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Le cardinal Brenes, bénissant Managua avec le Saint Sacrement (Archives 2020) Le cardinal Brenes, bénissant Managua avec le Saint Sacrement (Archives 2020) 

«Le Nicaragua saigne», s’alarment les évêques

Répression politique, pandémie, crise sociale et économique: les maux qui affligent le pays sont nombreux. Plusieurs évêques ont pris la parole ces derniers jours pour dénoncer les arrestations arbitraires menées dans les rangs de l’opposition ainsi que l’hostilité du régime à l’égard de l’Église.

Vatican News (avec Fides)

Le 4 juillet dernier marquait la fête du Précieux-Sang de Jésus, particulièrement suivie par les fidèles nicaraguayens. À cette occasion, l’archevêque de Managua, le cardinal Leopoldo Brenes, a célébré la messe en sa cathédrale, rappelant que l’année dernière, un incendie criminel avait sérieusement endommagé un précieux crucifix justement appelé «Sang du Christ», objet d’une grande vénération dans le pays. À l’époque, le cardinal n’avait pas hésité à parler d’acte terroriste et évoquait une «persécution» contre l’Église catholique. Un an après, le constat est le même: «Aujourd'hui, (…) des gens nous attaquent, attaquent le Pape François ou veulent d'une manière ou d'une autre diminuer la force de l'Église. Ils nous insultent. Nous sommes persécutés, calomniés, mais (…) notre espérance et notre confiance dans le Seigneur sont forts», a-t-il déclaré dans son homélie.

Le cardinal a pointé les problèmes économiques et sociaux qui étreignent son pays, soulignant aussi la «souffrance» ressentie par de nombreuses familles en voyant des proches «privés de liberté»: une référence tacite aux arrestations en cascade survenues ces dernières semaines au sein de l’opposition, quatre mois avant l’élection présidentielle du 7 novembre, pour laquelle Daniel Ortega devrait briguer un autre mandat.

Pandémie, faim, répression, migrations

L’évêque de Matagalpa, Mgr Rolando Álvarez, a abondé dans le même sens: «le Nicaragua saigne de la souffrance des personnes privées de liberté, des familles brisées par les migrations forcées, de la douleur des malades à cause de la pandémie, de l'extrême pauvreté». Et poursuivant: «nos esprits et nos cœurs pensent aux milliers de migrants qui ont été forcés de quitter leurs terres ces dernières semaines à la recherche d'un horizon meilleur et prient pour toutes ce personnes qui partent, au péril de leur vie, pour trouver ce que notre beau pays ne leur a pas offert». Mgr Alvarez invite toutefois à ne pas sombrer dans le désespoir: «nous devons continuer à désirer et à travailler pour un nouveau Nicaragua, une nouvelle nation, un État moderne, fonctionnel et pluraliste, un pays où nous pouvons tous vivre, sans mépris ni exclusion, où règne le respect et où nous pouvons travailler dans des conditions d'égalité sociale et politique».

Les relations entre l'Église catholique et le président Daniel Ortega, qui n'ont jamais été très bonnes, se sont rompues en juillet 2018, lorsque le président nicaraguayen a accusé les évêques de planifier un «coup d'État» contre lui. Cette année-là a été marquée par d’importantes manifestations anti-gouvernementales; la violente répression opérée alors par les autorités a fait des centaines de morts, suscitant des milliers d’arrestations et de disparitions.

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07 juillet 2021, 11:17