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Cimetière de Mykolaïv, 21 mars 2022 Cimetière de Mykolaïv, 21 mars 2022  (ANSA) Éditorial

Jusqu'à quand?

Ce 24 février marque le deuxième anniversaire du début de l’invasion russe de l’Ukraine.

Andrea Tornielli* - Cité du Vatican

Bien que les terribles informations qui nous sont parvenues de Terre Sainte ces derniers mois, et maintenant la mort du dissident russe Alexeï Navalny, aient éclipsé le récit de la guerre en Ukraine, nous voulons aujourd'hui nous souvenir. Nous le faisons ces jours-ci en donnant la parole aux témoins, à ceux qui ne cèdent pas à la logique de la haine, à ceux qui continuent à prier et à agir pour soulager les souffrances d'une population écrasée par 24 mois de bombardements. Nous l'avons fait en laissant parler les chiffres, car la réalité crue de ce qui se passe, souvent loin des projecteurs, décrit l'inhumanité absurde de cette guerre. Des dizaines de milliers de vies humaines sont sacrifiées pour conquérir quelques kilomètres de territoire, des dizaines de milliers d'hommes jeunes et moins jeunes sont blessés ou mutilés, des villes ukrainiennes entières ont été rasées au sol, des millions de personnes déplacées vivent à l'étranger, des milliers de mines sont posées pour menacer la vie future de la population innocente... Que doit-il encore se produire pour que l'agression cesse et que nous puissions nous asseoir autour d'une table pour négocier une paix juste?

 

Les innombrables appels du Pape François pour attirer l'attention sur «l'Ukraine tourmentée» sont restés lettre morte. La guerre et la violence semblent être devenues le moyen de résoudre les différends. La course aux armements en vue de guerres futures est désormais un fait acquis et accepté comme inéluctable. L'argent qui ne peut jamais être trouvé pour construire des jardins d'enfants et des écoles, pour financer des soins de santé fonctionnels, pour lutter contre la faim ou pour promouvoir la transition écologique en vue de préserver notre planète, est toujours disponible lorsqu'il s'agit d'armement. La diplomatie reste muette face aux sirènes de la guerre. Les mots tels que paix, négociation, trêve, dialogue, sont regardés avec méfiance. L'Europe ne s’est pas faite beaucoup entendre, exception faite des discours solitaires de certains dirigeants.

Jamais auparavant il n'a été autant nécessaire de ne pas céder à la logique de la guerre. Il faut continuer à invoquer de Dieu le don de la paix, comme le fait inlassablement le Successeur de Pierre, en sachant discerner les braises de l'espérance qui couvent sous la couverture toujours plus épaisse des cendres de la haine. Il faut un nouveau leadership prophétique, créatif et libre, capable d'oser, de parier sur la paix et de prendre en charge l'avenir de l'humanité. Il faut l’engagement responsable de tous pour faire entendre avec force et détermination la voix de ceux qui ne se soumettent pas à la logique «caïniste» des «seigneurs de la guerre» qui menace de nous conduire à l'autodestruction.

*Directeur éditorial des médias du Vatican

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24 février 2024, 15:00