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Des Soudanais cherchant refuge au Tchad.  Des Soudanais cherchant refuge au Tchad.   Les dossiers de Radio Vatican

L'Église toujours auprès des Soudanais après un an de guerre

Alors qu'une guerre civile ravage le Soudan depuis un an, particulièrement la région du Darfour, l’Église tente de survivre sur place aux côtés de la population qui souffre. Un prêtre combonien témoigne sous couvert d'anonymat des difficultés de vivre dans un pays meurtri par la guerre et du désir de l’Église d’être un secours pour les chrétiens.

Jean-Benoît Harel (avec agences) – Cité du Vatican

«Le pays est bloqué dans une impasse». Le constat du père missionnaire au Soudan est sans appel. En effet, le pays est le théâtre d’une guerre civile sanglante entre deux généraux qui revendiquent chacun le pouvoir. Les forces loyales au chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane et celles de Mohamed Hamdane Daglo, son ancien adjoint et commandant des forces paramilitaires de soutien rapide, se livrent une bataille sans merci.

Entretien avec le père missionnaire au Soudan (sous anonymat).

La population civile subit de plein fouet les conséquences de cette lutte pour le pouvoir: sept millions de personnes ont dû fuir leurs maisons et la situation humanitaire est alarmante. La crise alimentaire au Soudan pourrait être «la plus grande jamais connue», a averti la directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Cindy McCain dans un entretien à l’AFP.

Aider à rester au Soudan

Au cœur de ce pays meurtri, l’Église tente de rester solide pour soutenir les populations soudanaises. «En tant qu'Église, notre choix, c'est maintenant d’aider, d’accompagner, de rester avec nos chrétiens pour les aider dans ce moment de difficultés» explique un prêtre d’El-Obeid à 400 kilomètres au sud-ouest de Khartoum.

La plupart des Soudanais rêve de fuir vers le sud du pays, vers les pays frontaliers ou même vers l’Europe. «Tous les Soudanais, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, essaient de fuir s'ils en ont la possibilité», explique le père missionnaire. «Nous, en tant qu'Église, ce que nous essayons de faire, c'est de les aider afin qu'ils puissent rester sur place et autant que possible» poursuit-il.

La fuite n’offre pas la vie souhaitée. Si certains chrétiens trouvent du travail au Soudan du Sud, notamment dans les écoles chrétiennes tenues par les salésiens de Don Bosco, d’autres sont contraint de revenir au Soudan, faute de moyens de subsistance. D’autres encore fuient vers la Libye à travers le désert, route réputée très dangereuse. «On a eu des nouvelles de chrétiens morts sur la route de Libye», appuie le missionnaire.

Alors pour éviter de tels drames et soutenir la population, l’Église tente d’assurer les cours dans les écoles, et de maintenir les offices religieux. La fête de Pâques a pu être célébrée, une bénédiction pour le prêtre, qui assure que les chrétiens se sont réjouis car «la joie du Christ ressuscité, c'est de croire qu’un jour, au Soudan, il y aura la paix, et de célébrer ensemble la victoire de la vie sur la mort, la victoire du bien sur le mal».

Un tank détruit dans les rues d'Omdurman témoigne de la violence des affrontements.
Un tank détruit dans les rues d'Omdurman témoigne de la violence des affrontements.

Ne pas abandonner les chrétiens

Le religieux témoigne de l’importance de la présence des missionnaires auprès des catholiques soudanais, qui représenteraient environ 1% de la population.

«Nous sommes la preuve que Dieu n’a pas abandonné les Soudanais. Nous sommes cet élément qui dit: “Non, nous sommes là et avec vous, nous marchons ensemble jusqu'à ce que le Soudan trouve la paix“. Plus qu’une question matérielle, c’est une présence simple, le partage des difficultés quotidiennes.»

Une conférence internationale

Ce lundi 15 avril, lors d’une conférence co-présidée par la France, l'Allemagne et l'Union européenne, la communauté internationale a promis de fournir une aide de plus de 2 milliards d'euros pour aider la population civile, a annoncé le président français Emmanuel Macron. 

L’argent manque en effet pour soutenir la population soudanaise. L'an dernier l'appel humanitaire des Nations unies n'a été financé qu'à moitié. Cette année, seuls 5% sur les 3,8 milliards d'euros demandés ont été obtenus.  

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15 avril 2024, 17:56