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Manifestation à Rangoun contre le coup d'État militaire le 26 juin 2021  Manifestation à Rangoun contre le coup d'État militaire le 26 juin 2021  

Assez de haine, exhorte le cardinal Bo en Birmanie

L’archevêque de Rangoun a une nouvelle fois appelé les Birmans à sortir de la spirale de violence entamée le 1er février dernier avec le coup d’État militaire. Le cardinal Bo a plusieurs fois pris la parole pour demander la paix dans son pays.

Vatican News

«Que ce pays retrouve sa gloire, passant de la culture de la mort et de la violence à celle de la vie 'Talitha cum'. Ne laissons pas nos rues être ensanglantées par la haine. Nous tous, armée, gouvernement civil et peuple, élevons-nous de la culture de la mort et marchons joyeusement sur les chemins de la liberté, de l'espoir, de la paix et de la prospérité.» C'est avec les paroles de l'Évangile de dimanche sur la résurrection de la fille de Jaïre après la guérison de la femme en hémorroïsse que le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun et président des évêques birmans, a renouvelé une nouvelle fois hier son vibrant appel à sortir de la spirale de violence et de mort dans laquelle le pays est tombé après le coup d'État militaire du 1er février.

Les dictateurs, agents du diable

Dans son homélie dominicale, le président des évêques birmans a répété que la violence «n'est pas la voie de Dieu», mais celle du diable «le plus grand meurtrier de l'histoire» dont tant de dictateurs sanguinaires sont les agents depuis des siècles.

«Des temps bibliques à nos jours, l'histoire de l'humanité est une chronique écœurante de meurtres et de bains de sang», a déclaré le cardinal. «Il suffit de penser à Hitler, qui a tué 6 millions de Juifs, à Staline et à Mao, qui ont fait mourir de faim des millions de personnes, ou à Pol Pot au Cambodge, qui a tué plus de deux millions d'innocents. Au XXe siècle, tous ces dictateurs et d'autres ont tué plus de 135 millions de personnes.» Mais, a-t-il prévenu, «le Livre de la Sagesse nous dit que Dieu n'a pas créé la mort, et qu'il ne se réjouit pas de la destruction de la vie. C'est la connivence de l'homme avec le diable qui a amené la mort.»

Aujourd'hui, en Birmanie, ce sont ces mêmes agents du diable - a déclaré le cardinal Bo - qui recourent à la violence, poussant les autres à «tomber dans le même piège», et pourtant, a-t-il répété, cela «n'apportera jamais le Royaume de Dieu sur Terre». La véritable réponse à la violence et au deuil vécus ces quatre mois par le peuple birman est plutôt Jésus, l'Agneau innocent qui «s'est sacrifié pour que les autres aient la vie éternelle».

La Birmanie appelée à se relever

Comme la fille de Jaïre, morte prématurément et enterrée dans le désespoir, la Birmanie, «ensevelie par sept décennies de conflit, d'oppression et d'absence de liberté», peut aussi être ressuscitée par Jésus, a déclaré l'archevêque de Yangon : «C'est Jésus qui touche notre nation aujourd'hui et lui dit : 'Talitha cum', 'Fille lève-toi' de toute ta douleur, de ton angoisse, de décennies de destruction, de désespoir, de mort et de pauvreté étouffante» et «laisse ton histoire être réécrite dans la paix et la réconciliation.» Et c'est là, poursuit le cardinal Bo, «la prière qui monte aux lèvres de chaque citoyen birman : qu'il n'y ait plus de mort ni de deuil, plus de pleurs ni de douleur», qu'il soit mis fin à la violence et à la haine qui «n'ont apporté qu'une hémorragie ininterrompue», comme la femme hémorroïsse racontée dans l'Évangile. D'où, en conclusion, cet appel : «Que l'obscurité, l'ancien ordre de la haine, du pouvoir impitoyable s'en aille, qu'il y ait une nouvelle Birmanie : Talitha cum. Relève-toi de ta mort à la vie.»

Pendant ce temps, le drame du peuple birman continue. Comme l'a rappelé le cardinal Bo dans son homélie, plus de 200 000 personnes ont été contraintes de fuir leur foyer en raison des combats et des milliers de Birmans ont désespérément besoin de nourriture, de médicaments et d'abris. Et ce, alors que Covid-19 continue d'occuper le devant de la scène. La seule note positive est la récente trêve entre l'armée et les groupes de résistance armés dans l'État Cahin et l'embargo universel sur les armes à destination de la Birmanie décidé il y a quelques jours par les Nations unies.

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28 juin 2021, 15:57