Recherche

Mgr Gabriele Caccia, Observateur permanent du Saint-Siège à l'ONU Mgr Gabriele Caccia, Observateur permanent du Saint-Siège à l'ONU 

À l’Onu, Mgr Caccia insiste sur l’importance de prévenir une guerre nucléaire

L’observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU, Mgr Gabriele Caccia, est intervenu mercredi 3 avril à la 78ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies sur les armes nucléaires et les technologies émergentes. Soulignant l’importance d’un dialogue en vue d’un consensus entre les États pour prévenir une guerre nucléaire, il a insisté sur l’utilité d’assurer un contrôle humain adéquat, significatif et cohérent des armes autonomes.

Vatican News

Dans son discours sur les armes nucléaires, Mgr Caccia a attiré l’attention sur le contexte que vit le monde actuellement, marqué par des conflits. Il a regretté «une rhétorique de plus en plus menaçante concernant l'utilisation d'armes nucléaires». En réponse, a-t-il poursuivi, «il est essentiel que cette rhétorique soit rejetée comme étant odieuse et inacceptable en toutes circonstances», car si l'on veut la paix et la stabilité internationale, l'on ne doit pas construire sur la peur de la destruction mutuelle ou la menace d’un anéantissement total. Ces deux objectifs de la paix et de la stabilité ne peuvent être atteints que sur base d’une éthique mondiale de solidarité et de coopération, ainsi que sur base d’une responsabilité partagée de toute la famille humaine, a-t-il déclaré, en faisant référence aux propos du Pape François.

Le dialogue entre les États est vital pour mettre fin à la prolifération des armes nucléaires

L’observateur du Saint-Siège a ensuite constaté qu’«à ce stade critique, les progrès réalisés jusqu'à présent en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires sont au point mort et, dans certains cas, sont en train de s'inverser». Face à ce défi, Mgr Caccia préconise le dialogue entre les États comme seul moyen vital pour parvenir à un consensus sur les "Recommandations en vue de réaliser l'objectif du désarmement nucléaire et de la non-prolifération des armes nucléaires". Il estime que ces recommandations doivent inclure l'impératif d'universaliser les traités sur lesquels le régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires est ancré, à savoir le traité de non-prolifération nucléaire (TNP), le traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) et le traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN). Ces mesures progressives et complémentaires sur des armes nucléaires reflètent la conscience croissante du public du fait que «l'utilisation d'armes nucléaires, ainsi que leur simple possession, est immoral"», car la possession conduit facilement à des menaces d'utilisation, et au chantage, a-t-il souligné.


Prévenir le déclanchement d’une guerre nucléaire

Le représentant du Saint-Siège a indiqué que le TIAN, en particulier, continue de fournir un moyen de faire progresser les engagements en matière de désarmement, y compris ceux énoncés à l'article VI du TNP. Il a aussi souligné l’importance des résultats de la deuxième réunion des États parties à la Convention sur les armes nucléaires, qui offrent un cadre permettant de progresser «vers un monde exempt d'armes nucléaires, d'aider les victimes et d'assainir les environnements affectés par l'utilisation et les essais de ces armes». La délégation du Saint-Siège, a-t-il indiqué, espère que les mesures énoncées pourront être intégrées «dans les Recommandations, parallèlement aux mesures visant à prévenir le déclenchement d'une guerre nucléaire et à réduire le risque nucléaire». «Bien que ces mesures ne se substituent pas au désarmement nucléaire, elles sont susceptibles de réduire les souffrances humaines actuelles et potentielles causées par les armes nucléaires. Comme l'a reconnu l'Assemblée générale, "la responsabilité de remédier aux dommages résultant de la détention, de l'emploi ou de l'essai d'une arme nucléaire [...] incombe, respectivement, aux États membres qui les ont causés"», a déclaré Mgr Caccia.

Évaluer les technologies émergentes en fonction de la dignité de la personne humaine

Intervenant ensuite à la session sur les technologies émergentes, l’observateur permanent du Saint-Siège a fait observer que tout traitement des technologies émergentes reste intimement lié au «sens de l'existence humaine, à la protection des droits de l'homme fondamentaux et à la poursuite de la justice». Si le monde ne tient pas compte de ces préoccupations, il sera difficile d'instaurer la confiance d'une manière qui favorise une paix durable. C’est en gardant la dignité universelle de la personne humaine comme point de départ, et la poursuite du bien commun comme objectif, que les discussions sur les technologies émergentes peuvent éviter de considérer le monde comme objet d’exploitation, d'utilisation effrénée et d'ambition illimitée, a-t-il indiqué.


Utiliser les technologies émergentes pour la justice et la paix

Citant le Pape François dans Laudato Si', Mgr Caccia a déploré le fait que «notre immense développement technologique ne soit pas accompagné d'un développement de la responsabilité, des valeurs et de la conscience humaines». Il en a aussi appelé à la coopération des États et à la collaboration des organisations internationales, pour réglementer de manière préventive, les implications mondiales des récompenses et des risques apparents des technologies émergentes.

Pour le représentant du Saint-Siège, le véritable progrès ne peut être trouvé que dans l'application des technologies émergentes à la poursuite de la justice et de la paix, plutôt que dans l'aggravation des inégalités et des conflits. Si cette 78ème session avait pour objectif d’établir la transparence et la confiance entre les États, concernant l'application militaire de ces technologies, Mgr Caccia a souligné l’importance de mettre au centre des discussions le concept de dignité humaine, car «la valeur fondamentale d'une personne ne peut pas être mesurée uniquement par des données». Il a aussi mis en garde contre ce que le Pape François décrit comme le «paradigme technocratique», selon lequel tout progrès technologique est légitime et méritoire en soi. Tout accroissement de puissance ne représente pas nécessairement un progrès pour l'humanité, a-t-il indiqué.

Assurer un contrôle humain adéquat, significatif et cohérent de systèmes d’armes

Parlant de l’utilisation des technologies émergentes dans le domaine militaire, le représentant du Vatican estime que l'utilisation de «systèmes de contrôle à distance a conduit à une perception moindre de la dévastation causée par ces systèmes d'armes et du poids de la responsabilité de leur utilisation, ce qui a entraîné une approche encore plus froide et détachée de l'immense tragédie de la guerre». Le développement et l'utilisation de systèmes d'armes autonomes létaux (SALA) dépourvus du contrôle humain approprié, poseraient des problèmes éthiques fondamentaux, étant donné que les Systèmes d’armes létales autonomes ne pourront jamais être des sujets moralement responsables, capables de se conformer au droit humanitaire international, a-t-il fait remarquer. Il est ainsi impérieux d'assurer «un contrôle humain adéquat, significatif et cohérent des systèmes d'armes», afin d'instaurer la confiance d'une manière qui favorise une paix durable, a-t-il déclaré.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

04 avril 2024, 16:24