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L'évacuation d'un blessé sur l'esplanade des mosquées à Jérusalem le 10 mai. L'évacuation d'un blessé sur l'esplanade des mosquées à Jérusalem le 10 mai.  

Jérusalem: «Une conjonction dramatique de plusieurs éléments»

Le père dominicain Jean-Jacques Pérennès, directeur de l'École biblique de Jérusalem, revient sur le climat de tension extrême et les violences qui secouent ces jours-ci la Ville sainte.

Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican 

Entretien avec le père Jean-Jacques Pérennès

Depuis plusieurs jours, Jérusalem est le théâtre d’une nouvelle flambée de violence. Ce lundi, de nouveaux affrontements ont éclaté sur l’esplanade des mosquées, troisième lieu saint de l’islam entre des Palestiniens et la police israéliennes. L’une des causes de ces tensions est le sort de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, menacées d'expulsion au profit de colons juifs. Ceux-ci estiment qu’une loi leur permet d’habiter dans cette partie palestinienne de la ville sainte. Un enjeu symbolique et démographique sur lequel jouent depuis des années les associations de colons et associations d’extrême droite. Une audience de la Cour suprême israélienne dans cette affaire prévue ce lundi 10 mai a été reportée.

Pour le père dominicain Jean-Jacques Pérennès, directeur de l’École biblique de Jérusalem, cette nouvelle flambée de violence est une source de tristesse. Située dans la vieille ville, cette prestigieuse institution «est aux premières loges, on entend les tirs de grenades assourdissantes», raconte-t-il. Le religieux a dû interdire à ses étudiants de descendre dans la rue, en raison de la tension extrême qui y règne: «Il n’y a pas eu ce niveau de violence depuis assez longtemps».

Des tensions qui pourraient durer

Le père Pérennès évoque un «cocktail explosif» de raisons qui ont conduit à ces nouveaux affrontements. Outre la question des expulsions des familles palestiniennes, s’ajoute aussi le calendrier: ce lundi marque en effet pour les juifs les plus religieux «la Journée de Jérusalem», qui relate la reprise de la ville sainte aux mains des armées arabes suite à la guerre des 6 jours de 1967. S’ajoute à cela la période du mois saint de ramadan pour les musulmans.

Selon le père Pérennès, ce climat de tension extrême pourrait durer encore quelques jours, tant rien ne semble fait pour calmer les esprits. À ce titre, le dominicain regrette que la communauté internationale n’ait pas suffisamment pris position sur la question de l’expropriation des familles palestiniennes, qui a attisé les tensions, soulignant qu’il est important de faire respecter le droit international.

Si les affrontements aux abords de la mosquée Al Aqsa ont cessé à la mi-journée, le climat reste toujours très tendu. Une «marche de Jérusalem» à laquelle devront participer des milliers d'Israéliens est en effet prévue en soirée dans la Vieille ville quadrillée par les policiers qui ont demandé aux Palestiniens de ne pas sortir de chez eux pour éviter des violences. Une manifestation à laquelle doivent participer des colons et des juifs d’extrême droite et qui n’a pas été interdite malgré les risques de débordement, regrette le père Pérennès.


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10 mai 2021, 15:01