Recherche

Un migrant vénézuélien vendant des protections pour smartphone dans une rue de Bogota, la capitale colombienne, le 9 février 2021. Un migrant vénézuélien vendant des protections pour smartphone dans une rue de Bogota, la capitale colombienne, le 9 février 2021. 

La Colombie se réjouit du message de François pour les migrants vénézuéliens

«Nous, les évêques de Colombie et le peuple de Dieu, recevons avec une grande joie le message du Saint-Père qui nous encourage et nous renforce dans notre engagement envers la population migrante», explique l'archevêque de Bogota, Mgr Luis José Rueda Aparicio, dans un entretien avec Vatican News.

Manuel Cubías - Cité du Vatican

Dimanche 14 février, après avoir prié la prière mariale de l'Angélus, le Pape François a exprimé sa gratitude pour ceux qui œuvrent en faveur des migrants. À cette occasion, il s'est notamment joint aux évêques de Colombie pour remercier les autorités colombiennes de leur décision «d'appliquer le statut de protection temporaire des migrants vénézuéliens présents dans le pays, en favorisant leur accueil, leur protection et leur intégration».

La Conférence épiscopale colombienne et Caritas Colombie avaient publié une déclaration le 10 février, en réponse à l'annonce faite par le gouvernement national sur la mise en œuvre du statut de protection temporaire des migrants vénézuéliens, comme mécanisme de régularisation de cette population. «Sa mise en œuvre sera un acte fraternel qui ouvre les portes, pour garantir que cette population qui arrive sur notre territoire puisse jouir des droits fondamentaux de tous et puisse accéder aux possibilités d'une vie digne», est-il indiqué.

La rédaction hispanophone de Radio Vatican – Vatican News a interrogé à ce sujet Mgr Rueda Aparicio, archevêque de Bogota, la capitale colombienne.

L'Église colombienne considère le statut temporaire pour les migrants vénézuéliens comme un instrument précieux, comme l'indique le communiqué de la semaine dernière. Pourriez-vous nous dire en quoi ce statut est bénéfique pour les migrants vénézuéliens et pourquoi cette législation est nécessaire aujourd'hui?  

La Colombie a été un pays très généreux en ce qui concerne l'accueil de la population vénézuélienne. Nous sommes l'un des pays qui comptent le plus grand nombre de migrants vénézuéliens souhaitant rester dans la région, mais il nous manquait un instrument juridique qui puisse apporter la stabilité et garantir l'intégration de cette population dans notre société. Par conséquent, de nombreux migrants ne pourraient pas avoir accès au travail et à d'autres mécanismes qui leur permettraient de vivre dans la dignité. Le statut répond à ce besoin et crée les conditions pour que la population migrante puisse contribuer de manière très positive à la réalité colombienne, tant dans le domaine de la main-d'œuvre que dans sa richesse culturelle.

Cette mesure était nécessaire, car la migration entraîne la violation des droits fondamentaux. Grâce au statut migratoire, ces personnes qui ont fui leur pays en raison de la précarité de leur situation économique auront la possibilité d'être prises en charge sur un pied d'égalité avec les citoyens colombiens.

Nous sommes unis par des liens historiques dans lesquels nous avons construit un horizon commun qui est aujourd'hui renforcé par cette mesure. De nombreux migrants vénézuéliens attendent depuis longtemps la possibilité de reconstruire leur vie dans la société colombienne et ce mécanisme de protection permettra à un grand nombre d'entre eux de le faire.

Dimanche, après l'Angélus, le Pape a remercié la Colombie pour le statut de protection temporaire des migrants vénézuéliens. Comment la Colombie réagit-elle aux paroles de François?

Les évêques de Colombie et le peuple de Dieu reçoivent avec une grande joie le message du Saint-Père qui nous encourage et nous renforce dans notre engagement envers la population migrante. Nous travaillons depuis de nombreuses années, avec les différentes juridictions ecclésiastiques, les communautés religieuses et les mouvements apostoliques, pour parvenir à l'intégration de cette population et lui offrir un soutien humanitaire dans différents domaines.

Le message du Saint-Père a été très bien accueilli dans les médias et dans l'opinion publique: c'est une reconnaissance claire de l'effort que la Colombie fait au milieu des circonstances qui ont généré la pandémie, la pauvreté croissante et avec les nombreuses affections provenant du conflit armé qui continue encore. Le Saint-Père donne une voix d'espoir pour toute notre société et nous invite à continuer à avancer dans la compréhension que nous sommes tous frères et sœurs, membres d'une même famille, fils et filles d'un même Père.

Quelles autres actions sont nécessaires pour que l'initiative de statut de protection temporaire soit réellement efficace pour les plus de 1,5 million de migrants vénézuéliens qui vivent en Colombie?

La route est longue, mais le statut est la porte de l'espoir qui s'ouvre pour améliorer les conditions de vie de la population migrante vénézuélienne. Nous sommes conscients qu'à l'intérieur de notre pays, il y a une très grande tâche à accomplir pour améliorer également les conditions de vie de centaines de milliers de familles à faibles revenus. Ce statut sera certainement accompagné de mesures complémentaires pour garantir le travail et l'accès aux moyens de subsistance de la population migrante.

En tant qu'Église, nous devons continuer à travailler pour éviter toutes les formes de discrimination ou de xénophobie qui apparaissent facilement lorsque, dans des conditions de besoin énorme, on estime que les autres sont en concurrence pour l'accès aux ressources de base. Nous devons continuer à travailler sur l'accompagnement psychosocial et spirituel, étant donné que de nombreuses personnes ont laissé derrière elles leur famille et leurs racines et sont souvent confrontées à des situations de grande douleur en raison de la séparation.

La population migrante a besoin de beaucoup de soutien international pour générer des projets qui favorisent la performance, le développement et l'émergence économique de cette population, afin que sa seule source de revenus ne soit pas le travail informel ou la mendicité. Les entreprises et les institutions privées doivent créer des sources d'emploi qui profitent aux Colombiens et aux populations migrantes en situation de vulnérabilité sur une base équitable.

La réponse d'assistance sera toujours nécessaire dans des conditions d'urgence, mais la grande majorité de la population migrante présente dans notre pays a vocation à rester, nous devons donc les aider à comprendre qu'ils peuvent eux-mêmes être protagonistes, dans leur insertion, de la vie économique et sociale de notre pays, comme le Pape François le martèle en se basant sur les principes de la Doctrine sociale de l'Église: nous devons les accueillir, les protéger, les intégrer et les promouvoir.  Nous devons également être conscients que la situation au Venezuela ne changera pas dans un avenir proche, nous devrons donc réfléchir à une réponse pour régulariser ceux qui continuent à décider de venir dans notre pays pour y chercher un avenir meilleur.

Enfin, il est nécessaire de continuer à renforcer la solidarité et la fraternité de notre peuple en tant que geste de soutien au peuple vénézuélien et à ses besoins.


 

 

 

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

16 février 2021, 12:14