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de gauche à droite: Mgr Mounir Khairallah, Mgr Paul Rouhana, Cardinal Bechara Boutros Raï, Mgr Stanislas Lalanne, Père Thierry Butor. de gauche à droite: Mgr Mounir Khairallah, Mgr Paul Rouhana, Cardinal Bechara Boutros Raï, Mgr Stanislas Lalanne, Père Thierry Butor. 

L’Église de France crée un nouveau pont avec le Liban

Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise est allé la rencontre des chrétiens du Liban lors d’un déplacement du 7 au 10 juillet 2021. Ce voyage avait pour objectif de poser les bases d’un jumelage entre son diocèse et le vicariat de Sarba et Jounieh.

Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican

Le projet de jumelage entre les catholiques du Val-d’Oise, en région parisienne, et la communauté maronite de Sarba et Jounieh doit permettre de nombreux échanges et initiatives concernant les prêtres, les jeunes, et une attention particulière sera accordée aux familles. Mgr Paul Rouhana, évêque du vicariat de Sarba et Jounieh dit souhaiter avant tout un «jumelage spirituel».

Lors de cette visite, dans un pays ravagé, depuis 2019, par une crise politique, économique et sociale, Mgr Lalanne affirme avoir été frappé par les nombreux gestes de solidarité et de charité. Il nous a également confié, lors de son passage dans nos locaux, avoir été touché par la joie de vivre et l’espérance du peuple libanais et invite à «une conversion personnelle et collective».

Entretien avec Mgr Lalanne, évêque de Pontoise

Vous venez de visiter un pays extrêmement éprouvé, que vous ont transmis les Libanais ?

J’ai été très frappé, dans les paroisses, par le fait que la dimension de la solidarité et de la charité est vraiment vécue en actes et j’ai perçu combien au Liban la solidarité familiale est essentielle. C’est pour moi quelque chose d’exemplaire. Dans le jumelage que nous lançons avec le vicaire patriarcal de Sarba l’un des points majeurs sera les familles car nous avons à nous enrichir les uns les autres de nos pratiques, de notre pastorale, de la manière dont on prend soin des familles.

Quel peut être aujourd’hui le rôle de l’Église de France auprès du peuple libanais, en grande souffrance, notamment à travers les jumelages ?

J’ai perçu qu’il y avait une grande tendresse pour l’Église de France. Nous allons pouvoir faire des choses ensemble à travers un échange de dons, nous allons aider à développer les solidarités. Mais Mgr Paul Rouhana m’a dit que la première chose qu’il attendait de cette initiative était un jumelage spirituel, une fraternité spirituelle. De très nombreuses personnes m’ont demandé « priez pour nous » parce que l’on constante une forte désespérance. Il y a toutefois un désir de s’en sortir mais les Libanais ne voient pas comment.

Comment, dans ce contexte, le peuple libanais a-t-il accueilli les paroles du Pape François le 1er juillet dernier lors de sa rencontre, au Vatican, avec les leaders chrétiens du pays ?

Tout ceux que j’ai rencontré étaient extrêmement heureux d’avoir été encouragés par le Pape. Le fait qu’il ait annoncé qu’il visiterait un jour le Liban a rempli les Libanais de joie et d’espérance alors que les issues, notamment politiques, sont difficiles. Cela suppose une conversion personnelle, ainsi que des conversions pastorales et collectives afin que les pouvoirs ne prennent pas le dessus sur le bien commun.  

La crise actuelle a contraint de nombreux Libanais à quitter leur pays. Avez-vous abordé cette grave question lors de votre visite ?

C’est une importante question, surtout concernant les jeunes. Certains m’ont confié, presque sous le secret, que leurs enfants devraient quitter le pays après le baccalauréat. Ils savent pourtant qu’il est très important que les enfants et les jeunes adultes soient des partenaires de la construction de la paix au Liban. Mais la situation est extrêmement difficile. La dévaluation [de la livre libanaise] est très lourde de conséquences au niveau social. Je n’ai vu que des pompes à essence avec des files de voitures interminables. Le pouvoir d’achat est très maigre et il est difficile de subvenir aux besoins d’une famille. Il faut qu’il y ait une prise de conscience politique, avec les pays de la région. L’enjeu est phénoménal pour l’avenir du Liban.

En raison de la corruption, de la pauvreté et du chômage, la situation est de plus en plus sombre au Liban. Avez-vous néanmoins perçu, à travers vos rencontres, un peu de lumière ?

Oui et je suis frappé par la joie de vivre des Libanais malgré leurs conditions et tout ce qu’ils ont vécu. Il y a aussi une espérance contre toute espérance qui manifeste que ces chrétiens sont bien les disciples du Christ et que la communauté à une grande importance. On constate que les assemblées de prière sont essentielles et fondent leur espérance. Il y a une foi vive, et peut-être qu’au sein même de situations difficiles la foi peut s’exprimer et déplacer des montagnes, et l’on sait ce que sont les montagnes au Liban.

 

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16 juillet 2021, 16:21