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La nouvelle église du camp de réfugiés de Wedweil. La nouvelle église du camp de réfugiés de Wedweil.  

Une nouvelle église dans un camp de réfugiés au Soudan du Sud

Une église a été inaugurée ce mardi 12 mars dans le camp de réfugiés soudanais de Wedweil au Soudan du Sud. Elle doit permettre aux chrétiens de se retrouver et de prier, une nécessité pour des populations qui ont tout perdu explique Carine, missionnaire consacrée française. Son association Naïm Espérance œuvre pour offrir une présence spirituelle auprès des réfugiés.

Jean-Benoit Harel - Cité du Vatican 

«Moi je suis chrétienne, nous n'avons rien ici. Nous avons tout perdu, tout ce qu’il nous reste, c’est notre foi». Des témoignages comme celui de cette réfugiée, Carine et Violaine en reçoivent tous les jours dans les allées du camp de réfugiés de Wedweil où elles œuvrent. Ces deux missionnaires françaises de l’association Naïm Espérance sont basées au Soudan du Sud et s’occupent notamment d’un camp de réfugiés situé sur la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud. Un camp qui ne désemplit pas, malgré les conditions difficiles de vie pour les réfugiés soudanais.   

Entretien avec Carine, missionnaire dans le camp de Wedweil au Soudan du Sud

Une église, refuge spirituel

Depuis dix mois, le Soudan est en proie à une guerre civile entre l'armée dirigée par le général Abdel Fattah Al Burhan et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdane Daglo, ancien numéro deux du régime. Les populations civiles sont les premières victimes des violents affrontements qui ont déjà fait des milliers de morts. Plus de 7 millions de personnes ont été déplacées ou se sont réfugiées dans les pays voisins, selon l'ONU, faisant du Soudan le pays confronté à la crise migratoire la plus sévère à l'échelle mondiale.

Pour fuir leur pays en guerre, de nombreux Soudanais se réfugient au Soudan du Sud, dans l’espoir d’un avenir meilleur, bien que le pays soit également traversé par un conflit depuis 2013 entre deux factions voulant exercer le pouvoir. C’est le long de la frontière, dans un des camps de réfugiés, que Carine et Violaine travaillent à offrir une vie spirituelle aux réfugiés depuis la Toussaint. Dernière réussite: elles ont fait construire une église dans le camp pour offrir un lieu de culte aux chrétiens qui y vivent. L’inauguration a eu lieu ce mardi 12 mars. 

Violaine et Carine (à droite), deux missionnaires actuellement auprès des réfugiés au Soudan du Sud
Violaine et Carine (à droite), deux missionnaires actuellement auprès des réfugiés au Soudan du Sud

Un lieu pour tous les chrétiens

«Dans le camp, il y a trois mosquées mais il n’y avait aucune église» constate Carine. Au sein du camp, la population est majoritairement musulmane. Mais des chrétiens y trouvent aussi refuge, et devaient jusqu'alors se retrouver «sous l’arbre» pour prier. Désormais, ils disposent d’une église de 150 places, financée par des donateurs français.

«Il y a des évangélistes, des protestants, des anglicans, d'autres Églises libres aussi. Donc, on a décidé que ce lieu serait commun à tous les chrétiens. On prie tous ensemble» explique Carine. Des familles, des jeunes, des personnes âgées, se réunissent désormais tous les deux jours environ pour un temps de prière dans l’église. Ce lieu de culte constitue une reconnaissance officielle des chrétiens dans le camp, avec la bénédiction des différentes autorités religieuses du lieu dont le responsable de la communauté musulmane. Carine l’avait remarqué lors de ses passages réguliers à Wedweil: «Avant, quand les chrétiens se retrouvaient pour prier, ils avaient peur. Désormais ils pourront prier en toute sécurité».   

Prière dans la nouvelle église dans le camp de réfugiés de Wedweil.
Prière dans la nouvelle église dans le camp de réfugiés de Wedweil.

Les deux missionnaires veulent organiser des temps de prière dans la nouvelle église mais également des temps de formation, de catéchèse, de partage et de rencontre. «On va y aller doucement, pour se faire adopter par toutes les communautés du camp» anticipe Carine qui espère qu’une messe de Pâques pourra y être célébrée.

Un vrai besoin d’espérance

Fondatrice de Naïm Espérance, Carine a passé plus de dix ans dans différents camps de réfugiés partout dans le monde. Pour elle, y apporter une aide spirituelle est primordial.

“Les gens le disent eux-mêmes: “on en a marre de recevoir des choses, ce dont on a besoin, c'est aussi d'espérance“. Alors il faut évidemment apporter ce dont le corps a besoin, de l'eau potable, des vêtements, des médicaments, etc… C'est essentiel et c'est primordial. Mais il est aussi nécessaire d’être là avec les gens pour être présents, leur offrir une amitié, leur offrir cette espérance simplement par des visites.”

Les chrétiens devaient prier "sous l'arbre" avant la construction de l'église explique Carine.
Les chrétiens devaient prier "sous l'arbre" avant la construction de l'église explique Carine.

Vivre l’Évangile dans les camps de réfugiés

Elle témoigne de l’importance de la rencontre avec les familles du camp, rencontre qui peut parfois aller jusqu’à la prière commune avec des chrétiens. «Notre but n’est pas d’évangéliser les musulmans, mais de soutenir spirituellement toutes les populations. Qu'on soit musulman, chrétien, athée, bouddhiste ou tout autre religion, ici on est tout fracassé, on a tout perdu.»

 «En fait la mission pour moi, c'est mettre en application l'Évangile. C'est d'abord être là en tant que frères en humanité» résume Carine. 

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14 mars 2024, 12:21