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Un missionnaire à Cabo Delgado au Mozambique Un missionnaire à Cabo Delgado au Mozambique  Les dossiers de Radio Vatican

Propaganda Fide: quatre siècles d'évangélisation

Depuis 400 ans, la Sacrée Congrégation pour la propagation de la foi que l’on connait plus communément sous le nom latin de Propaganda Fide coordonne l’activité missionnaire mondiale. Créée le 6 janvier 1622, par le Pape Grégoire XV, elle prend sous son aile tous les religieux envoyés en terre de mission et devient un instrument essentiel au service de l’évangélisation.

Jean Charles Putzolu – Cité du Vatican

En quatre siècles, la mission de la Congrégation a suivi les évolutions du monde. Elle est aujourd’hui placée sous la protection du Dicastère pour l’Évangélisation depuis la récente constitution apostolique Praedicate Evangelium du Pape François. Mais elle a conservé ses fondamentaux en continuant aujourd’hui encore d’annoncer l’Évangile de Jésus Christ aux peuples et aux nations. Son fondateur, le pape Grégoire XV n’a guère le temps d’en mesurer la portée. Il décède quelques mois après avoir créé la Sacrée Congrégation pour la propagation de la foi. Il a cependant eu une intuition visionnaire: «Propaganda Fide est née lorsque les Souverains Pontifes ont accordé une grande attention aux chrétiens non catholiques orientaux», explique le père Bernard Ardura, théologien et président du Comité pontifical des sciences historiques.

Il fallait se rapprocher de «ces chrétiens qui ne qui ne partagent pas donc cette communion avec le siège de Pierre», et puis faire connaitre le Christ aux pays qui venaient d’être découverts et dans lesquels, en particulier en Amérique latine, où les nations exploratrices avaient déjà envoyé des missionnaires. A Rome, le Souverain pontife avait souhaité coordonner leur activité et le financement de l’œuvre d’évangélisation. En 1659, sous le pape Alexandre VII une impulsion significative est donnée à la Congrégation qui marque un tournant dans l’annonce de l’Évangile, avec une instruction adressée aux missionnaires, leur rappelant qu'ils sont envoyés pour annoncer l'Évangile et non pas pour transporter dans ces nouveaux pays leur propre culture. «Ceci peut peut-être surprendre», commente le père Ardura, «mais la vision de Propagande Fide a été d'une très grande ouverture». Par rapport à l’approche des premiers colons et des premiers missionnaires, peu respectueux des cultures locales indigènes, la différence est substantielle: «en un peu moins d’un siècle, une prise de conscience s'est opérée et qui a été extrêmement efficace».

Évangéliser dans des contextes hostiles

Aujourd'hui, quatre siècles plus tard, la situation globale est évidemment différente, mais on retrouve des contextes encore hostiles à l'annonce de l'Évangile. «Nous nous retrouvons un peu dans une situation qui a été celle des missionnaires au XIXᵉ siècle, au moment de la grande colonisation et en particulier de la colonisation de l’Afrique, où les missionnaires ont été utilisés par les États pour contribuer à leur expansion culturelle, à leurs influences culturelles», explique le père Bernard Ardura. «Aujourd'hui, nous vivons dans un monde où l'annonce de l'Évangile, dans le meilleur des cas, est acceptée, mais qui souvent ne correspond pas à une attente», poursuit le théologien, avant d’ajouter: «je crois que c'est quelque chose de nouveau parce que nous vivons dans une société qui semble vivre comme si Dieu n'existait pas»; observation judicieuse puisque de fait au cours des siècles précédents, les missionnaires s'adressaient toujours à des croyants.

Et l’Europe, terre de vieille chrétienté, a au XXI siècle quelques difficultés à comprendre que «l'annonce de l'Évangile doit être à nouveau faite chez nous».

La nouvelle évangélisation

Dès son premier voyage en Pologne en 1979, c’est un défi que saint Jean-Paul II avait annoncé. Les régimes athées communistes voulaient effacer Dieu de leur société, le Pape polonais allait remettre l’église au milieu du village. Sous le pontificat de Karol Wojtyla, «on a beaucoup insisté sur ce qu'on appelait l'inculturation de la foi et l'évangélisation des cultures» continue Bernard Ardura,  et cela ne concernait pas uniquement les pays de mission, mais «nos sociétés qui ont évidemment besoin aujourd'hui encore d'une nouvelle proposition de la foi». Nos sociétés sont devenues à nouveau des terres de mission, d’où la nouvelle évangélisation soutenue par saint Jean-Paul II, dès les premiers mois de son pontificat. «Mais», conclut le père Ardura, «autant nous sommes convaincus de l'évangélisation des peuples lointains, autant il nous est plus difficile de mettre en œuvre une évangélisation chez nous, car c'est chez nous que nous avons besoin à nouveau de recevoir le message de la Bonne Nouvelle du salut».

Entretien avec le père Bernard Ardura

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15 novembre 2022, 18:03