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Vue aérienne sur la salle Paul VI du Vatican. Vue aérienne sur la salle Paul VI du Vatican.  

Naissance de la fondation vaticane "Fratelli tutti", laboratoire du futur

Le cardinal archiprêtre de la basilique saint-Pierre, Mauro Gambetti, explique la genèse d'une structure inspirée de l'encyclique du Pape: elle sera dédiée à la formation des jeunes et à la construction de réseaux et de projets sur l'environnement, la politique, l'économie et les affaires.

Eugenio Bonanata - Cité du Vatican

Éducation et dialogue, art sacré et économie, jeunes et start-ups. C'est le polyèdre de la toute jeune fondation vaticane "Fratelli tutti", annoncé par le cardinal Mauro Gambetti, archiprêtre de la basilique saint-Pierre, vicaire général du Pape pour la Cité du Vatican et président de la Fabrique de saint-Pierre. Pour le cardinal, il y a trois mots clés pour construire l'avenir ensemble: dialogue, rencontre et partage. Ces trois mots clés se reflètent dans la nouvelle institution, qui part de la Fabrique de saint-Pierre pour suivre le chemin tracé par le Pape François en plein style synodal. Après le lancement de l'idée -en marge de la présentation au Sénat italien du livre du père Francesco Occhetta et de Mariella Enoc- le cardinal Gambetti a fourni plus de détails lors d'une interview avec les médias du Vatican. Elle sera opérationnelle début 2022, probablement par des initiatives dans le domaine de l'art sacré. D'autres activités sur le front de la formation, impliquant des personnalités du monde de l'entreprise, des institutions et même de la politique, sont prévues.

Éminence, vous comparez la fondation vaticane Fratelli tutti à un «rêve». Quand ce rêve est-il né?

Il est né à Assise avant que le Pape n'écrive l'encyclique Fratelli tutti; né du désir d’appréhender les problèmes et questions d'actualité dans un esprit de dialogue, de rencontre, de partage, pour essayer de construire l'avenir ensemble.

À certains moments en effet, nous risquons tous d'être submergés, je dirais même emportés, par les vagues de la sphère économique, climatique, politique et sociale. S'il n'y a pas de croissance dans la conscience civique, dans un humanisme ferme, nous serons destinés à la dégradation. Une dégradation de plus en plus préjudiciable aux personnes: si chacun vit dans son propre monde, si l'on ne pense qu'à soi, si l'on se fragmente de plus en plus, si l'on a de plus en plus d'intérêts personnels, le monde devient invivable.

Après Fratelli tutti, qui à mon avis est la vision vers laquelle nous devons tendre globalement, ce désir est passé du rêve, à la vision, à l'idéal. Et maintenant, nous voudrions devenir concrets. Nous allons donc mettre en place cette Fondation et commencer.

La Fondation impliquera d'autres dicastères du Vatican. Comment cela fonctionnera-t-il dans la pratique?  

La Fondation sera composée de diverses entités, dont des entités du Vatican, qui travaillent déjà sur des questions liées à ces grands domaines de la vie humaine. Elle est donc née au Vatican, mais s'ouvre au monde. L'intention est d'impliquer d'autres acteurs de la société civile, du monde des affaires et des institutions pour planifier ensemble certaines des pistes que nous souhaitons mettre en place. Les projets éducatifs s'adressent avant tout à toutes les couches de la population: des jeunes à ceux qui ont aujourd'hui des rôles de responsabilité dans différents secteurs, y compris la politique. Tout cela parce que nous croyons que c'est seulement en se réunissant et en regardant la même question et le même problème sous des angles différents qu'une solution possible peut fleurir et émerger, une direction dans laquelle marcher avec une vision commune et non pas simplement portée par un courant qui peut nous éloigner de l'homme et de l'amour fraternel.

C'est là tout l'intérêt: s'immerger dans la réalité dans laquelle chacun se trouve avec sa propre identité et ses propres pensées, mais le faire avec un esprit constructif afin que quelque chose puisse sortir et être semé à l'intérieur.

Quel pourrait être le premier fruit de cette Fondation?

Nous avons déjà en tête, probablement au début de l'année prochaine, quelques initiatives liées à la combinaison de l'art et de la spiritualité, qui sont les premières et aussi les plus simples à activer. Mais nous pensons aussi à quelque chose sur l'éducation, et il est probable que nous commencerons par les jeunes, bien que cela n'ait pas encore été décidé car nous devons bien l'étudier. Quoi qu'il en soit, l'idée est d'organiser quelques semaines de réunions pour permettre aux gens de se réunir, de partager, de réfléchir à certaines questions et d'essayer ensuite de trouver une nouvelle idée ou une nouvelle approche. Par exemple, si nous pensons aux jeunes, il peut s'agir d'une start-up dans un segment de l'économie, de la mobilité, des questions climatiques et environnementales. Ou encore, si nous nous intéressons au monde de l'entreprise, en réunissant des personnes ayant des rôles de direction ou d'autres rôles importants, nous pourrions nous pencher sur la question des nouveaux modèles de développement.

Considérez-vous également la politique?

Nous pourrions également réfléchir à de nouvelles façons de faire de la politique, qui est peut-être un peu fatiguée ou étouffée par les problèmes qui existent, des problèmes qui sont évidemment réels et qui doivent être traités. Mais parallèlement à cette fatigue, nous devons aussi regarder au-delà, vers l'avenir. Si nous ne nous aidons pas les uns les autres à imaginer l'avenir, ou une société dans laquelle nous souhaitons vivre, et pas seulement voir que les autres la vivent, peut-être la politique en particulier perdra-t-elle une partie de sa vocation.

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21 octobre 2021, 15:09