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Procès de Londres : l'ex-directeur de l'AIF Di Ruzza interrogé

Treizième audience dans la salle polyvalente des Musées du Vatican. L'ancien directeur de l’Autorité de l’Information financière (AIF) a été interrogé pendant environ quatre heures. "J'ai toujours agi dans l'intérêt du Saint-Siège, le travail de l’AIF était correct" a-t-il affirmé.

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

Plaisanteries, discussions animées et nombreuses questions techniques ont alterné au cours de la matinée de cette treizième audience du procès pour usage illicite de fonds du Saint-Siège qui a duré cinq heures. L'ancien directeur de l’AIF, accusé de détournement de fonds, a été interrogé.

Tommaso Di Ruzza est le quatrième accusé à répondre aux questions de l'accusation et de la défense. Il a également lu une déclaration spontanée de dix-huit pages, dans laquelle il n'a que partiellement confirmé les interrogatoires des 23 et 26 mars 2020. Il y avait en effet quelques «clarifications» à apporter, tout d'abord le fait qu'il n'avait «jamais connu ou eu de relations avec Tirabassi, Torzi, Mincione, Squillace, Crasso ou Marogna». Carlino, en revanche, l'a rencontré «pour des raisons institutionnelles», c'est-à-dire pour organiser des réunions avec les substituts de la Secrétairerie d'État, Mgr Edgar Peña Parra, et, auparavant, le cardinal Angelo Becciu, qu'il n'a rencontré que «deux fois». «Mes seuls interlocuteurs ont été le Saint-Père, le cardinal Parolin, Mgr Peña Parra, la haute direction de l'IOR (le président De Franssu et le directeur Mammì), le président de l'Aif de l'époque, René Brüllhart, les responsables internes de l'Office de surveillance», a-t-il déclaré.

Réunions et conversations

Il a ensuite rappelé une première rencontre avec le Pape le 26 mars 2019, au cours de laquelle il a informé François «du résultat des premières analyses effectuées à la suite de la communication de la Secrétairerie d'État à l’AIF» quelques jours plus tôt. Le Pape lui a dit qu'il avait invité le substitut «à s'adresser au président et au directeur de l’AIF en tant que personnes de confiance du Saint-Siège», soulignant «qu'il était dans l'intérêt du Saint-Siège de tourner une nouvelle page» en ce qui concerne la décision de «gestion directe, sans intermédiaires, de la propriété de Londres». François, a dit Di Ruzza, a demandé «expressément de fournir une assistance au substitut». «Sur Londres, la volonté a toujours été exprimée de ne pas engager de contentieux et de parvenir à un règlement des questions en suspens dans l'intérêt du Saint-Siège», compte tenu des contrats signés et ratifiés en 2018, a également tenu à faire remarquer le responsable.

Le financement de l'IOR

M. Di Ruzza a déclaré que Mgr Peña Parra «a exprimé une grande inquiétude car le prêt contracté entraînait des coûts excessifs et un prêt subrogatoire était nécessaire». Ils parlaient d'un prêt de 150 millions avec un pourcentage de 8%, ce qui impliquait des intérêts de 12 millions par an pour le dicastère. Avec la subrogation, cela aurait été 1 ou 2 %. À l'époque, l’AIF s'était contentée d'indiquer à l'IOR - qui, comme il a été dit à plusieurs reprises, n'est pas un établissement de crédit – «la faisabilité d'une avance de liquidités à la Secrétairerie d'État, sans exercer d'ingérence indue». Dans ce cas également, un dossier a été ouvert. L'IOR lui-même a d'abord avancé l'hypothèse d'un «découvert» en faveur de la Secrétairerie d'État dans une lettre du 13 mai 2019 signée par le président de Franssu, a rappelé M. Di Ruzza, qui n'a toutefois pas été en mesure de répondre aux raisons pour lesquelles l'Institut a finalement fait marche arrière.

L'activité de l’AIF

L'intérêt de Di Ruzza était de défendre le travail de l’AIF, ainsi que celui de Brüllhart, avec qui il y avait une excellente coopération. «Je peux affirmer que l’AIF a agi correctement, dans les limites de son mandat, et dans le respect des prérogatives de l'IOR», a-t-il réaffirmé dans la salle d'audience. Pour le démontrer, il a expliqué que l'Autorité avait effectué un travail de renseignement à deux niveaux : «sur les hypothèses de la transaction» avec le courtier Gianluigi Torzi (également parmi les accusés) et «sur l'histoire, la documentation et les personnes impliquées dans la transaction d'achat» de l'immeuble de Sloane Avenue.

M. Di Ruzza a ensuite expliqué que l’AIF n'avait offert à la Secrétairerie d'État qu'une assistance technique à plusieurs reprises : étant un organisme public, elle n'avait aucun pouvoir de décision ou de contrôle. Au niveau international, cependant, la coopération a été activée avec les unités d’informations financières des pays concernés par l'affaire et avec l'Autorité de surveillance de Malte, par le biais de communications spontanées, de demandes d'informations et de sollicitations de commentaires écrits et téléphoniques. «Au cours de 2019 - a encore dit Di Ruzza - il y a eu quatorze réunions entre l’AIF, les gendarmes et les promoteurs, et j'ai représenté la requête de la l’AIF également auprès des gendarmes. Il n'y a jamais eu de réponse et le 1er octobre, nous avons découvert pourquoi».

M. Di Ruzza a répété qu'à l’AIF, les principes d'autonomie et d'indépendance n'ont jamais failli et a expliqué qu'à l'époque, il n'y avait aucune raison de transmettre des informations au Promoteur de justice sur des activités suspectes présumées. «Vous vouliez que je dénonce qui ? Le substitut ?», a-t-il répondu à une question, laissant entendre que Peña Parra était sa seule référence.

Relations avec Torzi

Toujours à propos des 15 millions facturés à Torzi pour sortir du marché londonien, Di Ruzza a expliqué que «la Secrétairerie d'État devait reprendre le contrôle direct de la propriété» et que le courtier avait effectué «un service de développement stratégique non gratuit». En outre, «la confiance en lui avait été perdue». Des informations ont été demandées afin de suivre le flux des mouvements, a expliqué M. Di Ruzza, précisant qu'il n'avait jamais eu le moindre soupçon de menaces. Des tensions, celles-là oui, pendant les négociations. L'avocate Paola Severino, partie civile de la Secrétairerie d'État, a montré un document daté du 11 octobre 2019, dans lequel Torzi menaçait de faire pencher les négociations en sa faveur : «Des menaces potentielles», a déclaré Di Ruzza, «je n'exclus pas la préoccupation du secrétariat d'État».

Prochaines audiences

Le financier Enrico Crasso, qui devait être entendu ce jeudi, a fait savoir qu'il ne se présenterait pas à l'audience fixée par le président du Tribunal du Vatican, Giuseppe Pignatone, car il n'avait pas encore eu un accès complet à toute la documentation saisie par les Promoteurs de Justice. Sa requête en nullité a cependant été rejetée par le Tribunal qui estime que sa défense s’en trouve compromise. Le procès se poursuivra le 5 mai avec l'interrogatoire du cardinal Becciu.

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28 avril 2022, 10:13