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Le cardinal Parolin à Mexico, le 21 juin 2021 Le cardinal Parolin à Mexico, le 21 juin 2021 

Le Pape au Bahreïn, un signe d'unité et de dialogue en temps d'épreuve

Le Bahreïn se prépare à accueillir le successeur de Pierre. Le Secrétaire d'État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, dans une interview accordée aux médias du Vatican, exprime sa gratitude au roi du Bahreïn, Ḥamad bin ʿĪsā Āl Khalīfa, et à l'Église locale pour cette invitation.

Massimiliano Menichetti – Cité du Vatican

Le Pape sera au Bahreïn du 3 au 6 novembre. Il se rendra dans les villes de Manama et d'Awali, où il participera au "Forum de Bahreïn pour le dialogue: Orient et Occident pour la coexistence humaine". Parmi les principaux événements, la Sainte Messe au stade national de Bahreïn et la rencontre avec les jeunes à l'école du Sacré-Cœur. Le cardinal secrétaire d'État Pietro Parolin, dans une interview à L'Osservatore Romano et à Radio-Vatican News, réaffirme que «dans un monde caractérisé par des tensions, des oppositions, des conflits», la visite du Pape et les événements à Bahreïn auxquels il participera sont «un message d'unité, de cohésion et de paix».

Éminence, François sera le premier Pape à se rendre au Bahreïn. D’où est venue cette visite?

La visite découle d'une invitation que le roi de Bahreïn a adressée au Saint-Père, d'abord de manière plus informelle, puis concrétisée et formalisée dans une lettre personnelle. Et cela coïncide également avec ce Forum de dialogue pour la coexistence pacifique. À l'invitation du Roi s'est ensuite ajoutée celle de l'Église locale, en la personne de l'administrateur apostolique, Mgr Hinder. Je voudrais également profiter de cette entrevue précédant la visite du Pape pour exprimer ma profonde gratitude au Roi et aux autorités bahreïnies, ainsi qu'à l'Église de Bahreïn, pour cette invitation et pour les préparatifs qu'ils effectuent en vue de l'arrivée du Saint-Père, pour l'accueil qu'ils lui réserveront.

Le Pape participera à la phase finale du Forum consacré au dialogue pour la coexistence humaine entre l'Orient et l'Occident: quel message veut-il communiquer dans un contexte mondial comme celui d'aujourd'hui?

Je pense que le message qui ressort de ce Forum et de la participation du Saint-Père est très clair. C'est un signe d'unité à un moment particulièrement délicat, complexe et, à certains égards, tragique de notre histoire. C'est une invitation au dialogue, une invitation à la rencontre entre l'Orient et l'Occident, dans une réalité, comme celle de Bahreïn, qui est une réalité multiethnique, multiculturelle et multireligieuse, d'où la capacité de vivre ensemble, la capacité de collaborer même, dans une réalité composite comme celle qui caractérise ce pays. Il y aura également, à cette même occasion, deux réunions, l'une du Conseil musulman des anciens - qui est une organisation représentant les chefs religieux musulmans engagés dans le dialogue et le respect des religions - et puis aussi une réunion œcuménique où convergeront de nombreux représentants de différents pays. Mais le signal est toujours le même: dans un monde caractérisé par des tensions, des contrastes, des conflits, un message d'unité, de cohésion, de paix.


La présence du Pape au Forum rappelle des souvenirs d'Abu Dhabi, du Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune. Ce texte réitère, dans la continuité du magistère des Papes, que jamais le nom de Dieu ne peut être utilisé pour justifier la violence et la guerre. Quelle est la pertinence de ce message aujourd'hui?

Il me semble que c'est d'une grande actualité et c'est un peu le fil rouge qui relie tous les voyages que le Pape a fait dans ces pays, rappelons-nous le dernier au Kazakhstan. Mais nous pouvons également revenir sur le voyage qu'il a effectué en Irak, par exemple, l'année dernière, ou avant cela aux Émirats arabes, au Maroc, en Égypte, en Azerbaïdjan. Et ce fil rouge, c'est simplement pour dire qu'entre Dieu et la haine, entre la religion et la violence, il y a une incompatibilité absolue, il y a une impossibilité de tout contact et de toute conciliation, parce que celui qui accepte la haine et la violence dénature la nature même de la religion. Et surtout au Kazakhstan, le Pape a insisté sur deux points qu'il me semble important de reprendre ici: d'une part, la purification, c'est-à-dire qu'il y a toujours aussi la tentation de manipuler la religion et de l'utiliser parfois à des fins qui ne sont pas religieuses, donc à des fins de pouvoir, à des fins d'oppression. Le Pape invite donc à cette profonde purification. Et en même temps de s'unir: les vraies religions peuvent collaborer dans ce sens, précisément pour éliminer tout malentendu afin que la religion devienne toujours un facteur de réconciliation, un facteur de paix, un facteur de cohésion et d'harmonie.

L'inclusion et le respect de la vie humaine sont des chemins toujours invoqués et témoignés par le Pape: quelle signification ont-ils pour ce voyage au Bahreïn?

Ils ont la même signification que d'habitude. Le Pape se fait l'interprète des attentes profondes de tant de personnes qui ne voient pas leurs droits respectés, leurs droits fondamentaux à la vie, à l'inclusion, au partage des biens de la terre. Et donc, ici aussi, le Pape sera la voix des sans-voix et ira à la rencontre des personnes qui sont, d'une certaine manière, à la périphérie. Il me semble pourtant que ces valeurs sont proclamées dans la Constitution même du pays, qui parle d'éviter toute discrimination sur la base d'un élément quelconque.

Au Bahreïn, la principale religion est l'islam, les catholiques étant une petite minorité. Comment sont les relations entre le Saint-Siège et ce pays du Golfe?

Oui, justement, au Bahreïn, l'Islam est la religion d'État et la charia est la principale source de droit. La communauté chrétienne représente environ dix pour cent de cette population et on compte entre 80 et 100 000 catholiques. Les relations avec le Saint-Siège ont été établies en 2000 et je pense qu'elles sont bonnes. De la part des autorités de l'État, il y a toujours eu respect et coopération avec les catholiques, tant les fidèles que le Vicaire apostolique. La visite du Pape servira aussi précisément à rencontrer cette communauté et à l'encourager dans sa vie et son témoignage.


Le Pape se rendra dans les villes de Manama et d'Avali. C'est ici que la cathédrale Notre-Dame d'Arabie a été consacrée il y a un an: la première pierre de cette église - une brique de la porte sainte de la basilique Saint-Pierre - a été donnée par François lui-même...

Oui, il y a ce lien très étroit à travers cette pierre symbolique qui constitue le fondement de cette église. Cette église est importante, elle est importante pour la communauté, évidemment, qui a besoin de lieux de culte où elle peut exercer, vivre sa foi au niveau de la célébration. Mais elle est également importante en tant que signe de ce respect et de cette attention, que j'ai mentionnés précédemment, de la part des autorités du pays envers la communauté chrétienne. Il s'agit donc d'un beau symbole, ainsi que d'une réalité concrète, de ce qui a été jusqu'à présent et de ce que nous espérons être encore plus l'attitude envers la communauté chrétienne.

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31 octobre 2022, 14:20