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Le préfet du Dicastère pour la communication, Paolo Ruffini, au Congrès mondiale du Signis à Séoul le 16 août 2022. Le préfet du Dicastère pour la communication, Paolo Ruffini, au Congrès mondiale du Signis à Séoul le 16 août 2022.  

Les médias catholiques appelés à se repenser en vue d'une paix durable

Le préfet du Dicastère pour la communication du Saint-Siège, Paolo Ruffini, est intervenu lors du Signis World Congress, congrès mondial de l'Association catholique pour la communication, organisé cette année à Séoul. La seule façon pour lui de relever le défi de la technologie, est de ne pas la considérer comme une idole.

Amedeo Lomonaco - Cité du Vatican

Il y a des choses que la technologie ne peut remplacer, «comme la liberté, comme le miracle de la rencontre entre les personnes, la surprise de l'inattendu, la conversion, l'étincelle d'ingéniosité, l'amour gratuit», a déclaré Paolo Ruffini, lors de l'ouverture du congrès mondial du réseau catholique Signis, l'association internationale de professionnels catholiques dans le domaine de la communication. L'événement axé cette année sur le thème «La paix dans le monde numérique», se tient à Séoul jusqu'au 18 août prochain, et rassemble quelque 300 participants de tous les continents.

Hyperconnectés mais solitaires

Le préfet du Dicastère pour la communication a rappelé que la technologie, fruit de l'ingéniosité humaine, permet aujourd'hui des prouesses telles que la téléconférence, la télémédecine ou le commerce électronique, «impensables il y a seulement quelques décennies». Mais le paradoxe de notre époque, a-t-il souligné, réside en ce que «nous sommes hyperconnectés mais également solitaires». Et c'est en effet là, a-t-il insité, que se situe le problème.

«Quand il n'y a plus de communication, mais seulement une connexion, c'est alors que nous devons nous interroger, faire un examen de conscience personnel et collectif, et répondre à quelques questions. Comment est-il possible d'être à la fois hyperconnecté et terriblement seul ? Que manque-t-il à notre connexion pour combler cette solitude ?» a-t-il poursuivi. La seule façon de relever le défi de la technologie, a déclaré Paolo Ruffini, est de «ne pas la considérer comme une idole. Mais aussi ne pas la diaboliser, ne pas croire qu'on lui confie la tâche de racheter l'humanité», a conseillé le préfet.

Le bonheur ne s'achète pas

Paolo Ruffini se souvient encore des conseils du Pape François, répondant à une jeune fille, lors d'une rencontre avec des jeunes au sanctuaire de Solmoe (Corée du sud) en 2014. «Le bonheur ne s'achète pas. Et quand on achète un bonheur, alors on se rend compte que ce bonheur est parti... Le bonheur qui s'achète ne dure pas. Seul le bonheur de l'amour, est celui-là qui dure», avait déclaré le Pontife.

Le consumérisme, selon le préfet du Dicastère pour la communication, substitue à un bonheur plus profond et plus durable une satisfaction de court terme. «Nous savons que nous ne sommes pas seulement des consommateurs (...). Nous savons très bien que seule une relation, un lien basé sur l'amour peut nous rendre moins seuls, peut durer et nous rendre heureux», a-t-il ajouté. Et l'amour, a observé Paolo Ruffini, se fonde sur cette fragilité suprême qui est de ressentir le besoin d'aimer et d'être aimé, de donner et de se donner. «Voici la racine de toute communication. C'est pourquoi la connexion seule ne suffit pas», a affirmé le préfet.

Les risques des communautés de réseaux sociaux

Dans son discours, Paolo Ruffini s'est aussi exprimé sur les communautés des réseaux sociaux. Comme l'a souligné le Pape François dans son message pour la 53e journée des communications sociales, ces réseaux ne sont pas automatiquement synonymes de communauté: «trop souvent, leur identité se fonde sur l'opposition à l'autre, à ceux qui sont étrangers au groupe. Trop souvent, ils sont définis par ce qui divise plutôt que par ce qui unit. Elle laisse place à la suspicion et à l'expression de toutes sortes de préjugés (ethniques, sexuels, religieux, etc.). Et ce qui devrait être une fenêtre sur le monde devient une vitrine dans laquelle on peut afficher son narcissisme». 

Un nouvel humanisme

Le défi du bon journalisme, qui est aussi celui de Signis, est ainsi «de trouver de nouvelles voies pour une nouvelle communication, de contaminer les genres et les langues en se concentrant sur le dialogue plutôt que sur le marketing des idées, sur l'intelligence comme catégorie morale plutôt que sur le moralisme fanatique de la foule», a estimé Paolo Ruffini. Pour lui, Il faut faire preuve de créativité pour atteindre les gens là où ils vivent, en trouvant des occasions d'écoute, de dialogue et de rencontre, comme l'a dit récemment le pape au Québec. «Nous devons revenir à l'essentialité et à l'enthousiasme des Actes des Apôtres. Les communicateurs catholiques, les journalistes catholiques, tous les hommes et les femmes de bonne volonté engagés sur ce front difficile et grandiose qu'est la communication peuvent être les protagonistes d'un nouvel humanisme, incarné dans des communautés actives et participatives, exemple d'une nouvelle idée de la citoyenneté», a-t-il souligné.

Un défi du Congrès mondial Signis

Réunions, conférences virtuelles sur l'utilisation des médias, y compris les médias sociaux, tel est l'horizon vers lequel s'orientent les travaux du Congrès mondial Signis de cette année. «L'utilisation des médias numériques, en particulier des médias sociaux», lit-on dans le message envoyé en juin dernier par le Pape François en amont de ce congrès, a soulevé un grand nombre de graves questions éthiques qui exigent un jugement sage et discerné de la part des communicateurs et de tous ceux qui se préoccupent de l'authenticité et de la qualité des relations humaines. Par moments et dans certains endroits, les sites des médias sont devenus des zones de toxicité, de discours de haine et de fake news. Pour relever ce défi, Signis pourrait jouer un rôle important en combattant la désinformation, grâce à l'éducation aux médias et à un réseau de médias catholiques. 

 

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16 août 2022, 10:25