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Les moines de Tibhirine béatifiés le 8 décembre 2018 Les moines de Tibhirine béatifiés le 8 décembre 2018  (www.moines-tibhirine.org )

Les moines de Tibhirine, un exemple pour toute l’Église

Cela fait cinq ans que les moines de Tibhirine, assassinés en mai 1996, ont été béatifiés à Oran, en Algérie, aux côtés de douze autres martyrs, dont Mgr Claverie, l’archevêque d’Alger. Ce fut un événement dans un pays encore marqué par la guerre civile et un symbole fort en matière de dialogue interreligieux. Le père Thomas Georgeon, postulateur de la cause des dix-neuf bienheureux et martyrs d’Algérie, revient pour Radio Vatican-Vatican News sur la portée de cette béatification.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

L’image était forte: sur les hauteurs d’Oran, dans le sanctuaire marial de la basilique de la Santa Cruz, chrétiens et musulmans, Algériens et étrangers, étaient réunis en ce 8 décembre 2018 pour célébrer la béatification de dix-neuf chrétiens assassinés par les islamistes lors de la guerre civile algérienne dans les années 1990. Parmi ces bienheureux, les sept moines de Tibhirine. Passée l’émotion du moment, la joie suscitée par cette célébration, que reste-t-il de la reconnaissance de ces martyres?

Entretien avec le père Georgeon, postulateur de la béatification des moines de Tibhirine

«Les fruits de la béatification sont encore assez cachés ou ils sont peut-être au fond des cœurs» répond le père Thomas Georgeon, père abbé de l’abbaye de La Trappe, postulateur de la cause des dix-neuf bienheureux et martyrs d’Algérie. «Ce qui est certain, c’est que cela a donné un élan supplémentaire à l’Église d’Algérie pour continuer à vivre sa mission si particulière d’être l’Église des Algériens dans une dimension de solidarité, de fraternité et d’essayer avec la population algérienne de faire grandir la société de ce pays», poursuit-il.

Un exemple qui touche au-delà des chrétiens

«L’un des fruits légués par cette béatification et par les bienheureux, c’est la diffusion de leur renommée de sainteté qui dépasse très largement les frontières de l’Église et qui touche le cœur de musulmans», estime le père Georgeon. Il en veut pour preuve les pèlerinages qui affluent vers le monastère de Tibhirine et qui sont composés à 95 % de musulmans «qui viennent dans une démarche de respect et de foi pour faire mémoire de la présence de ces frères parmi eux», explique le postulateur. Sans nul doute, cette béatification il y a cinq ans a suscité un élan pour le dialogue interreligieux.

Cette béatification est importante non seulement pour l’Église algérienne mais pour toute l’Église et notre société. «Plus que le témoignage de leur martyre, c’est le témoignage d’une vie donnée» qui compte, selon le père abbé de l’abbaye de La Trappe. Ce qui est célébré et qui a été développé depuis cinq ans, c’est «la dimension christique du don de sa vie par amour et là, c’était pour le peuple algérien», précise-t-il. L’Église algérienne a su «convertir sa pauvreté et sa fragilité en richesse et c’est certainement un message dont l’Église universelle peut aujourd’hui tirer profit».

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08 décembre 2023, 08:30