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Après l'attaque, devant la cathédrale orthodoxe de la Transfiguration, le 23 juillet 2023. Après l'attaque, devant la cathédrale orthodoxe de la Transfiguration, le 23 juillet 2023.   (ANSA)

Odessa, l'évêque gréco-catholique raconte la nuit de l’attaque

Témoignage de Mgr Mykhaylo Bubniy, évêque gréco-catholique d’Odessa, ville portuaire de la mer Noire, joyau culturel de l’Ukraine, victime dans la nuit de samedi 22 à dimanche 23 juillet d’une attaque ayant détruit la cathédrale orthodoxe de la Transfiguration. Mgr Bubniy appelle «toute personne ayant un poids dans le dialogue mondial» à mettre un terme «à cette spirale de mort».

Svitlana Dukhovych – Cité du Vatican

«Pour décrire mon expérience de l'attentat de la nuit du 23 juillet, je ne peux dire qu'une phrase: c'était une nuit d'enfer, l'Armageddon dans la ville d'Odessa».

Mgr Mykhaylo Bubniy, évêque de l’exarchat d’Odessa-Crimée en Ukraine, commente en ces termes l'attaque au missile russe qui a causé la mort d'une personne à Odessa tandis que dans la région, 22 autres ont été blessées.

Des explosions de 1h00 à 5h00 du matin

La dévastation provoquée par l'attaque a suscité des réactions dans le monde entier. Le Pape François l’a mentionnée dans ses appels après la prière dominicale de l’angélus, dimanche 23 juillet, renouvelant son invitation à prier pour la paix, «d'une manière particulière pour la chère Ukraine, qui continue de subir la mort et la destruction, comme cela s'est malheureusement aussi produit à Odessa».

«C'était horrible, raconte l'exarque, les explosions ont duré quatre heures, de une à cinq heures du matin. Odessa n'a pas dormi de la nuit. Il y a eu de terribles explosions parce que l'agresseur russe a utilisé tous les missiles possibles -Onyx, Iskander et d'autres- avec lesquels il a continuellement attaqué la ville. Grâce à Dieu, aucun de nos fidèles n'a été blessé et les propriétés de notre exarchat d'Odessa n'ont pas été endommagées».

Des bombardements depuis la fin de l'accord sur le blé 

Difficile de rester imperturbable face à une telle horreur, même si le fort esprit de résistance, comme en témoignent les images de la ville sinistrée, pousse les gens à s'activer: enlever les décombres, nettoyer les rues et penser à la reconstruction. Dimanche matin, le jeune évêque était dans sa cathédrale pour célébrer la Divine Liturgie avec ses fidèles. «J'ai vu que les gens étaient choqués et effrayés. En fait, c'est moralement très déprimant», soupire-t-il, réfléchissant à ce qui a poussé les Russes à, selon lui, frapper Odessa: «À mon avis, cette attaque était une revanche pour ce qui s'est passé au pont de Crimée. Mais cela ne peut pas être juste parce que nous subissons cette terrible agression de l'État russe depuis plus d'un an et demi et que le bombardement d'Odessa a commencé, en fait, immédiatement après que la Russie se soit retirée de l'accord sur les céréales. En effet, dès que la Russie s'est retirée de cet accord, signé avec l'ONU et la Turquie, ils ont immédiatement commencé à bombarder les ports d'Odessa et de Chornomorsk et à frapper également toutes les infrastructures portuaires qui servaient à exporter ce blé vers les pays pauvres.»

Le joyau spirituel de la ville

Lors de l'attaque au missile de dimanche, la cathédrale orthodoxe de la Sainte Transfiguration a ainsi été touchée, ce qui a une signification particulière pour les Odessites. Comme le raconte l'évêque gréco-catholique, «ils ont perçu cela comme une véritable cruauté, difficile à verbaliser». Cette cathédrale avait déjà été complètement détruite en 1936 par le régime communiste athée de Staline et reconstruite dans les années 1990 par les fidèles de tout Odessa, par tous les habitants et hommes d'affaires. Un joyau à rayonnement internationale, la cathédrale étant sous la protection de l'Unesco. L’agence onusienne a fermement condamné «l'attaque éhontée des forces russes, qui a frappé plusieurs sites culturels du centre de la ville d'Odessa, qui abrite le site du patrimoine mondial».

Et l’évêque gréco-catholique ukrainien de poursuivre: «Suite à l'attaque du 23 juillet, 61 immeubles et 146 appartements ont été endommagés. Soit dit en passant, cette cathédrale appartient à l'Église orthodoxe ukrainienne liée au Patriarcat de Moscou. C'est une preuve supplémentaire qu'ils ne se soucient pas du patrimoine culturel ni même de leurs fidèles, puisque cette cathédrale a été consacrée en 2010 par le patriarche Kirill lui-même. Il n'y a pas de mots».

Prière et appel à la communauté internationale

«Après l'horreur que nous avons vécue dans la nuit du 23 juillet, nous ne pouvons que prier pour que le Seigneur Dieu nous sauve d'une manière ou d'une autre, sauve le monde entier et sauve l'Ukraine de l'invasion russe agressive et de l'invasion à grande échelle infondée du territoire ukrainien et de la destruction de l'Ukraine en tant qu'État indépendant et libre, reconnu à l'intérieur de ses frontières par la communauté internationale. Par conséquent, j'appelle la communauté internationale, tous ceux qui ont une certaine influence au niveau mondial à réagir aux attaques que la Russie mène contre Odessa et contre l'Ukraine», a conclu Mgr Bubniy.


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26 juillet 2023, 09:51