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Sacred Heart Cathedral, cathédrale du Sacré-Cœur de Wellington, capitale de la Nouvelle-Zélande. Sacred Heart Cathedral, cathédrale du Sacré-Cœur de Wellington, capitale de la Nouvelle-Zélande.  

Un rapport révèle l'ampleur des abus dans l'Église de Nouvelle-Zélande

Une enquête révèle que l'Église de Nouvelle-Zélande a reçu 1 680 signalements d'abus contre des membres du clergé, des religieux et religieuses et des laïcs, de 1950 à nos jours. Le président des évêques néo-zélandais, le cardinal John Dew, également archevêque de la capitale, qualifie ces résultats «d'effrayants».

Lisa Zengarini – Cité du Vatican

L'Église catholique de l'archipel néo-zélandais a révélé que 14% de son clergé diocésain (près d'un sur sept) a été accusé d'avoir abusé d'enfants et d'adultes depuis 1950. Ces chiffres ressortent d'une vaste recherche menée à la demande de la Commission royale sur les abus dans le secteur du soin, mise en place en 2018 par la Première ministre travailliste, Jacinda Ardern.

1 680 plaintes

La Te Rōpū Tautoko, l'équipe qui coordonne l'engagement de l'Église auprès de la Commission royale, a publié ses conclusions le 1er février, rapporte un communiqué.

L'enquête de deux ans a révélé que l'Église a reçu 1 680 rapports de 1 122 personnes contre des membres du clergé, des religieux, des religieuses et des laïcs catholiques de 1950 à aujourd'hui, dont 592 ont été nommés.

Près de la moitié des abus signalés concernaient des atteintes sexuelles. Les années 1960 et 1970 ont été les décennies où le plus d'abus ont été signalés, 75% d'entre eux datant d'avant 1990.

Te Rōpū Tautoko a recueilli et examiné des informations provenant des six diocèses catholiques du pays et de 43 congrégations religieuses catholiques (également connues sous le nom d'instituts, ordres ou associations religieuses). La recherche a porté sur les dossiers de 428 paroisses catholiques, 370 écoles catholiques et 67 autres institutions de santé.

Selon la fiche d'information de l'équipe de recherche, 378 rapports ont été faits sur 182 (14%) membres du clergé diocésain, 599 rapports ont été faits sur 187 frères et prêtres appartenant à des congrégations religieuses (8%) et 258 rapports sur 120 religieuses (3%).

Au total, 138 allégations d'abus ont été faites à l'encontre de 103 personnes, principalement des laïcs, des bénévoles et d'autres personnes impliquées dans l'Église.

 

Abus sexuels sur des enfants

Sur les 1 680 plaintes, 1 350 concernaient des enfants et 164 des adultes, l'âge de 167 autres n'ayant pas été établi par la recherche. 835 étaient des rapports d'abus sexuels sur un enfant.

Sur ce total, 687 concernent des établissements d'enseignement, 425 des foyers d'accueil, 228 des paroisses et 122 d'autres lieux, les 219 restants se situant dans des lieux non identifiés.

Tous les abuseurs présumés ne sont pas identifiés

L'étude ne porte que sur les signalements enregistrés, et ne représente donc pas tous les abus commis par l'Église. En outre, tous les auteurs présumés d'abus n'ont pas été identifiés –308 des rapports concernaient des personnes non identifiées.

Cardinal Dew: des chiffres «effrayants»

Le cardinal John Dew, président de la Conférence des évêques catholiques de Nouvelle-Zélande (NZCBC), a qualifié ces chiffres «d'effrayants», de quelque chose dont l'Église a «profondément honte».

Il a exprimé sa gratitude pour le travail accompli et a réitéré l'engagement des évêques à construire une Église plus sûre pour tous.

«Je suis reconnaissant que tant de travail ait été fait pour rechercher les détails et les rendre publics. Alors que nous continuons à répondre à la Commission royale sur les abus et que nous construisons une Église plus sûre pour tous, j'espère fermement que des faits comme ceux-ci nous aideront à faire face à la triste réalité. L'Église en tirera des leçons et affirmera son engagement dans le travail de protection», a-t-il déclaré.

Commentant ces conclusions, sœur Margaret Anne Mills, présidente de la Congregational Leaders Conference of Aotearoa New Zealand, a souligné la nécessité pour tous les responsables de l'Église de reconnaître le mal fait et de se concentrer sur la guérison.

«Participer à la guérison de ce préjudice, dans la mesure du possible, est et doit rester notre priorité. Tous les dirigeants de l'Église doivent de toute urgence comprendre et reconnaître notre histoire commune; comprendre et reconnaître l'effet choquant des abus dans le cadre de l'Église sur les victimes et leurs familles; comprendre ce que cela signifie pour les survivants et nos communautés de foi; et agir aujourd'hui.»

La Commission royale a remercié tous les survivants qui se sont manifestés pour aider son enquête. «Les recherches sont saisissantes, et la réalité déchirante est que des enfants et des adultes sans défense et vulnérables se trouvent derrière ces faits et ces chiffres», indique un communiqué.

La Commission royale poursuit son enquête

La publication de ces recherches intervient quelques jours avant les auditions de la Commission qui enquêtera sur les événements survenus à l'école Marylands de Christchurch, un pensionnat catholique pour garçons, souvent handicapés, dirigé des années 1950 à 1984 par les frères de l'Ordre hospitalier de Saint-Jean de Dieu, également connus sous le nom de Fatebenefratelli.

Elle s'intéresse également aux abus commis par les frères à Hebron Trust, un établissement de Christchurch pour les jeunes à risque géré par l'un des frères, et aux abus commis par les frères de Marylands à l'encontre des résidents de l'orphelinat voisin de Saint-Joseph, dirigé par les sœurs de Nazareth.

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07 février 2022, 13:15