avons réussi je crois la quadrature du cercle, à savoir encadrer une liturgie anglicane avec des cérémonies inclusives, au début et à la fin. Charles est un anglican, croyant et sincère. De cette perspective, il peut comprendre les autres religions. Les responsables des religions diverses en Angleterre, savent bien que le roi les soutient et les écoute. Il est «le champion des minorités» en ce moment. C’est un trait caractéristique aussi de l’Église anglicane qui se pose en protagoniste de l’œcuménisme en Angleterre. Le monarque britannique est aussi connu comme défenseur de la foi, «Fidei Defensor».

Un titre paradoxalement donné par le Pape Léon X au roi Henry VIII en 1521, car il avait écrit contre Luther et la Réforme, avant de rompre les relations avec Rome en 1536. Le roi Charles a dit qu’il voulait être le défenseur de toutes les fois, pas seulement de la foi anglicane.

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05 mai 2023, 12:00