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Entre art et foi : ouverture au public du Palais du Latran

Symbole de la liberté de culte reconnue aux chrétiens par Constantin en 313, cœur battant de la vie de l'Église au Moyen Âge, manifestation du rôle évangélisateur de l'art à la Renaissance et lieu de la signature des accords de 1929 : le palais du Latran dévoile ses trésors au public. Depuis le 13 décembre et sur décision du Pape, il est désormais possible de visiter les dix pièces qui composent les trois mille mètres carrés de l'ancienne résidence de l'évêque de Rome.

Paolo Ondarza - Cité du Vatican

Tapisseries de fabrication française, fresques du XVIe siècle, meubles précieux et œuvres d'art diverses font partie de l'itinéraire que guident, à travers les salles du Palais du Latran, les Sœurs missionnaires de la Révélation divine, engagées dans l'évangélisation par la beauté. «La ville de Rome a toujours été au centre de la vie politique et spirituelle de l'Église», affirme ainsi sœur Rebecca Nazzaro à Vatican News.

La foi et la beauté sont inextricablement liées tout au long de l'histoire du palais construit sur les terres de la famille Laterani et offert au Pape Miltiade Ier par l'empereur Constantin. La première basilique romaine a été construite ici, initialement nommée en l'honneur du Sauveur, puis dédiée aux saints Jean-Baptiste et Jean l’Évangéliste.

Les salles du palais du Latran
Les salles du palais du Latran

Une place pour le patriarcat

«C’est un lieu éloigné du pomerium, des centres de culte et d'administration du monde païen qui a été choisi», explique sœur Nazzaro. À côté de la basilique, siège de l'évêque de Rome, se trouvait sa résidence, son palais royal : le Patriarchium. Au Moyen-Âge, l'Église avait son cœur battant en ce lieu : ici, écrit le cardinal vicaire Angelo De Donatis dans son discours lors de la présentation à la presse de l'ouverture du palais au public, cinq conciles œcuméniques et plusieurs synodes ont été célébrés. Boniface VIII y a annoncé le premier jubilé de l'histoire en 1300. Le Moyen Âge représente la période la plus fastueuse pour le Patriarchium, qui cesse d'être une résidence papale avec l'exil d'Avignon.

Sixte V et le nouveau palais

En 1377, Grégoire XI ramène le siège du Pape à Rome, mais le transfère au Vatican, sur la tombe de l'apôtre Pierre. C'est sous Sixte V, dont le règne n'a duré que cinq ans mais a laissé une profonde empreinte sur le plan social, urbain et économique de la ville éternelle, que l'ancien patriarcat a été démoli en 1589. À sa place, l'architecte Domenico Fontana fut chargé de construire le palais du Latran, qui fut à nouveau utilisé comme résidence et décoré de magnifiques fresques qui se donnent à voir encore aujourd’hui. Les Pontifes ne vivent plus dans ce bâtiment, mais il reste le siège du patriarcat : dès leur élection, tous les Papes ont continué à accomplir l'acte significatif de «prendre possession» du Latran.

La Parole de Dieu est le leitmotiv du programme iconographique des salles du parcours de la visite : de la salle de la Conciliation à celles des prophètes Samuel, Elie et Daniel ; des salles dédiées aux rois David et Salomon, à la salle du Trône ou à la salle de la Gloire dans laquelle le thème des saisons évoque le passage du temps dans lequel l'Église annonce l'Évangile.

Un témoignage de la fin du pouvoir temporel de l'Église réside dans un reliquaire qui conserve le drapeau pontifical descendu du Château Saint-Ange le 21 septembre 1870, le lendemain de la brèche de Porta Pia. Cet édifice, devenu un point de référence pour la vie de la communauté diocésaine, a été le témoin de l'écriture d'intenses pages d'histoire, notamment lors de la signature des Accords du Latran du 11 février 1929.

L'accès au palais du Latran comprend également la visite des quatre pièces sobres de l'appartement privé : «Les papes n'ont pas vécu ici, mais y sont venus en passant, rappelle sœur Nazzaro, et Paul VI a été le dernier pontife à vouloir le reconstruire». L'austérité du lieu, meublé avec des meubles de la Floreria du Vatican, signifie que le Pape est Servus servorum Dei, le serviteur des serviteurs de Dieu.

Table où furent signés les accords du Latran
Table où furent signés les accords du Latran

Un itinéraire spirituel

«Nous avons l'intention de proposer un itinéraire spirituel, pas seulement une visite touristique, mais une expérience d'évangélisation, écrit le cardinal De Donatis. Outre le palais du Latran, le billet d'entrée comprend une visite, également guidée par les Sœurs missionnaires de la Révélation divine, à l'intérieur de la basilique Saint Jean.

«Rome est une ville entourée de beauté, observe sœur Nazzaro. C'est un grand privilège pour nous d'être des instruments d'évangélisation pour proposer aux nouvelles générations une écologie intégrale, comme l'indique le Pape François, qui dans ses différentes dimensions, intègre la place spécifique que l'être humain occupe dans ce monde et ses relations avec la réalité qui l'entoure. La foi produit de la beauté, et la beauté qui s'incarne dans l'histoire nous ramène toujours à quelque chose de plus profond : au désir d'infini qui habite l'âme humaine. La beauté élève notre regard et nous introduit dans le mystère que l'Église préserve. L'art, conclut-elle, est un formidable vecteur d'évangélisation, surtout pour les personnes les plus éloignées

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14 décembre 2021, 09:27