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Conférence de presse de plusieurs membres de la Commission pour la protection des mineurs après leur audience avec le Pape, ce vendredi 29 avril 2022. Conférence de presse de plusieurs membres de la Commission pour la protection des mineurs après leur audience avec le Pape, ce vendredi 29 avril 2022. 

La Commission de protection des mineurs obtient un plein mandat du Pape

Le cardinal O'Malley, président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, a souligné la demande du Saint-Père de rédiger un rapport annuel sur les initiatives de l'Église en matière de protection des enfants et des adultes vulnérables. La Commission a également pour mandat d'aider les conférences épiscopales à créer des centres d'écoute pour les victimes.

Alessandro Di Bussolo - Cité du Vatican

«Le Pape nous a donné un mandat clair sur les lignes directrices à fournir aux diocèses et aux ordres religieux concernant les abus commis à l’encontre des enfants. Notre priorité est de rencontrer les survivants et notre tâche consiste à superviser, promouvoir et stimuler» les démarches entreprises. C'est ainsi que le cardinal Sean Patrick O'Malley, archevêque métropolitain de Boston et président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, a résumé face aux journalistes les principaux thèmes abordés lors de l'audience avec le Pape François ce vendredi 29 avril, au terme de l'Assemblée plénière de la Commission.

En vertu de la nouvelle constitution apostolique Praedicate Evangelium, la Commission fait désormais partie de la Curie, intégrée au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF), mais le cardinal O’Malley a réaffirmé son indépendance. Président, secrétaire et personnel de la Commission communiquent directement avec le Pape, assure M. O'Malley, même s'ils sont liés à la Congrégation.

Enfin, le prélat américain a, au nom de la Commission, exprimé son inquiétude et sa proximité à l’égard des enfants non accompagnés qui fuient l'Ukraine en traversant seuls les frontières, avec le risque d'être victimes de trafics.

Le cardinal O’Malley n’était pas le seul à prendre la parole. Le secrétaire de la Commission pour la protection des mineurs, le père Andrew Small, et deux membres de la Commission, Nelson Giovannelli Rosendo Dos Santos, Brésilien qui fait également partie de la Commission pour la protection des mineurs de sa conférence épiscopale, et Jean Carlos Cruz, un Chilien qui apporte la voix et le terrible témoignage d'une victime d'abus.

Le cardinal O'Malley, lors de la conférence de presse.
Le cardinal O'Malley, lors de la conférence de presse.

Nouvelles engagement de la Commission envers les centres d'écoute et rapport annuel

Le père Andrew Small, secrétaire de la Commission, a expliqué que le Pape avait fourni une clé d'interprétation de la Constitution apostolique publiée en mars. Il a également souligné l'autonomie et l'indépendance de la Commission, «qui a une structure unique, son président étant directement nommé par le Pape». Le lien avec la CDF qui s'occupe de la doctrine et de la morale offre, pour le religieux anglais de la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée, «une protection proactive de la dignité humaine».

Le Pape François leur a demandé de présenter un rapport annuel sur le statut de l'Église en matière de protection des mineurs, ce qui, a souligné le père Small, est «un concept fascinant». La rencontre avec les évêques qui viendront au Vatican pour des visites ad Limina sera l'une des occasions de recueillir des informations à inclure dans ce rapport annuel. Enfin, le Souverain Pontife a invité l’ensemble des conférences épiscopales du monde à mettre en place des centres d'écoute pour les victimes, les survivants d'abus, afin de les soutenir dans leur guérison des graves blessures qu'ils ont subies.

Vatican News a demandé au père Small de revenir sur les points saillants de leur audience avec le Pape

Le Pape a abordé trois points très forts, dans cette nouvelle phase de la Commission, incluse dans un dicastère. Tout d'abord, il a dit qu'il y avait une autonomie de la Commission et une indépendance. Il y a un président délégué et nommé par le Pape. Il souhaite certainement une proximité avec les travaux de la section doctrinale, deuxième section de la congrégation pour la Doctrine de la Foi. Ensuite, il a demandé un rapport, parce qu'il veut savoir. Il y a beaucoup de choses que l'Église fait et qui restent quasi invisibles, parce que nous ne les rassemblons pas. Mais il y a aussi beaucoup de choses à faire. Ce rapport annuel ou bisannuel pourra présenter les défis auxquels nous sommes encore confrontés. Enfin, troisième point, il concerne les besoins immédiats: il y a des survivants, des victimes d'abus, qui ont besoin d'aide, d'accueil, de la compassion de l'Église et des pasteurs. «Notre première tâche est de reconstruire la confiance», le Pape François a rappelé l'engagement de toute l'Église et de toutes les conférences épiscopales, après le sommet de février 2019 au Vatican. Et le Motu Proprio Vos estis lux mundi appelle à la création de ces centres d'accueil et il a dit que c'est la tâche de la Commission de surveiller la mise en œuvre de ce réseau de centres d'accueil, de compassion et de thérapie, qui manque encore dans l'Église.

D'après vos informations, combien de diocèses ont déjà mis en place ces centres d'écoute et combien sont en train de le faire ?

Il est encore trop tôt pour le dire. Le Pape vient de nous donner le mandat et c'est la première fois que la Commission a un engagement formel qui vient de Vos estis lux mundi. Maintenant, la Commission va commencer à travailler.

Vous aurez également besoin de nouveaux fonds pour réaliser ces rapports et ce contrôle que le Pape vous demande...

Nous avons notre budget fourni par le Saint-Siège et il est important que l'Église elle-même fournisse également ces fonds pour le personnel. Nous avons certainement reçu une augmentation de fonds pour notre budget afin d'augmenter le personnel. Je pense que c'est peut-être le seul département de la Curie qui a bénéficié d'une augmentation de son budget...

Nous pouvons donc nous attendre à un nouveau rapport chaque année ?

C'est ce que le Pape nous demande. Je ne sais pas si nous pourrons le faire d'ici décembre cette année, puisque nous sommes déjà en mai. Mais nous devons certainement être clairs avec les dicastères et les conférences épiscopales, et à mon avis, nous devons commencer par les lignes directrices, pour comprendre quelles conférences épiscopales les ont fixées, si elles sont nouvelles ou anciennes, depuis combien d'années elles ont été fixées. C'est un gros travail, mais c'est le travail de la Commission, avec nos experts, qui sont des spécialistes en la matière.

Le Brésil, un pays pilote

A la tribune, le Brésilien Nelson Giovannelli Rosendo Dos Santos a souligné que la Commission lui avait demandé de mettre en place un projet pilote au Brésil pour un centre d'écoute pour les victimes d'abus, comme ceux qui existent déjà dans les pays anglophones et en Italie. «Il est important, explique-t-il, d'offrir aux victimes un espace où elles peuvent être écoutées par l'Église». Dans la "Fazenda da Esperanza" que Giovannelli a fondée il y a 38 ans, un groupe d'amis aide les jeunes à sortir de toute dépendance et marginalisation, «sur les 4 000 jeunes et adultes présents, 50 % ont été victimes d'abus dans la famille ou par des membres de l'Église». Nelson Giovannelli Rosendo Dos Santos travaille également à la création d'un «Conseil des victimes» au Brésil, afin de garantir «que leurs voix soient entendues par les hiérarchies de l'Église». Il n'est pas facile, confie-t-il, de recueillir le témoignage de ceux qui ont été abusés par des personnes à qui ils s'étaient confiés, «c'est une conversion aussi pour moi en tant que membre de l'Église». Aujourd'hui, conclut-il, «le Pape nous a dit que nous avons un mandat pour inciter les conférences épiscopales à mettre en place ces centres d'écoute, et cela me donne le courage de poursuivre le travail».

Juan Carlos Cruz, la voix des survivants

Enfin, Juan Carlos Cruz, du Chili, qui représente les survivants d'abus au sein de la Commission, souligne lui qu'il est important que les médias parlent de cette violence, «car elle n'est pas terminée». Ce qui émerge n'est que la partie émergée de l'iceberg, selon lui. «Il est important que les conférences épiscopales ouvrent des bureaux», explique-t-il, «et nous devons rendre compte au Saint-Siège de ce travail de création des centres». La transparence dans le travail des diocèses est également cruciale. «Les survivants nous demandent où se trouvent leur dossier. Et personne ne répond. Ils ne sont pas des experts en matière juridique. Comment pouvons-nous les aider ? Le silence n'est pas humain et ce n'est pas bien», affirme le laïc.

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29 avril 2022, 18:06