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Le temple d'Angkor, au Cambodge, en janvier 2023 Le temple d'Angkor, au Cambodge, en janvier 2023  (AFP or licensors)

Au Laos et au Cambodge, une Église soucieuse de faire entendre sa voix

Les évêques de la Conférence épiscopale du Laos et du Cambodge (CELAC) se sont réunis à Phnom Penh du 7 au 9 février dernier pour leur assemblée annuelle. Dans un communiqué final, ils font part de leurs priorités et défis: être une «voix prophétique» dans des sociétés en transformation, notamment auprès des jeunes; former les laïcs; susciter de nouvelles vocations au sacerdoce.

Adélaïde Patrignani (avec Fides) – Cité du Vatican

Ce sont des Églises jeunes et minoritaires, ayant traversé des persécutions, mais restant bien déterminés à témoigner de l’Évangile auprès de leur peuple.   

«Nos Églises, extrêmement petites - 0,1% de la population au Cambodge, 0,5% au Laos -, vivent dans des conditions semblables à celles des Actes des Apôtres, avec des chrétiens de première ou deuxième génération (au Cambodge en particulier) ou dans des contextes politiques et sociaux plutôt oppressifs (au Laos en particulier)», rappellent dans leur communiqué les évêques de la Conférence épiscopale du Laos et du Cambodge (CELAC).

Les conclusions de leur assemblée annuelle sont aussi une contribution au Synode sur la synodalité, qui en est actuellement à sa phase continentale.

Passer du virtuel au réel

Les évêques évoquent le clergé local, en s’inquiétant de son renouvellement et de sa formation -il y a une dizaine de prêtres locaux au Cambodge et une vingtaine au Laos: «Les familles ont de moins en moins d'enfants, des 6-7 enfants d'autrefois à 1 ou 2 maintenant, et il arrive que beaucoup de baptisés épousent des non-chrétiens. Comment pouvons-nous cultiver les vocations au sacerdoce local pour servir nos communautés?» s’interrogent les pasteurs.

Ils rappellent ensuite que l'Église est appelée à être «une voix prophétique», mais qu’en parallèle, «les réseaux sociaux façonnent notre conscience avec des algorithmes et nous guident inconsciemment toute la journée; des théories telles que le genre et le Metaverse façonnent la vie des jeunes générations». Les évêques font part de leur préoccupation envers les jeunes, qui représentent plus de 50 % de la population au Laos et au Cambodge. Ceux-ci ont pour une majorité «grandi dans les campagnes, mais en quelques heures ils arrivent dans nos capitales», se retrouvant catapultés dans une «culture post-moderne et ultra-développée», qui influence leur développement humain, culturel et spirituel. «La réalité virtuelle les attire et les absorbe souvent plus que le monde réel et la relation interpersonnelle directe dans la communauté» déplore la CELAC, qui souhaite accompagner ces jeunes afin de «développer leur potentiel sur le chemin de la sainteté».

«Dans nos sociétés asiatiques très hiérarchisées, observent les évêques, les jeunes sont souvent mis à l'écart, alors qu'ils devraient être des acteurs importants de la vie des Églises». Vu l’utilisation massive des réseaux sociaux et des nouveaux moyens de communication sociale par la société cambodgienne et laotienne, les prélats souhaitent aussi que «l'annonce de l'Évangile dans les nouvelles cultures et dans le monde virtuel soit un thème abordé au Synode».


Le défi de la maîtrise de la langue

Un autre enjeu important est la participation des laïcs à la vie de l’Église: «Le travail de leur formation doit être notre priorité», soulignent les membres de la CELAC. Chaque Église est en effet confrontée à des difficultés linguistiques. Au Cambodge, 90 % du personnel engagé dans la pastorale sont des étrangers – et la grande majorité des 20000 catholiques du pays sont d’origine vietnamienne -, tandis que le nombre de catholiques laotiens engagés dans la pastorale de leur pays est très faible. «Nous n'avons pas la capacité de traduire des textes en khmer ou en laotien, et nos laïcs ne maîtrisent pas les langues étrangères», observent les évêques.

Abordant enfin la question des relations avec les autres traditions spirituelles asiatiques, en particulier le bouddhisme, très répandu localement, les pasteurs du Laos et du Cambodge estiment que «les enseignements spirituels et les pratiques méditatives peuvent nous aider à mieux nous recentrer sur l'essentiel: notre union avec le Dieu fait homme en Jésus-Christ». Or cultiver jour après jour «une relation personnelle avec Dieu» constitue le point de départ de la mission, appelée à se poursuivre dans ces pays d’Asie du Sud-Est.

Pour le Laos, étaient présents à l'assemblée de la CELAC: le cardinal Louis Marie Ling, vicaire apostolique de Vientiane et actuel administrateur apostolique de Luang Prabang; Mgr Jean-Marie Prida, vicaire apostolique de Takhkek; Mgr Andrea Souksavath, vicaire apostolique de Paksé. Pour le Cambodge: Mgr Olivier Schmitthaeusler, vicaire apostolique de Phnom Penh; Mgr Enrique Figaredo, préfet apostolique de Battambang; Mgr Pierre Suon Hangly, préfet apostolique de Kompong Cham.


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17 février 2023, 15:57