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Le cardinal Jean-Claude Hollerich, à Rome, le 11 juin 2021. Le cardinal Jean-Claude Hollerich, à Rome, le 11 juin 2021. 

Synode: nous sommes une seule Eglise, rappelle le cardinal Hollerich

Le cardinal de Luxembourg, rapporteur général du synode sur la synodalité, explique comment la démarche initiée par le Pape François s'est imbriquée dans le contexte de la guerre. Il avertit sur les disparités entre les églises d'un même continent: «Il est temps de regarder la mosaïque de l'Eglise, pas seulement son propre petit pays».

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

Après une première phase locale menée entre octobre 2021 et août 2022, le processus synodal se poursuit à présent par une phase continentale. Il se conclura au Vatican en octobre 2023, par l’Assemblée générale du Synode des évêques.

Le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du Synode sur la synodalité et également président de la Comece (la Commission des épiscopats de l'Union européenne), s’est dit satisfait des résultats obtenus jusqu'à présent par le chemin synodal. L’événement convoqué par le François a conclu sa première phase, et passe maintenant à la deuxième. Le cardinal revient sur les avancées actuelles du synode ainsi que sur le travail des mois à venir.


Le synode sur la Synodalité, depuis son lancement en octobre, a été entrelacé avec la guerre en Ukraine. Et cela exigeait aussi un changement dans le rôle et l'action de l'Église. Selon vous, comment ces deux choses, le chemin synodal et le contexte de la guerre en Ukraine, se rejoignent-elles ?

Je voudrais tout d'abord mentionner l'expérience de tant de fidèles au Luxembourg, mon pays, qui ont accueilli et accueillent encore chez eux des réfugiés d'Ukraine. Moi aussi j'accueille une famille de trois personnes. C'est bon d'être avec eux et de vivre cette solidarité, cela nous montre que la mission de l'Église est importante. Une mission avant tout de paix, de justice, d'aide à ceux qui souffrent. Le chemin synodal, en particulier, apporte [de ce point de vue] une certaine contribution car il sensibilise les gens au fait qu'être chrétien ne signifie pas seulement aller à la messe le dimanche, mais également que le christianisme doit être vécu. Si je me mets sous la direction du Saint-Esprit, je change, la société change. Les réfugiés ukrainiens ont trouvé un accueil formidable qui n'a pas été réservé, par exemple, aux réfugiés de Syrie, etc. Ce sont les chrétiens qui ont dit : ce n'est pas bien ! Il ne s'agit pas de donner moins aux Ukrainiens, mais de donner plus aux autres. Et c'est un fruit de l'Esprit dans nos églises.


Il existe tant de diversités et de sensibilités au sein des églises d'un même continent… Comment pouvons-nous parvenir à ce «marcher ensemble» qui, selon vous, est le premier objectif du Synode, et éviter de fuir ou de laisser quelqu'un derrière nous ?

Je pense que le Synode lui-même est la réponse. Nous n'avons pas d'églises nationales, nous sommes une seule Église, avec naturellement des cultures et des traditions différentes. Et nous devons nous parler, nous écouter, nous comprendre. Ces dernières années, les conférences épiscopales nationales ont peut-être beaucoup évolué... C'est une bonne chose ! Mais il y a aussi le besoin, la demande de faire des choses ensemble. Le chemin synodal est une merveilleuse occasion maintenant de regarder l'ensemble de la mosaïque, et pas seulement la petite partie de mon pays.

Après un an de phase consultative, qu'a-t-on appris ? Et surtout, voyez-vous des changements à ce jour dans ce que le Pape a décrit comme un «processus» ?

Il est juste de citer ces mots du Pape François, car la synodalité est un chemin commun, une écoute, sans peur de la diversité. Nous avons trouvé une unité qui est bien plus grande que la diversité que nous connaissons actuellement. Et je suis heureux que nous ayons atteint la phase continentale. Nous sommes en train d'écrire l'histoire de l'Église.


Je ne vois pas de changements définitifs, mais je pense que nous devons faire attention à écouter tout le monde et à ce que chacun se sente écouté. Donc pas seulement les spécialistes, pas seulement ceux qui veulent ou veulent faire la guerre à l'Église et ainsi de suite, mais vraiment écouter tout le monde et prendre les gens au sérieux. Prenez leurs réponses au sérieux, car ils parlent de leur vie quotidienne, de ce qu'ils vivent, de ce qui les blesse, de ce qui les rend heureux. Et comment puis-je être un pasteur de l'Église si je ne sais pas tout cela ? Je pense que le Synode doit continuer dans cette direction, également au niveau local. Il ne s'agit pas seulement d'une question de politique d'église, mais de questions : comment nos communautés peuvent-elles être plus pleines de vie ? Comment peuvent-ils vraiment servir ? Comment peuvent-ils remplir leur mission ?

Le Pape a-t-il été informé des résultats de cette première phase du processus synodal ?

Le cardinal Grech et moi-même tenons constamment le Saint-Père informé du processus. Et il nous encourage à continuer.

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27 août 2022, 14:43