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RCA: le paradigme synodal peut inspirer le dialogue républicain

Réunis pour leur assemblée plénière à Bambari du 20 au 27 juin 2022, les évêques de la République Centrafricaine ont notamment échangé sur la marche synodale ainsi que sur les défis humanitaire, sécuritaire et socioéconomique auxquels est confronté leur pays. Ils ont appelé le gouvernement à trouver des solutions pour soulager les souffrances de leurs concitoyens.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican 

Dans leur message intitulé: «Pour une église synodale. "Par la charité, mettez-vous au service les uns des autres"», les évêques centrafricains rappellent que «le paradigme de la synodalité, celui de marcher ensemble avec et malgré nos différences, peut inspirer de manière significative la marche de notre pays»; une conviction déjà partagée dans leur message de janvier 2022. C’est pour eux un modèle qui peut amener à l’unité une Centrafrique enlisée dans des tensions diplomatiques et géopolitiques, qui recherche à construire une paix autour du dialogue républicain et qui est confrontée à de graves crises sécuritaire, morale, civique et éducative.

Un contexte sociopolitique complexe et difficile

Malgré des progrès dans le sens d’un retour à la paix en Centrafrique, les évêques décrivent un contexte sociopolitique complexe et difficile, miné par des groupes armés qui sévissent et contrôlent encore des zones entières du pays. Leur présence continue à paralyser la vie des populations et à entraver la libre circulation des biens et des personnes, ainsi que le fonctionnement des écoles et établissements publics. Moins équipés, les militaires ne savent pas défendre les populations et certains fonctionnaires désertent leurs lieux d’affectation ou refusent de s’y rendre. L’épiscopat centrafricain dit par ailleurs craindre une crise alimentaire, en raison de la destruction des champs ou du vol des bœufs. Par ailleurs la pénurie de carburant paralyse la vie socioéconomique et provoque une flambée vertigineuse des prix des denrées alimentaires et des biens de première nécessité.

Ils appellent le gouvernement à ne ménager aucun effort pour chercher et trouver des solutions, afin de soulager les souffrances du peuple centrafricain.

Arrêter les combats en Ukraine et privilégier la voie du dialogue

Deux points sont par ailleurs source d’inquiétudes et de préoccupations pour la population, notent les évêques: «des velléités autour de la révision constitutionnelle pendant et au sortir du Dialogue Républicain ainsi que la question de la crypto monnaie». A tout ceci s’ajoutent les soubresauts de la crise ukrainienne, la présence des forces étrangères russes et rwandaises engagées aux côtés de l’armée régulière centrafricaine pour la reconquête du territoire national et la pacification du pays; ce qui, selon l’épiscopat, place la Centrafrique dans une position assez délicate au niveau de la diplomatie internationale. S’agissant du conflit en Ukraine, les évêques centrafricains appellent les deux parties à arrêter le combat et à privilégier la voie du dialogue pour une paix effective; car la guerre n’est que destruction.

«La communion synodale et ses fruits»

L’épiscopat centrafricain déclare par ailleurs que les consultations lancées en vue du synode ont permis de «libérer la parole et de recueillir des fruits susceptibles de concourir à la consolidation d’une Église appelée à redécouvrir et à prendre le chemin de la synodalité», dans une voie de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux.  

Les prélats constatent aussi avec satisfaction que le processus synodal a permis d’être plus sensible au mal-être profond des faibles, des petits et des marginalisés. Dans cette catégorie, ils mentionnent «les pauvres, les orphelins, les veufs (-ves), les pygmées et les peuhls, les prisonniers, les enfants de la rue, les prostituées, les filles-mères, les chômeurs, les malades mentaux et ceux atteints du VIH SIDA, les personnes du troisième âge, les handicapés, les personnes accusées de sorcellerie».

A ces derniers s’ajoutent «les personnes qui vivent des situations irrégulières comme les polygames, les concubins, les divorcés-remariés», victimes d’une stigmatisation qui les démotivent dans la vie en société et dans l’Église. Pour ces personnes, les évêques invitent à développer une pastorale d’accueil, de compassion, d’accompagnement et de proximité.

Redécouvrir le sens évangélique et chrétien de l’autorité

Les consultations en vue du synode sur la synodalité ont aussi permis d’identifier des obstacles à la synodalité, dont l’autoritarisme, le cléricalisme et les clivages parmi les prêtres. Les laïcs ont le sentiment de ne pas être écoutés. L’église locale court ainsi le risque d’une bipolarité entre d’un côté, «les décideurs et donneurs d’ordres», et de l’autre, ceux qui ne doivent qu’obéir et exécuter. Des abus comme la soif du pouvoir se vérifient également au sein des mouvement des laïcs. Les pères dans la foi invitent les prêtres et les laïcs à redécouvrir le sens évangélique et chrétien de l’autorité en tant que service. Ils leur demandent de respecter le charisme de chaque ministère et leur proposent la méthode consultative pour plus de participation à la vie ecclésiale.

A la fin de leur message, les évêques centrafricains notent aussi la nécessité d’une évangélisation en profondeur, car nombreuses sont les difficultés qui entravent l’enracinent de l’Évangile dans les cultures locales. En conclusion, ils invitent chaque baptisé «à être un véritable artisan du synode et à répandre ses fruits dans son milieu de vie», mais aussi à capitaliser les acquis de la marche synodale pour promouvoir des valeurs justes et appropriées pour l’Église et le pays.

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28 juin 2022, 19:00