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Le cardinal Parolin au chevet des enfants malades à Uzratuna. Le cardinal Parolin au chevet des enfants malades à Uzratuna. 

Le cardinal Parolin en visite au centre pour handicapés d'Uzratuna

Pour la dernière journée de son voyage au Soudan du Sud, le Secrétaire d'État du Saint-Siège s'est rendu auprès de l'association Ovci, où des laïques consacrées s'occupent d'enfants gravement handicapés, leur apportant la bénédiction du Pape. Il s'est également rendu à l'université catholique de Juba, plantant un arbre en signe d'espérance pour l'avenir.

Salvatore Cernuzio - Envoyé spécial à Juba

Ils ont la couleur de l'ébène mais la fragilité d'un cristal. Moses, Juma, Adia, Mam-Ghereng, Emmanuel et Majok, 2 ans, hydrocéphale, dans les bras de sa mère qui la berce en faisant attention aux mouvements de sa tête, sont le visage de cette souffrance des enfants devant laquelle, comme le Pape l'a dit tant de fois, il n'y a pas de réponse mais seulement des larmes et des prières. Ils ne sont que six parmi les quelque 400 petits hôtes du centre pour handicapés d'Uzratuna, un nom arabe qui signifie littéralement "notre famille".

Quoi que tu fasses, fais-le avec amour

Dans la maison de Juba, une vraie grande maison, car telle est l'atmosphère, grâce au travail et au dévouement de Daniela, Elena, Gisella, Anna, Tiziana, laïques consacrées des Petits Apôtres, avec des coopérants principalement italiens, des soins sont offerts non seulement aux malades - principalement ceux atteints de malformation à la colonne vertébrale et d'hydrocéphalie - mais aussi à leurs familles. Aux mères en particulier, qui ont également besoin d'un soutien psychologique. C'est dans c elieu où l'on est accueilli par l'inscription «Quoi que tu fasses, fais-le dans l'amour», que le cardinal Pietro Parolin, après avoir célébré la messe au grand séminaire Saint-Pierre a achevé son voyage au Sud-Soudan, commencé en République Démocratique du Congo. 

L'accueil au centre de Uzratuna
L'accueil au centre de Uzratuna

Les enfants protagonistes du voyage

Un voyage accompagné tout le temps par la présence des enfants : ceux qui dansent et sont habillés de façon festive lors des messes publiques, ceux qui s'entassent dans le camp de déplacés de Bentiu, au milieu des mouches et des flaques d'eau, attendant simplement que quelqu'un leur serre la main, ceux qui font la queue, pieds nus, le long de la route, à l'extérieur du tukul et à l'intérieur des fossés où, selon une nouvelle ordonnance municipale, les ordures doivent être brûlées. Ce sont à nouveau les enfants, mais les malades, qui concluent ce tour d'horizon des visages et des sourires que le Cardinal Secrétaire d'Etat rapporte à Rome, comme un cadeau à transmettre au Pape en vue de son prochain voyage apostolique.

L'affection du Pape

Toujours auprès de la communauté du centre Uzratuna, le cardinal Parolin, comme dans tous les événements de ces journées africaines, a réitèré l'affection du Pape. En son nom, il les a encouragés et leur a donné de la force ; en son nom, il leur a donné une bénédiction ; une caresse, prêtant attention à leurs fragilités physiques, à leurs perfusions attachées, à leurs bras bandés ou, tout simplement, à leur peur de voir un monsieur en blanc, avec une couronne de serpentins, s'accroupir pour serrer leurs petites mains. «Non, non, ne pleure pas»,  a dit le cardinal à une petite fille, plus grande que les autres, cachée derrière les jupes de sa mère.

La chorale d'enfants handicapés 

La Secrétaire d'État a été accueilli à l'entrée par une chorale d'enfants portant des chemises orange. L'un d'eux, sans bras, lui a remit un bouquet de fleurs. C'est une image symbolique et puissante. Un autre enfant aux cheveux bouclés, aveugle, chante un air dans le microphone d'un collègue : «Bienvenue, bienvenue cher cardinal». L'accueil est joyeux, mais peu après le choc devient violent. Le cardinal Parolin parcourt les deux couloirs où des mères avec leurs enfants, présentant des handicaps et des malformations manifestes, sont assises à même le sol sur des tissus colorés, toutes alignées et prêtes pour l'accueil. «Que Dieu vous bénisse», répète le cardinal, qui accompagne le geste de caresses et de signes de croix sur le front.

Le cardinal Parolin à Uzratuna
Le cardinal Parolin à Uzratuna

Puis il entre dans les différentes salles où se déroulent certaines des thérapies, qui comprennent également des séances pour les enfants autistes. Ce matin, ils sont deux, l'un habillé en rose joue du xylophone en l'honneur de l'invité de marque. "Bravo !" dit Parolin. Pendant ce temps, les mères sourient, certaines ont les yeux ternes et fatigués, elles ne remarquent même pas les mouches sur le visage de leurs enfants, mais quand le cardinal passe, elles montrent joyeusement leurs enfants. Ils ont depuis longtemps surmonté cet impact qui frappe ceux qui voient ces images pour la première fois comme un coup de pied dans le ventre. 

Un petit Christ sur la croix

Même le cardinal semble impressionné. Il essaie de saluer tout le monde sans oublier personne : il se penche en avant, s'agenouille, tend les mains, tapote des joues. Il ne s'arrête qu'une seule fois, comme s'il contemplait ce qui ressemble à un petit Christ crucifié. C'est un enfant d'un peu plus de huit ans. Au lieu de clous, il a des seringues à perfusion ; sur sa tête, pas la couronne d'épines, mais une partie de sa mâchoire complètement déplacée sur le côté ; le brancard au lieu de la croix. Il fait l'objet de soins spéciaux ; il n'a peut-être plus longtemps à vivre. «Nous avons rarement la force d'accompagner ces cas difficiles. Souvent, nous manquons aussi de force spirituelle et psychologique», explique Matteo, un coopérant de 33 ans originaire de Bologne, qui se trouve à Juba avec sa femme Carola depuis un an. «Les gens ici semblent plus habitués à la mort comme un cycle naturel de la vie. Pour nous, c'est dévastateur».

«Ils représentent Jésus...»

Après l'arrêt au dispensaire, Parolin se rend dans la cour principale et prie un Notre Père avec toutes les personnes présentes, auxquelles il répète qu'il est venu au centre en tant que messager du Pape, de son affection, de son désir d'être avec eux. Tout de suite après, il se rend au St. Mary's College, un collège du centre qui aide les familles des malades à se spécialiser dans les soins aux handicapés. Des chants et des cris, des pétales de fleurs jetés des paniers, des refrains de «Wow ! Alleluja !» a salué le cardinal, qui les a encouragés à continuer à s'occuper de ces petits souffrants : «Ils représentent Jésus».

Le cardinal Parolinplantant un figuier à l'Université catholique du Soudan du Sud.
Le cardinal Parolinplantant un figuier à l'Université catholique du Soudan du Sud.

L'Église qui accompagne

Et de la souffrance - des femmes, des jeunes, des mineurs, des victimes de la guerre - le Secrétaire d'État en a parlé avec quatre étudiants de l'Université catholique du Soudan et du Soudan du Sud, un réservoir d'espoir dans le pays qui prépare les dirigeants de demain à un avenir de paix et de réconciliation. Le cardinal Parolin les a rencontrés lors d'une visite à la communauté d'étudiants, d'enseignants et de travailleurs, qui a également été marquée par la musique, la danse et le jet de fleurs. Tuik, Clementina, Christine, Helena, cette dernière en particulier a demandé où se situe l'Eglise dans les situations de souffrance. «L'Église est présente dans ces situations, c'est un signe d'espérance», a répondu Parolin, rappelant l'expérience du camp de Bentiu où, aux côtés des déplacés, il y avait des catéchistes et des missionnaires. «Nous sommes là, nous n'abandonnons pas, nous sommes à côté, nous marchons aussi dans les difficultés».

Nous ne sommes pas seuls

C'est important, a déclaré le cardinal, car cela atteste «que nous ne sommes pas seuls». D'où une autre question, cette fois du cardinal : «Vous me dites ce que fait l'Église, mais je vous demande : qui est l'Église ? Nous sommes l'Église. Bien sûr, il y a des hiérarchies, des prêtres, des religieuses, mais tous les fidèles font partie de l'Église. La question est donc : que faisons-nous pour ces personnes ? Nous devons vraiment nous engager». À la fin de cet échange, le cardinal, muni d'une houe et d'un arrosoir, a planté un figuier, symbole de renaissance pour l'Athenaeum, qui a récemment fêté ses 20 ans. «Vous avez un passé court mais un avenir long et brillant».

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09 juillet 2022, 15:10