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RD Congo: Un symposium consacré à Mgr Christophe Munzihirwa

Du 28 au 31octobre 2021, la Province jésuite d’Afrique centrale a organisé à Kinshasa, un symposium à l’occasion des 25 ans du martyre du Serviteur de Dieu Monseigneur Christophe Munzihirwa Mwene Ngabo, SJ sur le thème: «Monseigneur Munzihirwa: témoignage de vie au service de Dieu et des hommes, dans la foi, la charité et l’espérance».

Donatien Nyembo SJ (avec Philippe Nzoimbengene, SJ) – Cité du Vatican

Mgr Munzihirwa cristallise en quelque sorte l’être africain façonné et assaisonné aux valeurs ignatiennes du discernement, de la liberté et de l’absolu de Dieu. Dès l’entame des assises de Kinshasa sur ce serviteur de Dieu, le père Gilbert Mbambi, modérateur du jubilé ignatien en Afrique centrale et le père Rigobert Kyungu, Provincial des Jésuites, ont offert aux participants, une utile et judicieuse anamnèse : «Monseigneur Munzihirwa, c’est l’homme aux deux sources. Il a bu à l’eau claire de deux sources providentielles et historiques». En effet, Munzihirwa s’est abreuvé à deux sources. D’une part, la culture et la spiritualité ignatiennes ; et d’autre part, la culture et la spiritualité bantoue tamisée par le complexe ethnique shi. Les deux sources tirent leur origine en Nyamuzinda, Dieu éternel, absolu et souverain.

Passion d’amour, passion de souffrance

Homme passionné de Dieu et homme passionné pour l’homme et la femme, Monseigneur Munzihirwa s’est mue en modèle pour l’homme moderne, en particulier pour l’Africain et le Congolais. Plusieurs orateurs ont décliné ce modèle sous la figure théologique et sociologique de témoin : témoin des vertus de foi, d’espérance et de charité.

Pour découvrir ce modèle et emprunter le chemin de conversion que suggère la vie de Munzihirwa, il faut presque absolument choisir la voix du silence : « Ton silence est une parole d’une grande richesse pour ceux qui savent écouter de l’intérieur ». Mais qu’est-ce qu’est le silence, sinon la mort, la mort anticipée ?

À la fin de la première journée de ce symposium, la voix du Provincial Kyungu s’est jointe  à celle du poète Bafuidinsoni pour tracer comme une première recommandation de ces assises : «Que le Congolais apprenne à mourir, à mourir pour autrui. Le grand et beau silence est celui de la mort».

La deuxième recommandation est celle de créer et promouvoir au Congo, ‘’l’esprit Munzihirwa’’ c’est-à-dire l’esprit du silence et de prière intense. Ce n’est qu’en mourant que l’on peut défendre la vie et les droits des humains, la vie et les droits de la famille et de l’enfant. Mais comme on ne peut pas se taire complètement, il nous est proposé de devenir à l’instar de Munzihirwa «des hommes et femmes de peu de paroles», selon l’expression du conférencier Père Matanzonga.

«Le dedans qui influence le dehors» ou l’évangile de l’humilité

Quelques orateurs (évêques, prêtres et laïcs) se sont risqués à la tâche délicate et inépuisable de circonscrire la foi et la spiritualité de Monseigneur Munzihirwa : approcher le «dedans qui influence le dehors» de l’homme et du pasteur Munzihirwa. Eucharistie, engagement et Marie, voilà la triade qui peut résumer la spiritualité de Monseigneur Munzihirwa. Sous les auspices des Écritures et avec l’héritage des pères apostoliques, les participants ont découvert en Munzihirwa un mystique africain : un homme qui voit celui qui est invisible et qui a tenu ferme ( cf. He 11, 27).

Perspectives

Dans le discours de clôture, le père Ferdinand Muhigirwa, président du comité d’organisation de ce symposium, a dressé un tableau des perspectives qui se ramènent en une seule :  celle que nous souffle un nouveau docteur honoris causa. Un docteur d’humilité, un docteur de justice, un docteur qui pleure, un docteur de la consolation, un docteur qui nous ouvre à la parousie. Les perspectives sont tracées par ce sage qui dit, d’une voix prophétique, que nos grandeurs sont une somme de bêtises, de vanités ridicules, tant que nous ne nous occupons pas des petits et des pauvres, ces autres docteurs, amis du sage Munzihirwa. C’est pourquoi les jésuites de l’Université Loyola au Congo ont fondé, à la fin de ses assises, la fondation Munzihirwa pour des bourses d’excellence : excellence des petits, excellence des ceux qui vont accepter de mourir, ne fût-ce qu’un peu, pour un monde meilleur, pour une Afrique de valeurs et pour un Congo de vérité.

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04 novembre 2021, 12:39