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Synode, 15e Congrégation générale en salle Paul VI au Vatican Synode, 15e Congrégation générale en salle Paul VI au Vatican  (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

Synode, une Église avec les pauvres, contre le cléricalisme et les abus

Lors du point de presse du samedi 21 octobre en salle de presse du Saint Siège, les thèmes des échanges en cours ont été commentés: du rôle des femmes à la défense des mineurs et des personnes vulnérables. Paolo Ruffini a fait aussi état de «témoignages très forts sur le drame des guerres dans le monde».

Vatican News

Avant le rendez-vous hebdomadaire de la retraite aux flambeaux place Saint Pierre, le synode signale sa préoccupation croissante face à la dégradation de la situation mondiale. Un appel a été lancé vendredi lors de la 15e Congrégation générale «pour aider les jeunes, dans un Moyen-Orient qui saigne, à ne pas perdre l'espérance et à ne pas avoir comme seule perspective d'avenir celle de la douleur ou celle de quitter leur pays», et «pour donner à ces jeunes, en tant qu'Église et en tant que pasteurs, les outils pour parvenir à la paix». L’après-midi du 20 octobre s'est en effet caractérisé «par des témoignages très forts, passionnés et profonds provenant de lieux de guerre ou de souffrance tels que le Moyen-Orient, l'Ukraine, l'Amazonie et au-delà».

Concernant l’avancée des travaux, les relations des 35 cercles mineurs concernant la section B3 de l'Instrumentum laboris ont été remis au Secrétariat général samedi matin. Lundi, les participants au synode se retrouveront dans la basilique Saint-Pierre pour la célébration eucharistique présidée par le cardinal Charles Maung Bo, archevêque birman de Rangoon, avant leur dernière semaine d’échanges.

En communion avec le Pape

La «question du discernement des relations décisionnelles dans la relation entre autorité et coresponsabilité» a été abordée en assemblée, a annoncé le président de la commission pour l’information, Paolo Ruffini . La synodalité, a-t-il été souligné, «n'élimine pas l'autorité mais la contextualise», rappelant que «l'autorité est nécessaire» et qu'«il ne faut pas avoir peur de chercher la confrontation ou le désaccord». Il faut aller de l'avant dans le dialogue, en s'appuyant sur «l'Esprit Saint qui transforme les lieux de combat en lieux de passage».

La priorité est l'écoute mutuelle de tous, «à commencer par ceux qui ne se sentent pas accueillis dans l'Église ou à qui on a dit qu'ils n'appartenaient pas à l'Église», comme, par exemple, «les migrants qui appartiennent à d'autres religions», les pauvres, ceux qui sont discriminés, les personnes handicapées ou encore les indigènes. En particulier, en ce qui concerne les personnes LGBTQ, Paolo Ruffini a indiqué que le devoir de les accueillir et de «rejeter toute forme de violence à leur encontre» a été rappelé dans l'hémicycle. Un autre point important abordé dans les discours a été la «communion avec le Pape»: quiconque n'est pas en communion fondamentale avec Pierre «blesse le corps du Christ qu'est l'Église». Et la communion, a conclu le préfet du dicastère pour la Communication, est le meilleur message que l'on puisse donner dans un monde pris entre les polarisations, la xénophobie et la guerre.

L’implication des femmes

Sheila Pires, secrétaire de la commission pour l'information, a mis l’accent ensuite sur le fait que parmi les thèmes abordés par l'assemblée figurait le rôle des femmes et des femmes consacrées, mettant particulièrement en lumière la nécessité de faire entendre leur voix lors de la prise de décisions. Mgr Jean-Marc Eychenne est lui aussi intervenu sur cette question lors de la conférence de presse. Parlant de son expérience, il explique que plusieurs femmes ont été responsabilisées dans son diocèse, dont une occupe le poste de secrétaire générale qui accompagne les prises de décision.

Intervention de Mgr Eychenne au Synode.

L’évêque de Grenoble a aussi évoqué ses autres expériences en milieu de pauvreté et en milieu carcéral, où il dit avoir rencontré «une grande pauvreté mais qui favorise la recherche spirituelle du Christ et de l'Évangile». Sur son parcours, Mgr Eychenne note que le principal défi à relever est celui de la coresponsabilité. À cet égard, «le Synode sur la synodalité signifie réfléchir ensemble et voir comment l'Église peut s'approprier ce concept», en passant «d'une Église de quelques coresponsables à une Église où tous sont coresponsables de l'annonce du Christ et de l'Évangile, une Église qui soit vraiment le corps du Christ où chacun exprime son opinion pour une décision finale qui concerne tout le monde». La coresponsabilité, a fait remarquer l'évêque, signifie vivre «une véritable expérience synodale». Comme celle, a-t-il expliqué, «que nous mettons en pratique lorsque le nouveau curé arrive dans notre diocèse: à cette occasion, nous accomplissons le rite du lavement des pieds, pour souligner qu'il est un serviteur». Dans la communauté, en effet, a-t-il souligné, «ce n'est pas "un" qui commande, mais un "nous" composé de jeunes, de personnes âgées, de personnes handicapées, pour dire de manière symbolique qu'il y a une responsabilité commune». Un "nous", tient-il à préciser, qui inclut également des femmes.

L'unité dans la diversité

Le cardinal jésuite péruvien Pedro Ricardo Barreto Jimeno, archevêque de Huancayo et président de la Conférence ecclésiale d'Amazonie, a commencé par rappeler que le synode «a été préparé pendant deux ans, d'abord dans les paroisses, puis dans les diocèses, ensuite au niveau national et enfin au niveau continental. Nous n'inventons rien, a-t-il dit, mais nous recueillons ce que l'Esprit Saint a dit à l'Église. Et nous, évêques, en tant que responsables d'un territoire, et en même temps coresponsables avec le Pape François de toute l'Église universelle, nous participons en tant que représentants de la majorité des évêques. En fait, nous vivons un synode des évêques. Mais il y a aussi des religieuses, des religieux, des laïcs et des prêtres».

Le cardinal Barreto s'est donc félicité de cette occasion «de recueillir l'expérience, mais aussi de vivre modestement l'expérience de l'Église universelle: diversité de races, de cultures, de langues, mais tous unis dans un seul Esprit, cet Esprit qui a pour source la Sainte Trinité. Dieu est communion, mission et participation. Cette expérience synodale nous ouvre à l'horizon de la diversité dans l'unité de Dieu». Et, s'appuyant sur son expérience personnelle de 52 ans de sacerdoce et de 23 ans d'épiscopat, il a conclu avec optimisme que «l'Église, au milieu des difficultés qu'elle rencontre, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, se met en mouvement, en marche, pour ne servir que le Christ et l'humanité».

Repentir et renouveau

Mgr Franz-Josef Overbeck, évêque d'Essen et ordinaire militaire pour l'Allemagne, a évoqué l'expérience du parcours synodal de l'Église catholique en Allemagne, qui a débuté en 2018 et s'est achevé l'année dernière. «La raison pour laquelle nous avons entamé ce chemin, a-t-il expliqué, était le grand nombre de cas d'abus constatés dans le pays». Le travail a été réalisé avec le comité central des catholiques allemands, qui rassemble une représentation des différents groupes professionnels de l'Église. «Ce chemin de repentance et de renouveau», a déclaré l’évêque, implique la nécessité de «procéder à un examen autocritique du travail de l'Église, de mettre le doigt sur le point sensible, de se demander quels changements sont nécessaires et urgents pour renouveler la vie de l'Église». Il faut donc «revenir aux lieux de la connaissance théologique, en partant du témoignage de la Bible et de la tradition catholique, des découvertes de la théologie scientifique, de la foi des fidèles et des signes des temps à interpréter à la lumière de l'Évangile», afin de rendre crédible l'annonce chrétienne. «Si la théologie, le Magistère ou la tradition et les signes des temps ont des contradictions irréductibles et irréconciliables, cela ne convaincra personne et ne donnera même pas d'orientation aux catholiques», qui ne sont que 30 % en Allemagne, contre 30 % de protestants et 40 % de non-croyants.

Quatre domaines de réflexion ont été retenus: le pouvoir, le sacerdoce, le rôle des femmes et la morale sexuelle. Cinq grandes conférences ont été organisées à Francfort pour explorer ces sujets et fournir une liste de choses à faire. Les résultats sont contenus dans une série de fiches publiées par la conférence épiscopale allemande. «Nous avons ainsi choisi une forme de travail qui a été pour nous une nouvelle manière d'être ensemble, presque une sorte de synodalité vécue au niveau de l'Église allemande», a-t-il noté, ajoutant qu'en tout état de cause «il ne s'agit pas de décisions synodales canoniquement contraignantes», même si pour leur donner plus de poids il a été décidé de n'adopter que celles votées par au moins deux tiers des évêques. En plus de trois ans, quinze décisions ont été approuvées de cette manière. «Ce cheminement, a poursuivi Mgr Overbeck, a toujours été un temps d'apprentissage et de pratique de la synodalité. Tout n'a pas toujours bien fonctionné», mais à la fin, nous nous sommes engagés à «développer un concept d'assemblée ecclésiale qui poursuive le travail des assemblées synodales». Enfin, l’évêque allemand- qui est également président d'Adveniat - a souligné la valeur de l'expérience de la Conférence ecclésiale d'Amazonie, où évêques, prêtres religieux et laïcs travaillent ensemble sur les questions de création et de protection des populations locales. Il reste fondamental, a-t-il conclu, «de toujours mettre Jésus au centre de la foi, sans s'accrocher à des habitudes et à des traditionalismes qui, soumis à un examen critique, n'ont pas de priorité dans la hiérarchie de la vérité».

Un "voyage" qui continue

Sœur Maria Nirmalini, indienne, supérieure générale des Sœurs du Carmel apostolique et présidente de la Conférence des religieux de l'Inde, le plus grand groupe de religieux catholiques au monde, avec plus de 130 000 adhérents, a pour sa part souligné la proximité dans la prière de ses compatriotes consacrées, qui l'accompagnent dans cette «belle expérience et ce merveilleux voyage» qu'est le Synode, où «chacun des participants, même sans se connaître et malgré des cultures et des milieux différents, a partagé en toute liberté avec des cardinaux, des évêques, des théologiens, des jeunes religieux et religieuses, des laïcs, avec une simple personne comme moi, ses expériences et ses idées, sans peur ni pression». Ainsi, lorsqu'elle retournera en Inde, Sœur Nirmalini assure qu’elle apportera avec elle «quelque chose qui ne s'est pas terminé à Rome: le chemin synodal est un processus continu qui se poursuivra» et «impliquera tous les membres des communautés». La religieuse a ensuite attiré l'attention sur l'importance de chaque moment de partage, de prière pour la paix, pour les migrants et les réfugiés. «Quelles que soient nos origines, nous sommes tous membres de la famille de Dieu», a-t-elle conclu.

La situation des vocations

Répondant à une question sur le diaconat féminin et la possibilité pour les diacres mariés d'avoir un rôle "sacerdotal", le cardinal Barretto Jimeno a rappelé que ce synode est le fruit de l'expérience qui a culminé avec l'assemblée sur l'Amazonie, une région de 7.500 kilomètres carrés, 33 millions d'habitants, dont 3 millions d’autochtones, étendue sur neuf pays. L'un des aspects importants a été la création de la Conférence ecclésiale d'Amazonie (Ceama), qui comprend tous les baptisés: c'est pourquoi, a-t-il ajouté, cette expérience, qui est la première dans l'histoire de l'Église, doit être reprise. L'évêque d'Essen, Mgr Overbeck, lui a fait écho en rappelant que toutes les questions du processus synodal allemand, y compris le problème des abus, se posaient dans le contexte d'un pays désormais post-laïque, où les gens n'ont plus d'idée de qui est Jésus-Christ et où il n'y a plus de référence à la religion dans la vie de tous les jours. En Allemagne, a-t-il ajouté, la moitié des pasteurs protestants sont des femmes. Le diaconat permanent existe depuis 1968. Et des questions se posent sur ce que sera le rôle des femmes dans le diaconat et leur présence à l'avenir. «Le diaconat permanent, a-t-il dit, est important et constitue une vocation, pas seulement un droit».

L'évêque d'Essen a également été interrogé sur l'impact du chemin du synode allemand sur l’actuel synode et sur l'influence qu'il aura en Allemagne. L'impression, a répondu Mgr Overbeck, est que tout ce qui a été fait dans le parcours synodal de l'Église en Allemagne a eu un effet dans la société. A cet égard, a-t-il noté, il faut réfléchir à l'inculturation et au rôle de la théologie face aux questions qui se posent. Concernant la faisabilité de l'ordination d'hommes mariés, l'évêque d'Essen a expliqué que quelques pas ont été fait au fil des années. Il n'y a presque plus de séminaristes en Allemagne, explique-t-il, et la question n'est pas seulement de savoir comment sauver la vie sacramentelle de l'Église, mais comment la vivre.

Synode: point de presse du 21 octobre

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21 octobre 2023, 20:10