Recherche

Divine liturgie de commémoration du 90e anniversaire de l'Holodomor en la basilique Sainte-Sophie de Rome, église nationale des Ukrainiens, le 26 novembre 2022. Divine liturgie de commémoration du 90e anniversaire de l'Holodomor en la basilique Sainte-Sophie de Rome, église nationale des Ukrainiens, le 26 novembre 2022.  

Ukraine: le cardinal Sandri commémore l’Holodomor à Rome

Une divine liturgie en rite byzantin a eu lieu en la basilique Sainte-Sophie de Rome, en commémoration des victimes de l'Holodomor ukrainien, samedi 26 novembre, en présence de deux cardinaux de la Curie romaine, de religieux, diplomates et de nombreux fidèles. Le cardinal argentin Leonardo Sandri, préfet du dicastère pour les Églises orientales présidait la célébration, et le cardinal canadien Michael Czerny, préfet du dicastère pour le Développement humain intégral, y assistait.

À l’occasion du 90e anniversaire de l’Holodomor, «nous célébrons la Divine Liturgie, que les Pères de l'Orient nous ont appris à appeler "le paradis sur terre"». «Il semble étrange d'utiliser une telle expression dans ce contexte: peut-être a-t-elle été inventée en pensant au ciel étoilé vers lequel Dieu invite Abraham à regarder, ou à celui sillonné par l'arc-en-ciel au temps de Noé, symbole de l'alliance entre Dieu et l'humanité qu'aucun autre déluge ne pourrait effacer», a d’emblée relevé le cardinal Leonardo Sandri dans son homélie.  

«Jusqu'où peut aller la violence de l'homme?»

Le ciel de l'Ukraine actuellement «sillonné par des instruments de destruction, qui frappent partout, même dans les services pédiatriques, et qui, s'ils ne sèment pas directement la mort, produisent l'interruption de l'électricité, de l'eau, de tout ce qui peut réchauffer les maisons et les familles, alors que le froid s'installe et que l'hiver se répand», a poursuivi le préfet du dicastère pour les Églises orientales.


Filant la métaphore céleste, le cardinal argentin interroge, en s'appuyant sur le psaume 8: «Si nous regardons le ciel de l'Ukraine, peut-être que, émerveillés par la façon dont Dieu se souvient de l'homme et prend soin de lui, nous pouvons nous exclamer: "Jusqu'où peut aller l'homme et la violence qui jaillit non seulement de ses mains et des armes qu'il manie, mais avant tout de son cœur?»

L’Holodomor, épisode peu connu d’Europe occidentale

Le mystère du cœur et de l’esprit humain est capable de grands rêves mais aussi de planifier un mal sans précédent, a rappelé le cardinal Sandri, citant saint Jean-Paul II dans Mémoire et identité: «Le national-socialisme a programmé scientifiquement l'extermination de masse avec les chambres à gaz et les fours crématoires, le communisme soviétique avec les déportations, les goulags et -épisode moins connu dans les livres d'histoire en Occident- avec l'Holodomor, par la famine et le froid, dont nous commémorons aujourd'hui le triste début».

Cette tragédie de la Grande famine de 1932-1933 en Ukraine, organisée par l’URSS de Staline, aurait fait, selon les estimations d'historiens, entre quatre et dix millions de morts.

La proximité du Pape François        

Et le cardinal de rappeler les récentes interventions du Saint-Père sur l’Ukraine: de nouvelles paroles de soutien lors de l’audience générale du 23 novembre et la Lettre au peuple ukrainien parue le 25 novembre, veille de la commémoration de l’Holodomor.

Louant l'ardeur et le courage du peuple ukrainien, François y retrace les chemins de douleur et de dévastation, les larmes et les croix, les morts d'enfants et d'adultes, et y adresse une pensée à chacun, en commençant par les jeunes, les épouses, les adultes, les volontaires, les gouvernants, les pasteurs, les réfugiés et les déplacés.

Dans les pas de Jean-Paul II en 2001

Toujours dans son homélie, le cardinal Sandri a évoqué son affection pour l'Ukraine, en particulier pour l'Église gréco-catholique, saluant Mgr Sviatoslav Shevchuk. «Je fais un pèlerinage intérieur, en me remémorant les étapes de notre lien, à partir de 2001, lorsque j'ai accompagné saint Jean-Paul II dans ce voyage apostolique où plusieurs martyrs des Églises byzantine et latine ont été béatifiés, dans le contexte actuel de liberté retrouvée après le temps des catacombes», a-t-il rappelé. Jusqu'en 2017, où la première étape de sa visite a été précisément Kiev, à la place Maïdan et au mémorial de l'Holodomor: «Nos pas se sont ensuite dirigés vers Kharkiv, Sloviansk, Kramatorsk, des lieux qui sont aujourd'hui aussi tristes et notoires que beaucoup d'autres dans le pays, et j'ai vu les tirs d'armes qui n'avaient en fait jamais cessé depuis le conflit dans le Donbass en 2014», a continué le préfet argentin, retraçant sa dernière étape avec des milliers de pèlerins à Tsarvanyitsia.

«Chaque fragment sera réassemblé»

«Combien de récits brisés de souffrance j'ai entendus, combien de violences ces derniers mois semblent avoir brisé nos rêves de paix et d'avenir pour l'Ukraine, combien de carreaux sombres ou tachés de sang», a-t-il regretté sous la coupole de Sainte-Sophie; «avec ses splendides mosaïques» qui invitent à demander la grâce de prendre conscience que «chacun de ces fragments est et sera réassemblé dans un dessein dont nous ne pouvons aujourd'hui deviner les contours», mais qui sera certainement «constellée de la lumière du ciel, de la présence des saints et des martyrs, et de l'intercession de la Mère de Dieu».


Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

29 novembre 2022, 10:57