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Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, à Camaldoli, le 8 octobre 2023. Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, à Camaldoli, le 8 octobre 2023. 

Cardinal Parolin: ce qu’il se passe au Proche-Orient dépasse l'imaginable

En déplacement à Camaldoli, en Italie, pour un événement de culture politique organisé par la communauté locale de moines bénédictins et la revue Il Regno, le secrétaire d'État du Saint-Siège a exprimé sa consternation face à l'escalade de la violence en Israël. «Les problèmes qui se posent, les vrais, doivent être résolus avec des méthodes tout à fait différentes», a-t-il déclaré.

Antonella Palermo - Cité du Vatican

En commençant son discours à Camaldoli, en Toscane, à la fin du séminaire de quatre jours organisé par Il Regno et la communauté des moines bénédictins sur le thème «La troisième question. L'Église, les catholiques et l'Italie», le cardinal Pietro Parolin a fait une introduction improvisée sur l'escalade de la violence en Israël, attaqué par le mouvement terroriste du Hamas samedi matin à l'aube.

Les fragiles espérances de paix encore plus menacées

«Nos pensées vont en ce moment à ce qu’il se passe au Proche-Orient, en Israël, en Palestine et dans la bande de Gaza», a-t-il déclaré, rappelant que l'appel à la paix lancé par le Pape lors de l'Angélus «a été répété par presque tous les gouvernements du monde pour mettre fin à la violence». «Ces événements mettent encore plus en danger les fragiles espérances de paix qui semblaient se profiler à l'horizon, même avec l'accord avec l'Arabie saoudite», a déploré le diplomate du Saint-Siège.

«Le monde semble être devenu fou»

«Au-delà des efforts diplomatiques qui ne semblent pas avoir de grands résultats -et je le dis également en référence à la guerre en Ukraine- nous devons tous nous unir dans une prière chorale pour la paix», a poursuivi le secrétaire d’État, ajoutant, désemparé: «nous ne savons pas comment cela évoluera et comment cela finira. Ce qui se passe dépasse l'imaginable». Le cardinal Parolin affirme que «le monde semble être devenu fou, il semble que nous ne comptions que sur la force, sur la violence, sur le conflit, pour résoudre des problèmes qui sont là, réels, et qui doivent être résolus avec des méthodes tout à fait différentes».

 

Le rôle de l’Europe pour la paix n’est pas clair

«Outre la destruction de vies humaines, dont nous avons été les témoins horrifiés, les fragiles espérances de paix qui semblaient se profiler à l'horizon sont en train de s'envoler en fumée. Il faudra donc redoubler d'efforts pour renouer les fils et tenter de parvenir à une solution pacifique, qui est la seule solution juste et la seule solution efficace pour éviter que de telles situations ne se reproduisent». Le cardinal Parolin en appelle à l'Europe et à son rôle. Car, déclare-t-il, l'Europe s'est constituée précisément comme une expérience fondamentale de paix après les grandes tragédies du XXe siècle, non seulement à l'intérieur mais aussi à l'extérieur. Cependant, il regrette que les problèmes qui existent au sein de l'Union européenne et la difficulté d'établir des relations correctes avec d'autres réalités rendent difficile ce rôle de paix que l'Europe devrait jouer dans le monde. «Nous espérons qu'elle retrouvera ce rôle et cette dimension, mais je ne le vois pas si clair, je ne le vois pas si net», conclut-il.

Sacraliser l’idée de nation, forme de néo-paganisme

«L'Europe comme horizon de paix» était précisément le titre de l’intervention du cardinal à Camaldoli. «L'invasion de l'Ukraine, la guerre et la dévastation de son territoire impliquent également la destruction des règles et des droits internationaux sur lesquels repose la possibilité d'une coexistence pacifique, jusqu'à la menace d'un recours extrême à l'utilisation d'armes nucléaires. L'Europe ne peut accepter de revenir à un système qui redessine les frontières par la force», a soutenu le cardinal Parolin, attirant l'attention sur les «guerres néo-impérialistes» et les visions qui renvoient à un passé «que l'on croyait dépassé». Selon lui, il est urgent de réitérer la condamnation des nationalismes, en particulier ceux d'origine ethnique. «C'est une tâche dans l'histoire de l'Europe et un signe avant-coureur de nouvelles tragédies. Les fondamentalismes et les nationalismes de toutes sortes ne peuvent être légitimés, pas plus que toute forme de sacralisation et de mythologisation de l'idée de nation».

L'un est une forme de déni de la véritable inspiration religieuse, l'autre une forme de néo-paganisme, estime-t-il. «Ce sont des formes qui n'ont rien à voir avec le renforcement légitime de la communauté nationale et avec une véritable recherche du bien commun. Par ailleurs, je crois que s'il faut agir pour rétablir l'absolue nécessité d'un ordre international fondé sur la solidarité et la paix, on ne peut pas ne pas reconnaître toute la valeur des ordres institutionnels fondés sur la participation démocratique des citoyens, qui sont indispensables pour éloigner le spectre de la guerre», a ajouté le secrétaire d’État.

Que le Synode aide à être plus crédible

Le secrétaire d'État dénonce le degré de fragmentation de la société contemporaine «pleine de questions et d'apories»: à la lumière de ce constat, il invite à porter à nouveau le message de l'Évangile à l'Europe et aux Européens. C'est la Parole qui sauve, elle appelle donc à «une annonce joyeuse, une culture du dialogue, du respect, de la responsabilité, de la conscience de soi». Sa prière concerne également le travail synodal en cours: «Que le chemin synodal actuel nous aide à redécouvrir la communion comme chemin d'évangélisation, afin d'être des témoins plus cohérents et crédibles de l'unité et de la paix aujourd'hui, pour le continent européen».

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09 octobre 2023, 09:21