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Un homme passe devant une structure appartenant aux sœurs missionnaires de la charité, à Granada (Nicaragua), le 30 juin 2022 Un homme passe devant une structure appartenant aux sœurs missionnaires de la charité, à Granada (Nicaragua), le 30 juin 2022 

Les Missionnaires de la Charité devront quitter le Nicaragua

Selon les autorités nicaraguayennes, les religieuses de la congrégation fondée par sainte mère Teresa de Calcutta n'ont pas respecté leurs obligations et devront s'en aller du pays. Cette décision intervient dans un contexte de tensions persistantes entre le gouvernement sandiniste et l'Église catholique.

Lisa Zengarini – Cité du Vatican

Dans ce qui semble être une nouvelle mesure de répression contre l'Église catholique au Nicaragua, le gouvernement sandiniste dirigé par le président Daniel Ortega a annoncé la fermeture d'une association dirigée par les Missionnaires de la Charité, tout comme celle de cent autres ONG, dont un certain nombre d'organisations catholiques opérant dans le pays.

La mesure a été ordonnée par le ministère nicaraguayen de l'intérieur et devrait être approuvée dans les prochains jours par l'Assemblée nationale, où le parti du Front sandiniste de libération nationale (SNLF) d'Ortega détient une majorité écrasante.

Les raisons avancées

Selon les autorités nicaraguayennes, l'association des religieuses a «manqué à ses obligations légales», et plus particulièrement à la loi 977 sur le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération des armes de destruction massive.

De plus, selon le ministère de l'Intérieur, les Missionnaires ne sont pas accrédités «par le ministère de la Famille pour fonctionner en tant que centre d'accueil pour le développement de l'enfance, foyer pour jeunes filles et foyer pour personnes âgées», elles n'ont pas non plus le permis du ministère de l'Éducation «pour dispenser des cours de rattrapage aux étudiants» et leurs «états financiers communiqués au ministère de l'Intérieur ne correspondent pas» aux autres documents présentés pour examen.

La liste des organisations catholiques dont le gouvernement a ordonné la fermeture comprend également la Fondation de la spiritualité pour les enfants du Nicaragua, la Fondation catholique d'aide au développement humain pour les Nicaraguayens, la Fondation des mères de mon enfance et l'Association de la maison de soins pour enfants Diriomito.

Au service des pauvres du pays

Les Missionnaires de la Charité sont présentes au Nicaragua depuis 1988, à la suite de la visite de sainte Mère Teresa dans ce pays d'Amérique centrale pendant le premier mandat de Daniel Ortega.

Les religieuses gèrent actuellement le foyer du Cœur Immaculé de Marie dans la ville de Grenade, où elles accueillent des adolescents abandonnés ou victimes d'abus. Dans la capitale nicaraguayenne, Managua, elles s’occupent d’une maison de retraite qui fournit aux personnes âgées de la nourriture, des vêtements et d'autres soins. Les sœurs accompagnent également des mineurs à risque et gèrent une crèche pour les enfants pauvres.


Une Église dans le viseur du gouvernement

Cette décision intervient dans un contexte de tensions accrues entre l'Église catholique et le gouvernement d'Ortega qui gouverne le pays depuis 15 ans.

Un cap a été franchi en 2018, lorsque les autorités nicaraguayennes ont réprimé les manifestations contre une série de réformes controversées du système de sécurité sociale. Malgré des tentatives de médiation dans la crise, les évêques ont finalement été interdits de dialogue et les relations se sont encore dégradées après les élections controversées de 2021 qui ont reconduit le président Ortega, sur fond d'allégations de fraude et de persécution politique d'un candidat rival.

La même année, Daniel Ortega et son épouse, qui est aujourd'hui vice-présidente, ont qualifié les évêques d'«auteurs de coup d'État», d'«agents étrangers» et les ont accusés de prêcher un faux christianisme.

Cette année, début mars, le gouvernement a déclaré persona non grata le nonce apostolique au Nicaragua, l'archevêque polonais Waldemar Stanislaw Sommertag, et l'a expulsé. Le Saint-Siège a jugé cette mesure «incompréhensible car, au cours de sa mission, Mgr Sommertag a travaillé avec un profond dévouement pour le bien de l'Église et du peuple nicaraguayen, en cherchant toujours à favoriser de bonnes relations entre le Siège apostolique et les autorités du Nicaragua».


Depuis 2018, l'Église a été la cible de près de 200 attaques et profanations, ainsi que de harcèlements et d'intimidations d'évêques et de prêtres. En 2019, l'évêque auxiliaire de Managua, Mgr Silvio José Báez, a dû quitter le diocèse de Managua à la demande du Pape François après avoir reçu plusieurs menaces de mort.

Dans un tweet écrit depuis la Floride, où il vit actuellement, Mgr Báez a écrit qu'il était attristé par la nouvelle de la fermeture de l'association des Missionnaires de la Charité, affirmant que «rien ne justifie de priver les pauvres de soins charitables».

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02 juillet 2022, 12:57