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Distribution de nourriture par des bénévoles dans un village de l'État Shan (Birmanie), le 10 juin 2021 Distribution de nourriture par des bénévoles dans un village de l'État Shan (Birmanie), le 10 juin 2021 

Birmanie: les évêques demandent l'ouverture d'un couloir humanitaire

Dans une lettre, l’épiscopat birman réclame davantage d'aide pour les populations menacées par la famine. La Birmanie, minée par un conflit interne depuis le 1er février dernier, est désormais au bord de la catastrophe humanitaire.

«Nous plaidons pour que le corridor humanitaire soit autorisé à atteindre les masses affamées où qu'elles se trouvent. Ce sont nos citoyens et ils ont un droit fondamental à la nourriture et à la sécurité». Telle est la requête des évêques birmans exprimée dans une lettre publiée vendredi 11 juin, et signée par le président de l'épiscopat, le cardinal Charles Maung Bo, son secrétaire général, Mgr John Saw Yaw Han, et 11 autres évêques du pays.

Les prélats, rappelant que des milliers de personnes ont cherché refuge dans des églises et dans la jungle et que trois lieux de culte du diocèse de Loikaw ont été récemment attaqués, appellent également les militaires à respecter les normes internationales, selon lesquelles «les églises, les pagodes, les monastères, les mosquées, les temples, les écoles et les hôpitaux sont reconnus comme des lieux de refuge neutres pendant un conflit»«Nous lançons un appel pour que ces lieux ne soient pas attaqués et que les personnes qui s'y réfugient soient protégées», insistent-ils.


«La paix est encore possible»

Les évêques birmans exhortent les diocèses de tout le pays à prier – messes, chapelet, adoration eucharistique - pour que la paix revienne, après plus de cinq mois de conflit.

«Personne n'a gagné de guerre dans ce pays. Il est de notre devoir d'œuvrer pour la paix. La Birmanie mérite de faire partie de la communauté des nations (…) en investissant dans la paix. La dignité humaine est un don de Dieu et aucune violence ne peut nier cette aspiration inhérente aux personnes. Mais cela ne peut se faire que par des moyens pacifiques. C'est la leçon de l'histoire. La paix est encore possible. La paix est le chemin», indique encore l’épiscopat.

Le père Aloysius Thet Htwe Aung, directeur de Caritas (Karuna) Loikaw, a expliqué à l’agence UCA News combien l’acheminement de l'aide humanitaire aux personnes déplacées se complique, par exemple à cause des barrages routiers. «Les choses empirent, constate le prêtre, et nous craignons que les personnes déplacées ne meurent de faim si la situation ne s'améliore pas». À Loikaw, de nombreux habitants des villages voisins – notamment des personnes âgées ou malades, des femmes et des enfants – sont venus trouver refuge dans la salle paroissiale, le couvent, la clinique et l’ancienne église, précise-t-il.


Une population menacée de toutes parts

Au total, plus de 175 000 personnes ont été déplacées dans les États de Kachin, Karen, Chin, Kayah et Shan depuis le coup d'État militaire du 1er février 2021, selon le HCR. Depuis cette date, au moins 860 personnes auraient également été tuées par les forces de sécurité, principalement des militants pro-démocratie, et plus de 4800 seraient détenus arbitrairement, selon l’AFP. Par ailleurs, des milliers de personnes déplacées - en particulier des personnes âgées et des enfants - pourraient mourir dans la jungle, faute de nourriture, d'eau, d'équipements sanitaires ou de soins médicaux.

La Haute-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Michelle Bachelet, a expliqué vendredi que l'escalade des violences en Birmanie depuis le putsch avait plongé ce pays dans «une catastrophe pour les droits humains». «Les dirigeants militaires sont chacun responsables de cette crise et doivent être tenus de rendre des comptes», a-t-elle ajouté.

Vatican News Service - AP

 

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12 juin 2021, 12:31