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Un soldat ukrainien de la région de Khakiv, un chapelet à la main. Un soldat ukrainien de la région de Khakiv, un chapelet à la main. 

Chapelet pour l’Ukraine, le témoignage de l’Exarque d’Odessa

Ce mardi, en conclusion du mois marial, le Pape François récitera la prière du Rosaire pour la paix en la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome ; «un beau geste» affirme Mgr Mykhaylo Bubniy. L'évêque greco-catholique s'attarde également sur la situation du pays, dévasté par la guerre.

Svitlana Duckhovych - Cité du Vatican

«En tant qu'évêque de l'Église catholique, j'ai toujours senti le soutien du Saint-Père et des diocèses et éparchies de différentes parties du monde», déclare l'Exarque d'Odessa, Mgr Mykhaylo Bubniy, C.Ss.R.. Il se réjouit de l’initiative du Saint-Père qui a proposé aux fidèles du monde de s’unir à lui mardi à 18heures. Il récitera un chapelet pour la paix en Ukraine devant la statue de Marie Reine de la Paix, dans la basilique vaticane de Sainte-Marie-Majeure, à Rome. «La prière et la parole du Saint-Père sont toujours entendues par la communauté internationale et trouvent un écho auprès des hommes politiques et des autres dirigeants de ce monde» se félicite le prélat gréco-catholique.

La vie reprend lentement


«La situation humanitaire à Odessa, et plus généralement dans l'exarchat d'Odessa, est compliquée», explique l'évêque, «car une partie de notre exarchat est sous occupation russe, et de l'autre côté il y a beaucoup de personnes déplacées à l'intérieur du pays, qui sont arrivées principalement des régions de Mykolayiv et Kherson, et aussi de celles de Donetsk et Kharkiv». Il note cependant un progrès car «par rapport aux premiers jours de la guerre, nous sommes désormais en mesure de répondre aux principaux besoins des réfugiés grâce au soutien de plusieurs organisations d'aide étrangères et des paroisses gréco-catholiques de l'ouest de l'Ukraine». De nombreux prêtres et fidèles de l'exarchat gréco-catholique sont impliqués dans le travail de ces centres humanitaires, bien que de nombreuses personnes, principalement des femmes avec des enfants, soient parties au début de l'invasion russe. Certains reviennent d’ailleurs, parce que la vie en ville reprend lentement son rythme habituel.

Mais deux zones de l'exarchat sont sous contrôle russe

Les prêtres s'efforcent donc d'aider les personnes dans le besoin et les personnes déplacées à l'intérieur du pays par le biais de centres humanitaires mis en place dans les paroisses, mais leur activité couvre une échelle bien plus vaste. «Malgré la guerre, notre activité pastorale n'a jamais cessé», explique l'Exarque d'Odessa, «nos prêtres sont toujours restés dans leurs paroisses ; même si, dans les premiers jours de l'invasion, ils ne s'absentaient que pour un court moment afin d'emmener leurs femmes et leurs enfants dans les régions les plus sûres du pays, ils revenaient ensuite dans leurs paroisses pour continuer leur service, en particulier en priant avec et pour les gens». Enfin comme dans de multiples endroits à travers le pays, dans les paroisses de l’exarchat, les fidèles prient pour la fin de la guerre et pour une paix durable.

Se montrant plus spécifique sur la situation de son exarchat, Mgr Mykhaylo Bubniy, C.Ss.R.. rapporte que deux des cinq doyennés - celui de Kherson et celui de Skadovsk - sont maintenant sous occupation russe. «Cinq de nos prêtres qui n'ont jamais quitté leur paroisse. Et certains prêtres mariés, qui étaient partis pour emmener leur famille, ne peuvent plus revenir à cause des combats, mais ils essaient toujours d'aider leurs communautés à distance: ils organisent le transport de l'aide humanitaire, collectent et envoient de l'argent pour aider les nécessiteux.» Trait propre à Odessa, sa population est multiethnique et multiculturelle. Plusieurs religions y sont représentées, et «ces jours-ci, toutes les organisations religieuses sont très actives dans la fourniture d'aide humanitaire aux nécessiteux», affirme l'évêque, ajoutant qu'en temps de guerre, comme dans le reste du pays, la population locale est devenue plus unie, même en condamnant l'agression de l'Ukraine par la Fédération de Russie.

La guerre actuelle, pire que celle de 2014 en Crimée

Partageant son expérience personnelle sur la manière dont il a réussi à faire face aux difficultés de la gestion de l'exarchat en temps de guerre, Monseigneur Bubniy, qui aura 52 ans en septembre, déclare: «J'essaie toujours de faire confiance à Dieu, de lui parler honnêtement et ouvertement et d'espérer en lui. Je confie toutes les difficultés aux mains de Dieu». Pour le jeune évêque, l'expérience traumatisante du début de la guerre n'est pas nouvelle. En février 2014, Mgr Mykhaylo Bubniy a été nommé évêque, exarque d'Odessa et administrateur de l'exarchat de Crimée, alors même que l'occupation et l'annexion de la Crimée ont eu lieu. «Ainsi, déjà au début de mon service épiscopal, j'ai été confronté à de sérieux défis auxquels j'ai dû réagir. Avec l'aide du Saint-Siège, de la nonciature apostolique et de Sa Béatitude Sviatoslav, nous avons réussi à maintenir les structures de l'exarchat de Crimée, où les prêtres continuent à servir et les paroisses à fonctionner.» Malgré cette expérience, l'évêque affirme que cette guerre de 2022 «est beaucoup plus cruelle» et il s'inquiète beaucoup pour ses prêtres et ses fidèles. «Nous continuerons à prier Dieu de nous aider et de nous donner la grâce de maintenir l'amour et l'humanité au milieu de tant de violence». Revenant sur la prière du Rosaire ce mardi, l'Exarque d'Odessa y voit «un beau geste de la part du Saint-Père pour le soutien de l'Ukraine» et malgré le fait qu'il y ait eu des malentendus sur certains gestes et paroles du Pape François, «il reste une autorité morale de classe mondiale et sa prière et son soutien, à la fois spirituel et verbal, sont très importants pour nous, qui souffrons de l'injustice et de la cruauté de la guerre ici en Ukraine au 21ème siècle».

 

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30 mai 2022, 18:30