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Cardinal Parolin: le Pape vient au Canada pour étreindre les peuples autochtones

Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège, expose aux médias du Vatican les lignes directrices de ce 37e voyage apostolique du Successeur de Pierre en terre canadienne. Le cardinal Parolin souligne que le Pape veut montrer sa proximité de manière concrète avec les populations qui souffrent, «pour prier avec elles et se faire pèlerin parmi elles».

Entretien réalisé par Massimiliano Menichetti - Cité du Vatican

Éminence, le Pape François se prépare à partir pour le Canada. Cette visite sera axée sur la rencontre avec les populations autochtones et l'Église locale. C'est un voyage très désiré?

Oui, c'est certainement un voyage très désiré et au centre duquel il y aura une étreinte avec les peuples autochtones et l'Église locale, comme l'a rappelé le Saint-Père dimanche dernier, en déclarant: «Je viendrai parmi vous au nom de Jésus pour rencontrer et embrasser les peuples autochtones». Le Saint-Père a montré à plusieurs reprises sa grande préoccupation pour les peuples autochtones. Nous pouvons penser aux différentes visites lors de ses voyages, aux nombreuses rencontres qu'il a eues au Vatican, et aussi à l'exhortation apostolique Querida Amazonia. Dans le cas des peuples autochtones canadiens, il s'agit, a-t-il précisé dans son discours de dimanche dernier, d'un «pèlerinage pénitentiel» à la suite des rencontres qu'il a eues avec certains de leurs représentants à Rome en mars et avril derniers.

Après l'écoute et une première rencontre, l'occasion se présente maintenant d'un plus large partage. Le Pape se rendra pendant plusieurs jours sur des lieux éloignés les uns des autres, avec le désir de visiter les communautés autochtones, là où elles vivent. Il est certainement impossible de répondre à toutes les invitations à visiter tous les lieux, mais le Saint-Père est animé par le désir de manifester une proximité concrète. Proximité est précisément le mot-clé. Le Pape n'a pas seulement l'intention de prononcer des mots, mais surtout d'être proche, de manifester sa proximité de manière concrète. C'est pourquoi il a entrepris de toucher de ses propres mains la souffrance de ces peuples, de prier avec eux et de se faire pèlerin parmi eux.

En avril, le Saint-Père a demandé pardon pour la participation de certains catholiques aux préjudices subis par les peuples autochtones, en particulier ceux qui ont eu des responsabilités dans les pensionnats entre la fin du XIXe siècle et les dernières décennies du XXe siècle. Le pardon et la réconciliation guideront-ils ces six jours canadiens?

Comme nous nous en souvenons tous, le Pape, lors de la réunion du 1er avril, a exprimé sa honte et son indignation face aux actions de pas mal de chrétiens qui, au lieu de témoigner de l'Évangile, se sont adaptés à la mentalité coloniale et aux politiques gouvernementales passées. Des politiques d'assimilation culturelle qui ont gravement porté atteinte aux communautés autochtones. Le rôle de certains catholiques dans ce qu'on appelle le système des pensionnats, qui a eu pour effet de retirer de nombreux enfants autochtones de leur famille, a été particulièrement douloureux. Et c'est précisément ce contexte historique qui configure et caractérise la dimension pénitentielle, comme je l'ai mentionné avant ce voyage, dans laquelle les thèmes de la guérison, des blessures et de la réconciliation seront présents.

Mais pas seulement, car les rencontres, dans le sillage de celles, chaleureuses, qui ont eu lieu à Rome, seront aussi sous le signe de la fraternité et de l'espérance, et seront également sous le signe de la réflexion sur le rôle que les peuples autochtones jouent aussi aujourd'hui. En effet, il peut être profitable pour tous de redécouvrir nombre de leurs valeurs et de leurs enseignements. Je pense, par exemple, à l'attention portée à la famille et à la communauté, à l'attention portée à la création, à l'importance accordée à la spiritualité, au lien fort entre les générations et au respect des personnes âgées. À cet égard, le Pape tient particulièrement à célébrer la fête des saints Joachim et Anne, les grands-parents de Jésus, précisément dans le cadre de ce voyage.

Le successeur de Pierre confirmera l'Église catholique dans la foi. Il a exprimé le souhait de participer au pèlerinage évocateur au lac Sainte-Anne. Pourrait-il demander un nouvel élan évangélisateur dans un pays d’immenses ressources, et pas uniquement naturelles?

Dans chacun de ses voyages apostoliques et plus généralement dans son ministère, le Saint-Père ne se contente pas de confirmer la communauté chrétienne, mais il veut aussi être un frère dans la foi avec le peuple de Dieu, se faisant pèlerin sur les lieux qu'il visite et avec les traditions religieuses qu'il rencontre. C’est pour cela qu’il souhaite fortement vivre un moment liturgique au lac Sainte-Anne, que les habitants appellent le lac de Dieu. C'est là que se déroule, depuis plus de cent ans, un pèlerinage en l'honneur de Sainte Anne, la grand-mère de Jésus. De nombreux malades et blessés, atteints dans leur chair et leur esprit, se baignent dans ces eaux. Dans ce lieu particulier, dans le contexte d'un cadre naturel très évocateur, il sera beau, dans le cadre de l'évangélisation, de revenir aux sources de la foi. Nous pensons à Jésus assoiffé et guérissant, versant dans les cœurs l'eau de l'Esprit Saint, l'eau qui jaillit pour la vie éternelle. En même temps, comme dans les autres étapes d'autres voyages, le Pape ne manquera pas de rappeler l'urgence de l'évangélisation dans un contexte fortement sécularisé, en faisant appel précisément aux défis que le sécularisme pose à nos priorités pastorales, à nos langages et en général à notre manière d'être Église et de témoigner de la foi aujourd'hui.

La devise de la visite est «marcher ensemble». Qu'attend le Saint-Père de ce voyage?

Cette devise, en plus d'indiquer le chemin parcouru avec les communautés autochtones canadiennes, évoque le mot synode «marcher ensemble». Comme le Pape l'a souvent répété, le synode n'est pas un événement occasionnel, mais plutôt un style ecclésial. Un style ecclésial que nous sommes tous appelés à assumer dans l'esprit de l'Évangile et des premières communautés chrétiennes. Un style qui se caractérise par l'écoute mutuelle, le dialogue, le discernement pastoral commun et la fraternité. Ici, j'imagine que ce sera précisément dans cet esprit que le Saint-Père ne manquera pas de proclamer une fois de plus la parole prophétique de l'Évangile qui nous invite à tisser la fraternité, à construire la paix, à dépasser les divisions, qui sont souvent le fruit non seulement de l'égoïsme personnel, mais aussi de mentalités et de visions déformées.

En ce sens, rappelant l'importance de la charité mutuelle, le Saint-Père espère sans doute pouvoir encourager de manière significative le chemin déjà entamé par l'Église et la société canadienne sur la voie de la réconciliation et de la guérison. Un chemin qui, à partir de la purification de la mémoire, ravive le désir d'un parcours fraternel dans lequel tous, Église et société civile, sont impliqués de manière concordante. Comme dans de nombreux domaines, ce «marcher ensemble» est aujourd'hui plus que jamais essentiel. Ce n'est que de cette manière qu'il est possible de construire et de s'ouvrir à un avenir d'espérance.


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23 juillet 2022, 15:00