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Le père Jacques Hamel, assassiné en haine de la foi en 2016 Le père Jacques Hamel, assassiné en haine de la foi en 2016 

La Commission des nouveaux martyrs ou la reconnaissance d’un même baptême

En créant ce mercredi 5 juillet la Commission des nouveaux martyrs, témoins de la foi, le Pape François souligne la dimension œcuménique du martyre au cours de ces 25 dernières années. Il s’inscrit aussi dans les pas de saint Jean-Paul II qui avait initié ce travail en vue du Jubilé de l’an 2000.

«Nous avons une grande dette» envers les martyrs et «nous ne pouvons pas les oublier» écrit le Pape François dans sa lettre accompagnant la création de la Commission pour les nouveaux martyrs, témoins de la foi, au sein du dicastère pour les Causes des saints. C’est pour payer en partie cette dette que le Saint-Père a décidé de relancer cette initiative de recenser tous les chrétiens morts pour leur foi en Jésus Christ. Les victimes des attentats de Pâques au Sri Lanka en 2019, sœur Luisa Dall’Orto en Haïti, sœur Maria De Coppi au Mozambique, ou bien le père Santoro en Turquie et le père Jacques Hamel en France: autant de chrétiens tués parce qu’ils témoignaient au quotidien de l’Évangile dans leur vie et auprès des autres.

Des martyrs plus nombreux aujourd'hui qu'aux premiers siècles

Les exemples de martyrs sont innombrables. «Nombreux sont ceux qui, bien que conscients des dangers qu'ils encourent, manifestent leur foi ou participent à l'Eucharistie dominicale. D'autres sont tués dans leurs efforts pour aider, par la charité, la vie des pauvres, pour prendre soin de ceux qui sont rejetés par la société, pour chérir et promouvoir le don de la paix et la force du pardon. D'autres encore sont les victimes silencieuses, individuelles ou collectives, des bouleversements de l'histoire,» écrit encore le Pape dans sa lettre.

Il en est ainsi des coptes égyptiens assassinés par l’organisation de l’État islamique sur une plage de Syrte en Libye, en 2015. Le Pape avait annoncé lors de sa rencontre avec le patriarche copte-orthodoxe Tawadros au mois de mai dernier au Vatican qu’il les avait fait insérer dans le martyrologue romain. Un geste qui montre très concrètement ce qu’est l’œcuménisme du sang dont parle souvent le Souverain pontife. «Dans l’Église copte, il y a un nombre très impressionnant de martyrs, c’est une réalité très profonde que cet attachement aux martyrs», commente le père Philippe Luisier, spécialiste du monde copte à l’Institut pontifical oriental de Rome. «L’Église copte s’appuie beaucoup sur le monachisme encore aujourd’hui mais aussi sur le culte des martyrs» poursuit-il, évoquant les églises coptes construites régulièrement le long du Nil et qui portent la mémoire des chrétiens tombés sous le règne de l’empereur romain Dioclétien.

«Ces 21 martyrs de 2015 représentent de nouveau cette réalité du martyre pour l’Église copte de rester fidèles à la foi en Jésus Christ, quand le témoignage final est demandé» explique le père Luisier. «L’expression de l’œcuménisme du sang c’est justement cet œcuménisme de ceux qui deviennent martyrs simplement parce qu’ils sont chrétiens et c’est ce qui est arrivé aux martyrs de Syrte», conclut-il.

Dans les pas de saint Jean-Paul II

La démarche du Pape François se concentre sur les martyrs du premier quart de ce XXIe siècle, dans la perspective du Jubilé de 2025. Il s’inscrit ainsi pleinement dans la continuité de saint Jean-Paul II qui avait mené la même initiative à l’approche du Jubilé de l’an 2000, ce que salue le recteur de Saint-Bartholomée-en-l’île, à Rome, qui abrite un mémorial consacré à qui a perdu la vie pour sa propre foi. Le père Angelo Romano considère que cette nouvelle commission dont il est l’un des membres, a «une signification très importante». Le travail qui sera mené «va nous permettre de connaitre les histoires des témoins de l’évangile dans les coins oubliés du monde et qui ont donné leur vie pour l’Évangile».  

«Connaître leurs histoires, c'est aussi ouvrir une brèche dans un voile de silence qui, si souvent, ne nous permet pas de les connaître et de les apprécier, déclare-t-il. Ce sont des histoires attrayantes, ce sont de belles histoires, ce sont des perles d'évangile qu'il faut absolument contempler. Elles poussent à la contemplation, à l'admiration et à la gratitude envers une vie qui a réussi à atteindre ce qu'humainement on ne devrait jamais atteindre, c'est-à-dire le don de la vie, mais à travers un chemin illuminé par la grâce de Dieu.»

 

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05 juillet 2023, 17:45