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L'église catholique romaine de la Visitation à Jérusalem, le 29 mars 2021. L'église catholique romaine de la Visitation à Jérusalem, le 29 mars 2021.  

Mgr Pizzaballa: la Terre Sainte a besoin d'actions, non de déclarations

À l'issue de la 94e assemblée plénière de la Roaco, l’organisme d’aide aux Églises d’Orient, qui s'est penchée sur la situation au Moyen-Orient à Rome du 21 au 24 juin, le patriarche latin de Jérusalem appelle à l'abandon de la rhétorique au profit de gestes concrets: «L'objectif est de rétablir la confiance des gens en changeant la réalité des petits contextes dans lesquels nous travaillons».

Federico Piana - Cité du Vatican

«En Terre Sainte, depuis des décennies, un conflit politique, qui prend de plus en plus de connotations religieuses, provoque de profondes lacérations au sein des familles et dans la vie des gens. Si nous voulons donner un avenir à la Terre Sainte, nous devons rétablir la confiance entre les personnes qui y vivent».

Mgr Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, dresse le bilan de la 94e assemblée plénière de la ROACORiunione delle Opere per l'Aiuto delle Chiese Orientali- qui s'est achevée jeudi 24 juin à Rome.

En présence des nonces apostoliques en mission dans les pays du Moyen-Orient, l'assemblée s'est penchée sur la situation dans l'ensemble de ces nations tourmentées, mais aussi sur celle de pays comme l'Éthiopie, l'Arménie ou la Géorgie. «Le bilan de la ROACO est toujours positif car des décisions très concrètes sont prises dans cette assemblée», relève à ce titre le patriarche Pizzaballa.

Quels problèmes et quels espérances ont été mis en évidence?

-Nous partons toujours d'une analyse socio-politique qui, malheureusement, est très négative, non seulement pour la Terre Sainte mais pour toutes les régions où l'aspect politique provoque des divisions, des luttes de pouvoir, de la corruption. Par la suite, nous avons examiné la vie de l'Église dans ces situations: aux côtés des nombreux problèmes, nous avons trouvé différentes formes de résilience, une attitude active, proactive, que l'on peut remarquer dans les nombreux projets concrets que la ROACO a analysés. 

 

Dans son message à la plénière de la ROACO jeudi, le Pape François a déclaré qu'en Terre Sainte, il fallait reconstruire les personnes avant les édifices…

- Le Souverain pontife a raison. En Terre Sainte, les bâtiments et les monuments ne manquent pas. Il est maintenant nécessaire de rétablir la confiance des personnes.

Comment y parvenir, quelle est la marche à suivre?

- Tout d'abord, il y a une chose à éviter: les déclarations. Nous en avons eu des milliers et elles n'ont rien changé. Pour rétablir la confiance, nous devons faire des gestes concrets sur le terrain, des gestes qui peuvent réellement changer la vie des gens. La rhétorique ne sert à rien.

Le Pape a demandé à plusieurs reprises que son encyclique sur la fraternité et l'amitié sociale "Fratelli tutti" soit prise comme point de référence. Peut-elle vraiment être un instrument utile pour pacifier la situation en Terre Sainte?

- Oui. Il y a ici différents peuples et religions qui, fondamentalmeent, pensent que pour construire leur propre avenir, on doit éviter les relations avec les autres. Au contraire, Fratelli tutti nous rappelle que nous sommes tous frères et sœurs et que l'avenir est le même pour tous, il nous unit et nous devons le construire ensemble.

Comment l'Église catholique peut-elle faire avancer le projet de réconciliation pour la Terre Sainte?

- La première étape consiste à ne pas supposer que nous serons capables de changer le monde. Ce que nous pouvons faire, c'est changer la réalité dans les petits contextes dans lesquels nous travaillons, en rencontrant des personnes de toutes les confessions et cultures. Nous devons faire preuve d'un style ouvert et cordial, sans pour autant être défaitistes.

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26 juin 2021, 08:40