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Le Pape François et l'ambassadrice de France près le Saint-Siège, Florence Mangin, ainsi que les diplomates de la chancellerie de l'ambassade, au Palais apostolique le 4 juin 2022. Le Pape François et l'ambassadrice de France près le Saint-Siège, Florence Mangin, ainsi que les diplomates de la chancellerie de l'ambassade, au Palais apostolique le 4 juin 2022.  

14 juillet: la politique internationale française très suivie par le Saint-Siège

Jeudi 14 juillet, jour de Fête nationale, aussi pour les Français du plus petit État du monde. L’occasion de se pencher sur les priorités de leur nouvelle représentante, Florence Mangin, ambassadrice de France près le Saint-Siège.

Entretien réalisé par Delphine Allaire - Cité du Vatican 

Florence Mangin, deuxième femme à occuper la fonction d’ambassadrice de France près le Saint-Siège, a présenté ses lettres de créances au Pape François il y a six semaines, lors d’une audience privée.

À la tête du plus ancien poste du réseau diplomatique français, dans les pas de François-René de Chateaubriand et Jacques Maritain, la nouvelle ambassadrice entend renforcer la francophonie au Vatican.

Le français est pour l’heure toujours usité par la diplomatie du Saint-Siège, le Vatican étant enregistré comme État francophone auprès des organisations internationales. La politique internationale de la France demeure aussi très suivie entre les murs vaticans. Florence Mangin nous raconte la teneur et la couleur de ses premières semaines vaticanes. 

Entretien avec Florence Mangin, ambassadrice de France près le Saint-Siège

Un mois et demi après la présentation de vos lettres de créances au Pape François, en quoi diriez-vous qu'ambassadrice de France près le Saint-Siège est un poste particulier, différent de vos précédentes fonctions?

C‘est un poste très atypique. Depuis six semaines, je constate que certains aspects sont proches de mes précédentes fonctions d’ambassadrice bilatérale, puisque le Vatican est un État avec lequel la France entretient des relations. Il y a toutefois beaucoup de caractéristiques portées par le Pape François, qui font ressembler le métier à une approche plus multilatérale. Avec le bien commun comme cœur des priorités vaticanes, beaucoup de sujets qui font l’objet de négociations à l’ONU ou à l’Union Européenne, sont traités par le Saint-Siège. Cela impose aux ambassades près le Saint-Siège de s’y intéresser. C’est déjà chose faite en ambassade bilatérale, mais je reconnais là une dualité et une complémentarité entre les sujets internationaux, de géopolitique, et les sujets de société mondiale, de biens humains, qui enrichissent formidablement le métier.


D’après vos premières semaines, qu'observez-vous de la place occupée par la France au Vatican en ce moment?

Je remarque que la politique internationale française intéresse beaucoup au Vatican. Vraiment beaucoup. Notre action au Liban, au Moyen-Orient, en Afrique, est suivie de très près. Ce sont des sujets sur lesquels nous avons beaucoup de convergences avec la Curie. Le climat, l’aspect social de la société, tout ce qui relève des inégalités, font aussi partie des points partagés avec le Saint-Siège.

D’autre part, l’Église catholique française intéresse beaucoup aussi. Son caractère innovant et créatif créé un appétit et un intérêt particulier. Les premiers contacts que j’ai pu avoir avec les religieux français de Rome, ou de passage, me montrent qu’il y a une relation de confiance.

Comment souhaitez-vous renforcer la francophonie, dont l’influence décline à certains égards au Vatican?

En jugeant sur la période longue, il est évident que la concurrence d’autres langues est active. Cela se vérifie partout, pas seulement au Vatican. Nous avons quelques outils: par exemple, les bourses linguistiques ou les débats d’idées que j’ai l’intention de développer avec le Centre saint-Louis. Nous en ferons beaucoup, car ils répondent à la fois au souci de la francophonie, qu’à celui des interrogations contemporaines et du besoin de réflexion sur de nombreux sujets.

La francophonie inclut aussi un travail avec les autres ambassades francophones près le Saint-Siège. En vue du printemps de la francophonie 2023, je leur proposerai des initiatives. Et puis aussi, je souhaite valoriser les Français qui travaillent pour le Saint-Siège. Ils sont moins nombreux qu’avant, mais ils existent, réalisant un précieux travail. Il faut leur donner la parole, s’ils le souhaitent. Une belle manière de faire la francophonie, non par des idées, mais des personnes.

Le Saint-Siège à Rome est l’une des plus anciennes représentations diplomatiques françaises à l’étranger. Ressentez-vous dans vos fonctions cet héritage et «le poids de l’Histoire» qui y règne?

Il serait abusif de dire que je le ressens au quotidien, mais c’est une caractéristique qui m’oblige. Je me suis d’ores et déjà tournée vers mes prédécesseurs les plus récents pour connaitre leur appréciation du poste qu’ils ont servi, les accents et priorités qu’ils ont mis, afin de m’inspirer. Par définition, notre temps ici est relativement court. Cela incite à une grande modestie d’être à un poste qui existe depuis si longtemps. La spécificité du Saint-Siège, à la fois État et puissance spirituelle, fait qu’il faut inventer un poste au fur et à mesure, au jour le jour, au gré des rencontres effectuées, grâce à la qualité et la diversité des parcours de ces personnes rencontrées.


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14 juillet 2022, 07:00