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Basilique Saint-Pierre: le célèbre baldaquin du Bernin restauré en vue du Jubilé

La Fabrique de Saint-Pierre a annoncé lors d’une conférence de presse, jeudi 11 janvier, la restauration du célèbre baldaquin du Bernin de la basilique Saint-Pierre. Ces travaux, autorisés par le Pape, auront lieu de février à décembre 2024. Ils seront financièrement pris en charge par les Chevaliers de Colomb, le groupe de laïcs catholiques tenants des projets missionnaires et caritatifs, créé par l’abbé Michael J. McGivney à la fin du XIXe siècle.

Solenne Cortès – Cité du Vatican

250 ans après les importantes restaurations du XVIIIe siècle, le chef d’œuvre du Bernin va être restauré en vue de l’année jubilaire de 2025. Les travaux promettent d’être d’ampleur puisque l’immense pièce en bronze dorée de l’artiste, qui surmonte le maitre autel, mesure 29 mètres et pèse près de 60 tonnes. Ce sont 700 000 euros que les chevaliers de Colomb se sont engager à fournir pour financer un tel projet.

Une inspection minutieuse de l’édifice a permis d’observer l’étendue des dégâts, situés pour la plupart dans sa partie supérieure. De lourdes patines sombres constituées de substances graisseuses et de particules atmosphériques se sont incrustées sur certains espaces. Certaines structures en bois seraient également en cours de décollement. Un lien entre l’afflux massifs des touristes et des pèlerins –jusqu'à 50 000 par jour- serait vu comme une cause de tous ces dégâts, selon l’ingénieur Alberto Capitanucci, responsable technique de la Fabrique de Saint-Pierre.

 

Les travaux envisagés d'une durée de dix mois prévoient donc l’installation d’une sorte de «poupée russe» d’échafaudage qui engloberait le baldaquin tout en laissant l’accès au maître-autel de la basilique, explique Pietro Zander, responsable de la nécropole et des biens artistiques de la Fabrique de Saint-Pierre.

Le baldaquin doit également être «rendu aux fidèles dans son intégrité retrouvée et son éclat originel à l’occasion du début de la prochaine Année Sainte que va lancer le Pape François en décembre 2024», assure Pietro Zander. Ils nécessiteront le travail d’une équipe de dix à douze personnes.

1624-2024, un baldaquin de quatre siècles

C’est le Pape Urbain VIII qui a confié la supervision de l’œuvre au jeune architecte et sculpteur Gianlorenzo Bernini, dit le Bernin. L’homme cependant n’était pas seul et de nombreux sculpteurs, fondeurs, charpentiers et ouvriers spécialisés talentueux l’ont aidé dans la construction de cet imposant édifice. Parmi eux, le célèbre Francesco Borromini. Le début des travaux a commencé il y a 400 ans, en 1624. Il a fallu neuf ans pour que le baldaquin soit achevé.

L’empreinte du Bernin y est patente. L’artiste a choisit de combiner des éléments baroques pour mettre en valeur la solennité de la pièce qui s’élève au cœur de l’Église, au-dessus du tombeau du prince des apôtres. Ainsi, l’exubérance est de taille. Les colonnes en bronze, décorées de rameaux et d’oliviers, s’élèvent en spirale donnant une impression de légèreté lorsque de nombreux éléments picturaux, liés à la famille du Pape, ajoutent au caractère grandiose de l’œuvre. L’exubérance du baldaquin lui donne des mouvements plus vrais que nature, permettant de révéler la grandeur du lieu.

La valeur symbolique du baldaquin

Les baldaquins, qu’on peut également appeler «ciboriums», possèdent une haute valeur symbolique. C’est vers le IVe siècle qu’ils ont commencé à apparaître dans les églises très spacieuses où l’autel semblait alors petit par rapport à la taille de l’édifice. Ils permettaient ainsi de valoriser l’espace le plus important de l’église.

Autrefois des rideaux étaient fixés entre les colonnes pour rappeler celui du Temple Saint à l’époque judaïque. Durant la célébration liturgique, ils étaient tantôt fermés tantôt ouverts. Évocation de la Nouvelle Alliance établie par le sacrifice de Jésus sur la Croix, lorsque «le rideau du Sanctuaire se déchira en deux» (Mt 27, 51 ). Ainsi, le baldaquin n’est pas qu’un simple ornement décoratif mais représente bel et bien toute une symbolique puisqu’il est le lieu où Jésus Christ, l’époux, rencontre son Épouse, l’Église.

Surmontant l’autel central de la basilique Saint-Pierre, le baldaquin de Bernin a pour but de souligner «la présence de l’apôtre dans la confession du Vatican», soit cet espace sacré où se trouve le tombeau de l’apôtre et premier Pape, a expliqué le cardinal Mauro Gambetti, archiprêtre de la basilique, et président de la Fabrique de Saint-Pierre, l’entité en charge de l’entretien et de la restauration de l’édifice.

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12 janvier 2024, 15:29