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Un prêtre et un fidèle aux Philippines, en avril 2020 Un prêtre et un fidèle aux Philippines, en avril 2020 

Radio Vatican, aux côtés des missionnaires dans les périphéries du monde

Rome est à des milliers de kilomètres de chez eux, mais quand ils allument leur poste de radio ou leur ordinateur, elle devient toute proche. Des prêtres, missionnaires pour la plupart, témoignent à l’occasion des 90 ans de Radio Vatican. La «voix du Pape» remplit à leur yeux un rôle essentiel d’information, mais pas seulement.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Que fait un missionnaire qui se déplace en voiture, d’un village à l’autre, dans la brousse centrafricaine? Il écoute la radio, avec pour choix de stations: quelques radios locales; RFI, très diffusée sur le continent africain; ou Radio Vatican, autre ouverture sur le monde et surtout sur l’Église universelle, atteignant les coins les plus reculés grâce aux ondes courtes. Le père Aurelio Gazzera est un religieux carme d’origine italienne, en Centrafrique depuis 1992, à Baoro depuis novembre dernier. La “voix du Pape” est pour lui un vecteur d’information, mais aussi de communion. «On se sent vraiment dans une famille, donc on sait que lorsqu’il y a un membre qui est dans la joie, tout le monde est dans la joie; quand un membre est dans la souffrance – et malheureusement pour nous c’est souvent le cas – tout le monde participe à sa souffrance, à ses douleurs», explique-t-il. 


Au service de la paix et de la vérité

La radio comme antidote au repli sur soi: c’est aussi ce qu’expérimente le frère Georges Sabé, mariste à Alep (Syrie) depuis 2012. Il écoute Radio Vatican chaque soir, moment plus calme dans ses journées chargées. Écoute mutuelle: dans l’épreuve de la guerre civile, frère Georges a plusieurs fois témoigné sur notre antenne. Qu’il soit auditeur ou invité, le religieux mesure ce qu’apporte la radio quand tout semble aller de mal en pis. «Vous pouvez être notre porte-parole. Vous imaginez que vous nous donnez cette chance d’avoir accès à un auditoire dans le monde qui puisse écouter la vérité, la réalité. Je crois qu’une des missions de radio Vatican est la construction de cette paix à travers le monde, de relier les gens ensemble, et de donner une communion entre les peuples, les civilisations, les cultures, et les réalités, mais dans la vérité», assure-t-il.

Transmettre la vérité est également un enjeu crucial en Centrafrique, comme le laisse entendre père Aurelio. «Les gens écoutent beaucoup [la radio], presque tout le monde a un petit poste. Dans le diocèse nous avons une radio diocésaine qui est aussi en lien avec Radio Vatican (…). On a aussi quelques radios communautaires. Par exemple à Bozoum où j’étais, on en avait ouvert une. C’est très important parce qu’elles sont très écoutées. C’est un moyen d’éduquer, de former, d’évangéliser aussi, dans un pays comme la Centrafrique où il y a beaucoup de rumeurs, de “on-dit”, de fake news. La radio est un élément important qui permet de calmer un peu les esprits et de donner quelque chose de positif».


Un appui pour évangéliser

Une fenêtre ouverte sur la lumière extérieure; un pont entre les pays, dans l’écoute réciproque: le père Philippe Blot perçoit lui aussi la mission de l’antenne vaticane de cette manière. «Ces moyens-là nous permettent de quitter un peu notre «chez soi» et d’essayer de connaître toutes les choses qui se vivent en Europe, en Amérique latine, et en Afrique, donc d’ouvrir notre cœur à d’autres problèmes et à d’autres joies que vivent des Églises qui sont loin de chez nous, mais on voit bien que c’est le même Seigneur qui anime tout cela», témoigne-t-il. Depuis 1990, ce prêtre de la Société des Missions Étrangères de Paris vit en Corée du Sud. Il habite actuellement à Gunpo, gérant 3 foyers d'accueil pour enfants et adolescents issus de milieux défavorisés, et deux maisons de retraite pour personnes âgées. Le père Blot travaille également pour l'aide des réfugiés nord-coréens en Chine.

Entre Radio Vatican, L’Osservatore Romano et l’agence Zenith, le missionnaire français passe du temps à s’informer… et à transmettre, par exemple les textes du magistère relayés sur le portail vaticannews.va. «Avant d’arriver dans d’autres pays, il faut que ce soit traduit, ce qui prend tout de même du temps. Cela permet donc de les connaître un peu avant, de partager cela aux gens, de leur donner un premier aperçu. Ce que le Pape nous dit aussi, par exemple au niveau du coronavirus: c’est important de savoir aussi ce que le Pape pense, ses intentions, pour qu’on puisse ensuite le partager aux gens qui sont autour de nous». Radio Vatican nourrit aussi son ministère sacerdotal: «Cela m’aide beaucoup aussi dans la prière. Lors de la messe que je dis tous les jours, je fais entrer ce que j’ai entendu à Radio Vatican, ce que j’ai lu. J’essaie de faire entrer cela dans ma messe quotidienne pour que les gens soient ensuite bénis», confie le prêtre.


Réunis dans la prière

Les ondes constituent aussi un soutien spirituel en Syrie. «Parfois ce n’est pas facile de prier dans des situations de guerre ou d’isolement, dans des situations sociales très difficiles. Vous nous aidez aussi à prier, et dans cette prière il y a les intentions du Saint-Père, mais il y a aussi les intentions du monde. C’est une mission que vous [devez vivre] en tant que radio», souligne le frère Georges Sabé. «On se sent portés par l’Église entière, et on est poussés à prier pour l’Église universelle, grâce à tous ces moyens», complète le père Blot.

Depuis 90 ans, la voix du Pape tisse donc dans l’invisible une véritable fraternité, au sein l’Église et au-dehors. Dans un paysage médiatique foisonnant, elle demeure une radio singulière, puisant à la source de l’Évangile. Qu’elle résonne dans une mégapole ou dans un village isolé, elle aide les apôtres d’aujourd’hui à vivre l’exhortation du Christ: «Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création» (Mc 16, 20). 

Audio: Radio Vatican aux côtés des missionnaires

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12 février 2021, 08:10