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Messe des Cendres dans une église catholique de Chennai, le 17 février 2021 Messe des Cendres dans une église catholique de Chennai, le 17 février 2021 

Inde: les chrétiens dalits demeurent exclus des quotas électoraux

Le gouvernement de Narendra Modi a réitéré il y a quelques jours son refus d'accorder aux Dalits convertis au christianisme et à l'islam la possibilité de bénéficier de quotas électoraux réservés aux Indiens hors-castes et aux communautés indigènes, brisant une fois de plus les espoirs des communautés les plus marginalisées du pays.

Ce nouveau refus de la part du Premier ministre indien porte un coup supplémentaire aux droits des chrétiens du sous-continent. La loi électorale indienne réserve 84 sièges aux 200 millions de Dalits du pays et 47 aux 104 millions de personnes appartenant aux communautés indigènes, mais un décret présidentiel de 1950 a privé les Dalits non hindous de ce droit et d'autres avantages de l'État en vertu de la loi. L'ordonnance a ensuite été modifiée en faveur des Dalits bouddhistes et sikhs, mais a continué à exclure les chrétiens et les musulmans sous prétexte que leurs religions ne reconnaissaient pas le système de castes de l'Inde, qui avait été officiellement aboli.

Depuis des années, les dirigeants chrétiens, menés par l'Église catholique, demandent que cette mesure soit modifiée et ont également fait appel à la Cour suprême. Le 11 février, le ministre de la Justice et des technologies de l'information, Ravi Shankar Prasad, a déclaré au Parlement que le gouvernement n'avait pas l'intention de modifier les règles actuelles.


L’amertume de l’épiscopat

Les évêques ont fait part de leur profonde déception. «Il est regrettable que le gouvernement persiste dans cette position», a déclaré Mgr Sarat Chandra Nayak, évêque de Berhampur et président de la Commission pour les Dalits et les basses castes de la Conférence des évêques indiens (CBCI). «Sans un large consensus politique, il ne sera pas possible de réparer les injustices historiques commises à l'encontre des chrétiens et des musulmans dalits», a-t-il déploré auprès de l'agence Ucanews. Mais cette perspective de négociation semble encore lointaine, compte tenu des positions ultra-nationalistes du parti gouvernemental, le parti Banata Janata (BJP), qui a toujours considéré le christianisme et l'islam comme des «religions étrangères». «La Cour suprême peut mettre un terme à cette discrimination fondée sur la religion, mais maintenant que le gouvernement a clarifié sa position, c'est peu probable. Nous n'avons aucun espoir d'obtenir justice dans un avenir immédiat», a ajouté Mgr Nayak.

Plus nuancée est la position de R. L. Francis, président du Mouvement pour la libération des chrétiens pauvres (PCLM), engagé dans la défense des droits des chrétiens dalits, qui souhaite que l'Église abandonne l'idée de quotas réservés et travaille davantage pour «une Église sans caste». «Demander des quotas réservés ne peut que conduire à des divisions de castes au sein de l'Église», a-t-il déclaré.  Mais pour Mgr Nayak, «profiter des avantages accordés par le gouvernement ne signifie pas que l'Église soutient le système des castes».

Selon les responsables chrétiens dalits, 80 % des 30 millions de chrétiens en Inde (soit environ 2,3 % de la population) proviendraient des rangs des personnes hors-caste, même si les statistiques officielles indiquent qu'ils ne représentent qu'un tiers des chrétiens.

Vatican News Service - LZ

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20 février 2021, 15:43